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Subordination des institutions à l’exécutif et instrumentalisation du religieux



Subordination  des institutions à l’exécutif et instrumentalisation du  religieux
Profitant de l’euphorie des Sénégalais face à l’alternance de 2000, Wade assène un coup au dos de la population sénégalaise qui lui a fait confiance en s’offrant à lui pieds et mains liés. En effet, comme ses prédécesseurs Senghor et Diouf, il se taille un régime présidentiel symbolique de son ambition. Seulement si Senghor se défait du pouvoir parlementaire et du Président du conseil Mamadou Dia en instaurant un régime présidentialiste fort, en 1963, à la suite de la crise avec ce dernier et qu’Abdou Diouf à son tour, arrivé au pouvoir en 1981, emboîte le pas à son mentor, Abdoulaye Wade dépasse l’un et l’autre non pas par les pleins pouvoirs issus du référendum qui a vu l’onction du peuple par la constitution du 22 janvier 2001, mais par la manière de la tripatouiller et son aisance en tant que Président chef de parti politique à se confondre avec l’Etat et les appareils d’Etat.

De fait, le PDS semble se substituer à l’Etat. Partant, des moyens de l’Etat devenu lui-même otage, sont versés à la solde des acolytes politiciens et même à certains étrangers qu’on a voulu embaumer par le concept de la « Téranga ». Les exemples ne manquent pas : la valise d’Alex Ségura, le mouvement ostentatoire avec la foule mécanique des cars « ndiaga ndiaye » du 23 juillet 2011, la perpétuelle campagne en violation flagrante du code électoral dont on ne parle plus, vu la banalisation des règles du jeu etc.

Le peuple Sénégalais imbu de valeurs telles que la confiance, le respect de la parole donnée cher à nos ancêtres, n’avait pas mesuré combien le politicien du genre « wakh wakête », prompt à se renier, a fait sien cet art dont toute la moralité et l’éthique reposent sur la fin ; comme quoi la fin justifie les moyens, « apprendre l’art de vaincre sans avoir raison »au détriment des vertus du peuple diallobé dont nous sommes tous légats.

Au demeurant, le pouvoir en place, sous le prétexte de la légalité et de la légitimité que lui a conférées le peuple, s’autorise tout et tombe dans l’abus. Et comme on l’observe tous les jours, l’exécutif imprime sa marque sur le pouvoir législatif et sur le pouvoir judiciaire. En outre, la composition de nos deux chambres parlementaires (l’Assemblée Nationale et le Sénat) n’honore pas la démocratie sénégalaise. Avec un groupe parlementaire hyper majoritaire dans les deux cas, il est une tare que 65 sénateurs sur 100 soient nommés par le Président de la République. Ici comme là, la faiblesse des institutions menace la volonté du peuple et altère ses aspirations.
On se rappelle la loi Ezzan du 7 janvier 2005. Loi votée par l’Assemblée Nationale pour l’amnistie des présumés meurtriers de maître Babacar Sèye, assassiné en mai 1993 alors qu’il était vice-président du conseil constitutionnel. On se rappelle 2008 avec la loi Sada Ndiaye portant sur la réduction du mandat du Président de l’Assemblée Nationale à un an uniquement pour éjecter un indésirable. On se souvient de l’article 27 de la constitution dont la saignée continue encore d’impacter sur la vie politique nationale,…et récemment le ticket du 23 juin dernier qui a entrainé un malaise général parce que le peuple n’est pas sûr de son institution parlementaire régulièrement instrument de l’exécutif et véritable ogre des citoyens.

D’autre part, le pouvoir judiciaire, malgré la qualité de nos juges et de nos magistrats, reste de trop subordonné aux caprices et aux intérêts de l’exécutif en place qui semblerait les faire, les défaire et les orienter quelquefois. Combien de crimes, d’assassinats impunis depuis l’alternance ? Balla Gaye (Université, le 31 janvier 2001), Abdoulaye Wade Yengou (le 14 juillet 2010), Mamadou Cissokho (Kédougou en 2008), Malick Ba (Sangalkam le 30 mai 2011), l’affaire Kara Thioun et Kambel…Combien de dossiers nébuleux aux allures de provocations ? Les déboires de l’ANOCI, les chantiers de Thiès, l’acharnement contre Bara Tall et récemment l’agression sauvage contre Alioune Tine dont on attend le dénouement de l’enquête. Ça suffit car l’impunité des criminelles apparaît comme un encouragement à la violence.

Aussi, aujourd’hui si la candidature de Wade suscite autant de débats, c’est en partie parce que la configuration et le mode de composition des membres du conseil constitutionnel cause problème : ils sont nommés par le Président de la République. C’est pourquoi, quelle que soit leur qualité, ils pourraient s’incliner vers un compromettant devoir de reconnaissance envers celui qui les a nommés au détriment de l’esprit de l’institution. A ce titre, l’exemple du Niger et de la Côte d’Ivoire devrait servir de leçon.

Dès lors, la raison et l’intérêt suprême de la nation commandent que les cinq sages du conseil constitutionnel se prononcent avant même le dépôt de la candidature de Wade. Sur ce point, Wade, le principal concerné, doit renoncer à sa candidature pour apaiser le climat social dans la mesure où sa candidature n’est pas recevable. Il n’a pas droit à un troisième mandat. C’est lui-même qui l’avait dit en mars 2007.

Par ailleurs, face aux insuffisances notées ça et là, la nécessité d’une restructuration de nos institutions s’impose à tous les niveaux afin qu’elles soient fortes. Obama a raison quand il dit que « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais d’institutions fortes. »

Force des institutions religieuses, c’est aussi, ce qu’il nous faut dans leur rôle d’assainir les mœurs des politiciens. Et elles ne seront fortes et n’emporteront l’adhésion populaire de ce Sénégal de 2011 où on note une nouvelle génération de jeunes animés d’une nouvelle conscience citoyenne qu’en restant équidistants des chapelles politiques. Au mieux, les institutions religieuses ont le devoir de se prononcer sur les questions chaudes de l’actualité nationale afin d’assumer leur fonction de régulateur social à l’instar des prises de positions courageuses de Cheikh Ahmadou Bamba face aux colons, de Mame Abdou Aziz SY … j’en passe, quand l’intérêt suprême de la nation les interpelle.

Ceci dit, lorsqu’il naît une rupture de confiance entre le gouvernant et les gouvernés et que le meilleur choix qui s’impose est de rendre au peuple sa souveraineté, il n’est pas question de confisquer la volonté populaire en comptant sur des porteurs de voix souvent instrumentalisés à outrance. Pour rappel, ce n’est pas un hasard si la France opte pour la laïcité depuis le 9 décembre 1905 pour la séparation des Eglises et de l’Etat, sur proposition du député Aristide Briand et que le Sénégal a introduit dans sa constitution. Ce n’est pas non plus un hasard si la France rompt avec le concordat depuis 1801. C’est en réalité parce qu’elle a très tôt mesuré les dangers du « césaropapisme » synonyme chez nous d’instrumentalisation religieuse.

Depuis l’alternance, on a parfois entendu des écarts de langage de certains militants fanatiques du PDS ou tout simplement ceux qui s’accrochent à leurs privilèges allant jusqu’à soutenir que « Gorgui yalla mo ko fi tekk ». Littéralement cette conception ne serait pas loin d’un pouvoir divin transmis à un homme ou encore une « théocratie », voire une monarchie en action. Que sais-je ? Dès lors, le peuple n’est pas pris en compte et cette vision est dangereuse. Et c’est sans doute ce qui expliquerait toutes les dispositions tendant à promouvoir une famille et une seule. Nos religieux ont le devoir de le comprendre pour eux-mêmes et pour l’amour du peuple : le politicien veut assouvir ses appétits dominateurs.

A cet égard, le pouvoir spirituel qu’il méprise en réalité lui a souvent servi de tremplin pour arriver à ses fins. Toutefois, il est aussi heureux que dès que le pouvoir temporel s’écarte du droit chemin, nos guides religieux, très en alertes, prennent leur distance. Le Sénégal demeure un cas particulier dans la configuration du champ religieux incarné par des familles presque toutes apparentées. En cela, les calculs politiciens de certains énergumènes du pouvoir temporel n’ont pas réussi aujourd’hui à corrompre l’unité de nos dignitaires religieux qui réfutent tout sectarisme partisan.

Nos chefs coutumiers, nos chefs de villages et nos chefs religieux sont désormais à l’écoute des populations. L’opportunisme des pouvoirs temporels et l’avidité des politiciens sans code de conduite louable ne doit nullement désacraliser les valeurs fortes portées par nos guides religieux, terreau de tous les fils de la nation qui retrouvent en eux la spiritualité qui guide les actions de chaque fils de la nation qui cependant reste libre dans ses choix politiques et quant à celui pour qui il faut voter. De même, les guides religieux tout en refusant toute séduction, doivent constituer le ciment de la nation en aidant à rétablir la morale et à encourager les politiques pour la restauration de l’éthique en politique.

La visite des forces vives de la nation le samedi 6 août 2011, dans la capitale du mouridisme, se veut à ce titre comme une cure de jouvence mettant fin aux démarches instrumentalistes. Laquelle doit substituer au discours de façade ; propagande électorale avant l’heure, une parole légitime, celle du peuple confondu aux talibés mourides, tidianes, niassènes, layènes et aux croyants chrétiens…qui tous, à l’image du Sénégalais lamda sont soumis aux rigueurs d’un régime finissant qui plombe le pays dans l’obscurité des coupures de courant, la flambée des prix des denrées de première nécessité, l’équation des inondations dans la banlieue, les bateaux étrangers pillant à vile prix nos ressources halieutiques, le sous emploi des jeunes pendant que des privilégiés du pouvoir gaspillent les biens du contribuable et tentent de se pérenniser au pouvoir.

Pour terminer, que Cheikh Guèye comprenne une chose : les Sénégalais qui remplissent les conditions ont le droit et le devoir de voter. Raison pour laquelle la prolongation des inscriptions sur les listes électorales est un impératif.

Moussa CAMARA
Secrétaire Administratif National du PPA /S
Coordonnateur Régional de Tambacounda,
Membre du M23.


Jeudi 18 Août 2011 - 11:24


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