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Une passion : le basket comme code d'honneur

Le matin de son triomphe dans les primaires de l'Iowa, le 3 janvier, Barack Obama a disputé, avec son équipe de campagne, une petite partie de basket-ball. Une simple coquetterie de communication, destinée à montrer son allant, à l'heure où les hommes politiques aiment s'afficher sportifs ? Mauvais procès : l'attachement du sénateur de l'Illinois au basket-ball remonte à loin. "Il ne savait pas qui il était avant de découvrir cette discipline, explique son beau-frère et ami, Craig Robinson, entraîneur de l'équipe de basket de l'université de Brown. C'est là qu'il a rencontré des Noirs pour la première fois."



Une passion : le basket comme code d'honneur
Son emploi du temps surchargé ne lui a guère laissé le loisir, ces dernières semaines, d'user ses semelles sur les playgrounds. Pourtant, adolescent, et même adulte, cette activité a façonné l'homme et le politique.

Métis, né à Hawaï d'une mère blanche et d'un père kényan, Barack Obama a passé ses premières années coupé de ses racines noires, à la suite de la rupture entre ses parents, alors qu'il avait 2 ans. A l'âge de 10 ans, revenu à Hawaï après quatre ans en Indonésie, il a reçu la visite de son père, qu'il n'avait plus revu depuis huit ans. En cette année 1971, ce quasi-inconnu lui a offert, pour Noël, un ballon orange qui allait changer sa vie. Grâce au basket-ball, sport fétiche des Noirs américains, Barack Obama a pu se faire ses premiers amis, s'émanciper, intégrer une communauté répondant à des codes d'honneur spécifiques.

Dans son premier livre autobiographique, Dreams from my Father (Rêves de mon père), il raconte comment "ces hommes noirs (lui) ont enseigné la notion de respect et à ne pas afficher (ses) émotions, comme la peur ou la souffrance". "Ils m'ont appris, dit-il, cette unité toute particulière se dégageant lors des fins de matches serrées."

Une vidéo de 1979, à l'image de mauvaise qualité, le montre, minicoupe afro au vent, vêtu du maillot numéro 23, concluant une action pour l'équipe du lycée de Punahou. A cette époque, le futur président des Etats-Unis se faisait encore appeler "Barry", un surnom passe-partout, qui lui a permis, plus jeune, d'éviter les questions énervantes sur ses origines.

PARFOIS PHYSIQUE ET ACCROCHEUR

Le basket a également permis de rassurer sa future femme, Michelle. Originaire d'une famille de Chicago croyant que le basket révèle le caractère d'une personne, quand sa relation avec Barack est devenue sérieuse, elle a demandé à son frère, ancien joueur professionnel, de mesurer le mordant de son prétendant. "Le basket de rue est un jeu où l'honneur est important, analyse Craig Robinson. Il n'y a pas d'arbitres, donc tout dépend de ton honnêteté. Si tu perds, essayes-tu de déconcentrer ton adversaire en lui parlant, ou en trichant ? Tout ce que tu fais sur le terrain permet de découvrir quel genre de personne tu es vraiment dans la vie."

Star de l'université de Princeton au début des années 1980, Craig Robinson a donc emmené Barack Obama sur un terrain afin de jouer avec certains de ses amis. Il a rapidement été conquis. Le natif d'Honolulu était confiant, adepte de bons mots, parfois moqueur, mais nullement arrogant. A la fin de l'après-midi, il avait passé son test avec succès.

Le 17 décembre 2007, en pleine campagne dans l'Iowa, Barack Obama, âgé de 46 ans, a accepté avec enthousiasme de se mesurer, en un contre un, à Scott Price, de l'hebdomadaire sportif Sports Illustrated. "Je sais que les politiciens veulent toujours offrir un visage différent au public, je ne suis pas naïf, explique en riant Scott Price. Mais quand je l'ai appelé, c'était un peu comme si je contactais un pote pour lui proposer d'aller jouer au basket. Il était marrant, spontané, il ne s'est pas soucié du "qu'en-dira-t-on". Pour lui, c'était enfin l'opportunité de faire quelque chose de relaxant." Barack Obama, impitoyable, a battu le journaliste.

Dans les clubs sportifs de Chicago, le sénateur de l'Illinois s'est bâti au fil des années une solide réputation. Gentleman, il peut toutefois être physique, agripper les maillots et donner un coup de coude pour prendre position dans la raquette. "Il trouve toujours un moyen de gagner", constate un ami proche, Martin Nesbitt, sur la chaîne ABC.

C'est aussi sur les parquets que Barack Obama s'est constitué ses plus précieux alliés et donateurs. Au sein de son équipe actuelle, on retrouve des banquiers, des financiers, des politiciens et des hommes d'affaires influents de l'Illinois rencontrés dans les années 1990, en short et en chaussures de sport, transpirant lors d'intenses joutes physiques.


Article paru dans Le Monde du 9 janvier.

mansour dieye

Mercredi 5 Novembre 2008 - 12:44


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