Connectez-vous S'inscrire
PRESSAFRIK.COM , L'info dans toute sa diversité (Liberté - Professionnalisme - Crédibilité)

Une partie de la classe politique bissau-guinéenne accepte de collaborer avec les putschistes

Des partis de l'opposition bissau-guinéenne se sont retrouvés ce week-end afin de mettre au point une sortie de crise. Ils ont accepté de collaborer avec les militaires, auteurs du putsch de la semaine passée. Ce 16 avril 2012, ils doivent décider, ensemble, de la composition du conseil de transition qui devrait permettre le retour à un ordre constitutionnel. Une mission de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) doit arriver aujourd'hui à Bissau.



Le porte-parole des partis de l'opposition, Fernando Vaz, le 15 avril 2012 à Bissau. AFP PHOTO/ SEYLLOU
Le porte-parole des partis de l'opposition, Fernando Vaz, le 15 avril 2012 à Bissau. AFP PHOTO/ SEYLLOU
Ils ont travaillé pendant deux jours. Samedi, entre eux, à l’Assemblée, puis hier, dimanche, au Club sportif de l’armée avec la hiérarchie militaire.

Les partis politiques qui ont accepté de coopérer avec l’état-major pour mettre en place une transition après le coup de force de jeudi 12 avril se sont finalement exprimés hier, en fin d’après-midi, par la voix de leur porte-parole, Fernando Vaz.

« Nous avons créé ici un Conseil national de transition, ce qui implique la dissolution de toutes les institutions et la suspension de la Constitution de la République. Nous avons également créé une commission diplomatique qui va recevoir demain la Commission de la Cédéao, venue effectuer une mission pour parler de la situation de crise que nous vivons, et une autre commission, sociale, chargée de l'accompagnement et de la gestion des affaires urgentes comme l'eau et l'électricité ».

La taille, la composition de ce Conseil national de transition et la durée de son mandat doivent être discutées au cours d’une nouvelle réunion avec le commandement militaire aujourd’hui.

Cette formule ne fait pourtant pas l’unanimité au sein de la classe politique. « Je regrette qu’on soit allé chercher une solution à cette crise en dehors de la Constitution bissau-guinéenne », déplore par exemple un homme politique. C’est ouvrir la porte à beaucoup de choses ».

Opération « Séduction »

Une mission de la Commission de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) doit venir aujourd'hui lundi à Bissau. L'état-major bissau-guinéen semble avoir bien compris l'enjeu des condamnations internationales et essaie de convaincre depuis deux jours du bien-fondé de son intervention.

Depuis que les militaires bissau-guinéens ont réussi à neutraliser l’homme qui les gênait, le Premier ministre Carlos Gomes Junior, depuis qu’ils ont réussi à contrecarrer sa probable élection au poste de président, l’état-major tente de rendre cette nouvelle intervention de l’armée dans la vie politique bissau-guinéenne plus présentable.

Samedi, dans son communiqué n°7, la hiérarchie militaire s’est efforcée de tenir un langage de séduction vis-à-vis des politiques et de la communauté internationale. Elle a affirmé qu’elle faisait de gros efforts pour créer les conditions d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel, et déclaré qu’elle voulait aider à relancer la réforme des secteurs de la défense et de la sécurité. Tout comme elle souhaite en finir avec la culture chronique de l’impunité.

Au cours du week-end, les militaires ont donc obtenu le soutien de certains partis bissau-guinéens qui ont tenté de donner un peu de légitimité politique au coup de force. L’armée bissau-guinéenne peut-elle, de cette manière, réussir à amadouer la communauté internationale ? On peut en douter, au vu du ton employé dans les communiqués de condamnation de ces derniers jours.

EXTRAIT DU COMMUNIQUÉ DE LA CÉDÉAO DU 13 AVRIL 2012
La Commission de la CEDEAO dénonce avec la plus grande énergie cette dernière incursion de militaires dans la vie politique du pays et condamne sans réserve cet acte irresponsable, qui est révélateur d’une volonté manifeste de maintenir la Guinée Bissau dans un état de déliquescence. La CEDEAO exige le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel pour permettre la poursuite du processus électoral en cours jusqu’à son terme. Cet acte flagrant de défiance vis-à-vis du principe de « tolérance zéro » de la Communauté pour la prise du pouvoir par des moyens inconstitutionnels, tel qu’inscrit dans le Protocole additionnel sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance, ne saurait rester impuni car en franchissant ce pas, les militaires ont délibérément et en toute connaissance de cause placé la Guinée Bissau au ban de la Communauté de la CEDEAO.
Source: RFI


Lundi 16 Avril 2012 - 09:38


div id="taboola-below-article-thumbnails">

Nouveau commentaire :
Facebook Twitter