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Suspension de WalfTV : les acteurs des médias réclament la dissolution du CNRA

Au Sénégal, la liberté de la presse est remise en question depuis un certain temps. Des arrestations, menaces, attaques, intimidations ou bavures policières. Tels sont les sévices que vivent des journalistes sénégalais sur le terrain. Et la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est la suspension pour sept (7) jours, de la diffusion des programmes de la télévision Walftv, vendredi dernier, aux motifs qu’elle « a versé, dans une couverture irresponsable des manifestations à Mbacké en diffusant en boucle des images de violences, accompagnées de propos dangereux de la part des reporters. Depuis, des voix se sont levées pour dénoncer cette violation que subit la presse. Mais aussi, certains acteurs des médias en ont profité pour s’interroger sur la commercialisation de l’information. Dès lors, des questions se posent sur d’abord, est-ce que le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) a toujours un pouvoir à exercer sur les médias? Ensuite, doit-on commercialiser l’information? Et enfin, où se situe la responsabilité du journaliste dans la diffusion de l'information ? Autant de questions que des acteurs des médias tentent de répondre sur PressAfrik.



Le vendredi dernier, des échauffourées ont eu lieu dans le département de Mbacké. Des présumés militants d’Ousmane Sonko ont fait face aux forces de l’ordre suite au meeting interdit du leader de Pastef. Les manifestations qui avaient pris une proportion violente, ont été transmises en direct sur la télévision Walftv. Après deux appels téléphoniques de Babacar Diagne, président du Cnra, leur demandant de mettre fin à leur transmission en direct en vain, celui-ci est passé à la vitesse supérieur. Il a coupé le signal de la télévision et ce pour une semaine. Une décision qui a provoqué la colère des professionnels des médias. 

Face à cette « violation de la liberté de la presse », les acteurs des médias se sont érigés en bouclier pour fustiger l'acte de Babacar Diagne. Dans une publication via sa page Facebook, le Secrétaire général du Syndicat des Professionnels de l'Information et de la Communication du Sénégal (Synpics) a fustigé cette attitude du Cnra qui, selon lui, est la « meilleure illustration de son obsolescence ».

Bamba Kassé en a profité pour réitérer l'appel lancé depuis mars 2021 par la Coordination des associations de presse (Cap) à savoir la dissolution du Cnra . En effet, les acteurs des médias considèrent le Cnra comme étant "dépassé" et par conséquent, ils demandent à l'Etat de le remplacer par la Haute autorité de régulation de la communication audiovisuelle (Harca), dont le projet de loi est disponible depuis 2027. 

"Une régulation qui s'impose à tous, qui soit juste, qui veille à ce que les journalistes et techniciens soient traités en professionnels par leurs employeurs dont la plupart sont des délinquants. On ne veut plus d"esclaves" précarisés à la recherche de "Perdiums et Transports" comme compléments de salaire. On veut des journalistes dignes, courageux, la tête pleine et qui informent d'abord et seulement. Qui commentent ensuite si ça leur chante. La régulation c'est la Loi, dans son entièreté et dans sa rigueur, opposable à tous, public comme privé ! Ou la Jungle", a-t-il écrit. .

Le journaliste et spécialiste des médias et de la communication, Hamadou Tidiane Sy, qui a aussi réagi à la suspension de la Wafltv, a tenu à rappeler l'essence de l'information. "Le droit du public à l'information est reconnu par la constitution sénégalaise. Il ne faut jamais l'oublier. C'est la liberté de presse qui permet d'accéder à ce droit", a-t-il déclaré via sa page Facebook.

Pour M. Sy, "le CNRA ne peut se mettre à dos ceux qu'il est censé "servir" : les organes de presse, et par ricochet les populations à qui ces organes fournissent de l'information".

L'homme de média a rappelé que  :"Le traitement médiatique de certains sujets (violence, propos haineux, vie privée, etc.) a toujours constitué un casse-tête pour les journalistes sérieux dans les rédactions sérieuses. Avec en arrière plan une question de taille : où s'arrête le droit d'informer et où commence la censure. La censure, l'ennemi numéro 1 de la liberté de presse".

Réagissant à la décision de Babacar Diagne, le Président directeur général (Pdg) du groupe Fadjri, Cheikh Niass a révélé que son média a été payé par Pastef pour couvrir les évènements de Mbacké. Et que « cette transmission est commerciale ».

 

"il faut défendre la liberté de la presse, autant il faut refuser la marchandisation de l'info"

Cette révélation du Pdg de Walfadjri a fait changer à Hamadou Tidiane Sy la position qu'il a eue sur ce sujet. Selon lui, "il faut défendre la liberté de la presse, autant il faut refuser la marchandisation de l'info". 

"L'explication du D.G de Walf (si l'extrait vidéo que j'ai vu est authentique) me ramène à revoir ma position, exprimée dans un post antérieur, sur le sujet. Autant, il faut défendre la liberté de la presse, autant il faut refuser la marchandisation de l'info. Vous me direz que je rêve. Oui, j'ai toujours été un rêveur", s'est-il rectifié. 

 

​Le président de l’Association des professionnels de la presse en ligne (Appel) et membre de la Cap, a vigoureusement dénoncé la sanction du Cnra qu'il juge "excessif". Dans une interview avec PressAfrik, Ibrahima Lissa Faye, persiste et signe que WalfTv n’a commis aucune faute. « Tout organe a le droit de diffusion des manifestations. Les Sénégalais ont le droit d’être informés ». 

Evoquant les arrestations arbitraires des reporters, le patron de presse a fait savoir que "dans les assises de la presse que nous préparons , il y a le volet sécurité qui va travailler que sur ça". 
 

Aminata Diouf

Samedi 18 Février 2023 - 15:00


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