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Répartition léonine de l'aide alimentaire: Attention à un autre Covid-19 qui pourrait faire mal aux familles les plus pauvres

​Le président de la République, Macky Sall, avait annoncé des mesures sociales pour soutenir les Sénégalais durant cette période de crise causée par le coronavirus. Parmi les mesures prises, il y avait la question cruciale de la distribution des vivres aux familles les plus démunies. A cet effet, il avait promis une enveloppe de 69 milliards pour l’achat de vivres au bénéfice d’un million de ménages éligibles. La liste des familles bénéficiaires a été publiée hier. La répartition créée déjà des frustrations et inquiétudes chez certains Sénégalais. Des avis recueillis par Le Témoin.



Répartition léonine de l'aide alimentaire: Attention à un autre Covid-19 qui pourrait faire mal aux familles les plus pauvres
Les ménages bénéficiaires des vivres « Covid 19 » sont connus. le tableau de répartition de ces vivres a été publié hier mercredi. Dakar, qui s’accapare de la part du lion à cause de l’importance de sa population, verra toutes ses communes prises en compte. Les grandes villes accueillant un monde fou comme Pikine ont le plus grand nombre de bénéficiaires. Suivent grand Yoff, Keur Massar, les Parcelles Assainies où l’on recense respectivement 17.632, 14.130 et 12.889 ménages qui bénéficieront de l’aide alimentaire. même Dakar Plateau, bien que se trouvant au « cœur » de la capitale, aura sa part du gâteau puisque comptant 3065 familles bénéficiaires. même les lieux d’habitation de Dakar auparavant appelés « quartiers chics » vont bénéficier de cette assistance en denrées alimentaires.

A la Sicap 3754 ménages seront soutenus, la commune de Mermoz-Sacré Cœur compte 2459 ménages, Fann Point e Amitié 1653, les Hlm 3006. Les régions se sont partagé le quota restant. Cependant, la grande inquiétude réside sur les bases de données issues certainement de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) sur lesquelles l’Etat s’est basé pour faire le dispatching. Un conseiller municipal de Grand-Yoff pense que des centaines de familles vulnérables seront lésées vu que ces données sur lesquelles le ministère du Développement communautaire s’est basé sont caduques. « S’ils se basent sur les enquêtes de l’Ands, ils feront fausse route dans la mesure où les données ont beaucoup changé. Certaines des familles qui ont été enrôlées afin de bénéficier des bourses de sécurité familiales ont aussi vu leur situation de précarité changer positivement selon les données de la Délégation générale à la solidarité nationale. Beaucoup  de  familles  qui  n’ont  pas bénéficié  des  bourses  sont  pourtant dans la précarité. Il y a aussi  les nouveaux pauvres » que le coronavirus a créés suite à l’arrêt des activités de certains pères et mères de famille. Des dizaines de milliers de familles très vulnérables seront laissées en rade », a-t-il expliqué.

C’est dans le même sillage qu’abonde le journaliste du « Soleil », spécialiste en économie, Abdou Diaw tout en soulignant que l’Etat ne pouvait que se référer aux données de l’Ansd.

Les données de l’ANSD incontournables
« Il  y  aura  certainement  des manquements dans les critères de sélection. Mais je pense que l’Etat ne  pouvait  que  se  référer  aux bases de données de l’Ansd,  l’institution publique de référence  habilitée à produire des statistiques, pour  trier  les  potentiels  bénéficiaires.  Le  bémol,  les  données (nombre de ménages) mises à la disposition de l’Etat sont-elles actualisées ? Comment elles ont été définies ? Autant d’interrogations qui peuvent être légitimement posées par tout citoyen », estime-t-il.

Le confrère du quotidien de Hann M. Diaw souligne que « Vu l’urgence  du  moment,  l’Etat  n’avait pas de choix que de se baser sur l’existant,  bien  sûr,  en  matière d’échantillonnage  il  y  aura  toujours  une  marge  d’erreurs  et d’omissions  à  prendre  en compte ». Pour éviter de voir des familles vulnérables omises, Abdou Diaw préconise si possible à une distribution à deux niveaux. « Je ne sais pas si l’Etat a pris des dispositions  au  cas  où  des  ménages ne seront pas servis. Mais, à mon  avis,  l’une  des  solutions d’abord,  si  après  avoir  effectué cette première phase de distribution, il serait bien de faire une évaluation  pour  voir  s’il  y  a  eu  des poches  qui  n’ont  pas  été  servies pour pouvoir faire une seconde distribution.  Ce  qui  ne  sera  pas  du tout facile parce que cela demande beaucoup de moyens logistiques. On peut envisager le scénario en faisant  la  distribution  en  deux phases. La première consistera à couvrir les ménages qui ont été sélectionnés et, avant d’entamer la deuxième phase, voir s’il y a des ménages qui n’ont pas reçu. Après, faire la seconde distribution pour faire un maillage total du nombre qui a été préalablement fixé. C’est une solution envisageable mais qui sera très difficile au plan financier et matériel. Je le répète comme je l’ai dit tout à l’heure, l’Etat ne peut que se référer aux statistiques des institutions habilitées dont l’Ansd pour faire la distribution. Certains avaient préconisé les abonnés des différents opérateurs de téléphonie mais cela pose problème parce qu’une personne se retrouve avec 3 à 4 puces. Ça peut biaiser le travail.  Donc,  je  ne  pense  pas  que cette approche soit fiable », a développé Abdou Diaw en précisant si l’Etat a vraiment utilisé les chiffres de l’Ansd.

Un autre confrère du quotidien national, Mmamadou Oumar Kamara, souligne que le gouvernement risquerait fort de se tromper vu la mobilité des gens à Dakar. « Je pense qu’ils  (les gens du gouvernement, ndlr) veulent bien  faire,  mais  ne  s’y  prennent pas  du  bon  bout.  Rien  qu’à  voir comment ils ont fait le dispatching de Dakar, on suppose un problème. Ils  se  basent  sur  des  statistiques qui sont obsolètes sur une durée très courte. Pour Dakar, avec son grand nombre de logements locatifs, beaucoup de personnes changent de résidence ou de domicile tous les ans ou tous les six mois. D’autres moins ... Dans les régions, c’est plus ou moins complexe. La configuration des bourgs, autant au  niveau  géo-administratif  que social, présage bien des nébuleuses. Il reste vrai que la situation sonne l’urgence, mais si les autorités s’y prennent du mauvais bout, c’est le sentiment de l’injustice sociale qui va s’inviter. Et c’est un autre virus bien malin », a-t-il averti.

Un autre résident des Hlm, y allant d’un humour corrosif, pense que cette distribution ressemble fort au partage d’un butin électoral…

Le Témoin


Jeudi 9 Avril 2020 - 12:28


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