Connectez-vous S'inscrire
PRESSAFRIK.COM , L'info dans toute sa diversité (Liberté - Professionnalisme - Crédibilité)

Surveillance environnementale, un laboratoire inédit au port de Cotonou

C’est une innovation unique en son genre en Afrique de l’Ouest, le Port Autonome de Cotonou s’est doté d’une plateforme de surveillance environnementale, fruit d’une collaboration entre le port et l’Université d’Abomey-Calavi, l’IRD (l’Institut de recherche et de développement) français et la coopération belge. Le but, surveiller les virus et espèces invasives entrant et sortant du port.



« Vous êtes précisément au niveau des locaux de la plateforme portuaire de surveillance environnementale qui s’occupe des invasions biologiques… » : Sylvestre Badou est diplômé de l’université d’Abomey-Calavi. Avec une poignée d’autres jeunes scientifiques béninois, il passe ses journées à traquer les populations qui vivent cachées dans les entrepôts du port de Cotonou, dans les cales des navires et les eaux de ballast. Leurs cibles : les insectes, les virus et les rongeurs…
 
« Les ports sont des portes d’entrée pour ces espèces qui sont véhiculées à travers les échanges commerciaux., explique Sylvestre Badou. Notre but, c’est à la fois de pouvoir prévenir, mais aussi protéger les acteurs portuaires, parce qu’à partir du moment où les rongeurs arrivent à entrer dans le port de Cotonou, ils sont susceptibles de se disséminer dans la ville, et pourquoi pas même jusque dans les pays de l’hinterland qui utilisent le port de Cotonou comme port de transit. »
 
Fonctionnel depuis 2021, le laboratoire a déjà détecté un virus de fièvre hémorragique d’origine vietnamienne, retrouvé sur un rongeur capturé dans les entrepôts. Les succès de cette plateforme de surveillance sont à mettre au crédit de l’université d’Abomey-Calavi, et aussi de ses partenaires, l’IRD, la coopération scientifique française, et l’Enabel, la coopération technique belge qui a financé le projet. Paul-Henri Dossou, lui aussi scientifique, s’occupe des bases de données du laboratoire.
 
« Le Bénin est l’un des premiers pays en Afrique à s’être doté d’un tel bijou, affirme Paul-Henri Dossou. D’après ce que je sais, en Occident, la plupart des travaux sont sous-traités par des laboratoires extérieurs qui ne dépendent pas des ports ou de la fonction publique. Et l’on espère faire "cas d’école" et que d’autres pays en Afrique puissent nous emboiter le pas »
 
Doté d’équipements de pointe, la plateforme permet d’analyser les génomes des rongeurs, notamment ce qui renforce les moyens de lutte contre leur prolifération.
 
« À partir de nos analyses génétiques, si j’ai deux entrepôts, je peux savoir s’ils échangent entre eux des individus, explique Sylvestre Badou. De telle sorte que je peux conseiller aux autorités portuaires de faire les dératisations de façon simultanée. Ces analyses me permettent aussi d’aller plus loin, et de surveiller la résistance des rongeurs aux anticoagulants qui sont utilisés au niveau du port. Et à partir de là, je suis en mesure de proposer de nouvelles molécules qui permettront de réguler la population de rongeurs. »
 
Ce laboratoire sert à protéger non seulement les travailleurs du port et l’ensemble du pays contre les virus et les espèces invasives, il protège aussi les partenaires commerciaux du Bénin, car la surveillance vise en outre à prévenir la dissémination des maladies locales vers d’autres continents.

RFI

Mardi 9 Août 2022 - 09:27


div id="taboola-below-article-thumbnails">

Nouveau commentaire :
Facebook Twitter