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Charlie Hebdo: des questions et une piste, le Yémen

Après le dénouement de la traque des preneurs d'otages à Paris et Dammartin-en-Goële, vendredi 9 janvier, les enquêteurs travaillent sur différentes pistes qui s'offrent désormais à eux. Parmi elles : les liens potentiellement tissés par les frères Kouachi avec le Yémen, et plus précisément avec al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa). Dans une vidéo postée vendredi 9 janvier 2015, l'un des leaders de ce groupe, Harath al-Nazari, menace la France.



Réunion de crise vendredi soir à l'Elysée autour de François Hollande (D): Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur (G), Manuel Valls, Premier ministre (C) et Christiane Taubira, ministre de la Justice (de dos). REUTERS/Philippe Wojazer
Réunion de crise vendredi soir à l'Elysée autour de François Hollande (D): Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur (G), Manuel Valls, Premier ministre (C) et Christiane Taubira, ministre de la Justice (de dos). REUTERS/Philippe Wojazer

A peine le traumatisme des trois derniers jours passé, il convient désormais de chercher d'éventuels complices concernant les attentats survenus sur le sol français, voire des commanditaires concernant surtout le massacre de l'équipe de Charlie Hebdo. « L’enquête va devoir s’attacher à déterminer les éventuelles complicités dont ont pu bénéficier (les frères Kouachi, NDLR), explique le procureur de Paris François Molins. Elle va devoir s’attacher à déterminer le financement de ces actions criminelles, la provenance de ces armes et toutes ces instructions ou l’assistance dont ils auraient pu bénéficier en France, à l’étranger et éventuellement aussi au Yémen. »

Les frères Kouachi se revendiquent en effet d'al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa). François Molins confirme que Chérif Kouachi avait  effectué un séjour au Yémen en 2011. Chérif Kouachi lui-même l'avait affirmé dans un échange téléphonique avec un journaliste de la chaîne de télévision française BFM vendredi matin, quelques heures avant sa mort : « J'ai été envoyé, moi, Chérif Kouachi, par al-Qaïda au Yémen. Je suis parti là-bas, et c'est le cheikh Anouar al-Awlaki qui m'a financé. » Selon Le Monde, Saïd aurait lui aussi séjourné au Yémen, « plus longuement », en 2011 également.

Anouar al-Awlaki, un précurseur du jihad 2.0

 

Prédicateur américain d'ascendance yéménite, grande figure d'Aqpa dont il est considéré comme l'idéologue en chef, Anouar al-Awlaki a été tué par une frappe de drone en septembre 2011.

Il effectuait un gros travail de diffusion des thèses de l'organisation terroriste sur Internet. Il s'agit même d'un précurseur en la matière, puisqu'il a encouragé les jihadistes de la génération actuelle à investir massivement les réseaux sociaux et qu'il fut aussi à l'initiative du premier message vidéo diffusé en anglais californien.

Le magazine d'Aqpa en langue anglaise, Inspire, avait inscrit le directeur de la publication deCharlie Hebdo, Stéphane Charbonnier dit Charb (décédé mercredi), sur une liste de personnes à abattre. Anouar al-Awlaki appelait lui-même à attaquer l'hebdomadaire, et a eu par le passé un rôle important dans un certain nombre d’attentats dont celui de la base de Fort Wood, aux Etats-Unis. Il a eu une influence non négligeable sur le Nigérian Omar Farouk, fils d’un ex-ministre banquier milliardaire qui avait tenté de faire exploser un vol entre les Pays-Bas et les Etats-Unis.

Quand Aqpa menace à nouveau la France

Vendredi, le porte-parole de l’ambassade yéménite à Washington a annoncé que son gouvernement allait lancer une enquête complète pour établir les liens entre tous les protagonistes. Selon les témoins, les deux frères se sont revendiqués d’Aqpa dès l'attaque au siège de Charlie Hebdo, puis à nouveau le lendemain matin.

Si l’organisation terroriste n’a formellement revendiqué aucune des attaques survenues sur le sol français, l'un de ses leaders, à savoir Harath al-Nazari, s'est exprimé dans une vidéo diffusée vendredi en fin de journée, après la mort des frères Kouachi, et authentifiée par le site américain de surveillance des médias jihadistes SITE.

Dans son message, il ne mentionne pas explicitement les faits survenus en France mais déclare à l'adresse des Français : « Vous ne serez pas en sécurité tant que vous combattez Allah, son messager et les croyants. » Et d'affirmer que « des soldats qui adorent Allah et ses messagers sont venus parmi vous. Ils ne craignent pas la mort, ils cherchent le martyre au nom d’Allah. »

Le Yémen, un sanctuaire pour les jihadistes

Pour les Etats-Unis, le Yémen  fait office depuis quelques années de « nouveau sanctuaire du terrorisme international » (voir un article de Libération consacré à la question, ici). La branche d'al-Qaïda dans ce pays est considérée par Washington comme la plus active et la plus dangereuse de toutes, d'autant que le chaos s'est installé au Yémen après la révolution de 2011, suite à laquelle le président Ali Abdallah Saleh a perdu le pouvoir.

Al-Qaïda dans la péninsule arabique est le fruit d'une fusion, en 2009, des branches yéménites et saoudiennes de l'organisation d'Oussama Ben Laden. Depuis, elle a revendiqué de nombreuses attaques ou tentatives et mène une stratégie de harcèlement face au pouvoir yéménite, sans parler de la lutte acharnée qui oppose ce groupe jihadiste sunnite aux rebelles houthistes qui ont pris le contrôle de la capitale du pays, Sanaa, en septembre 2014 (accéder à notre article : « Al-Qaïda contre les houtistes, le risque d'une guerre civile au Yémen »). En 2012, avec l'aide des Américains, le nouveau pouvoir issu de la révolution yéménite est parvenu à repousser l'organisation dans des zones montagneuses.


■ Amedy Coulibaly roulait-il pour quelqu'un ?

Le preneur d'otages du supermarché casher de Porte de Vincennes, Amedy Coulibaly, qui est également l'auteur présumé de la fusillade meurtrière près de la Porte de Châtillon, s’est réclamé de l'organisation Etat islamique (EI) lors d'une conversation avec un cadre éditorial de BFM. Il a reproché à la France de s'être attaquée à l'EI. Mais aucune information ne vient attester qu'il existe un lien entre lui et le groupe sévissant en Irak et en Syrie. Seule certitude : il connaissait bien les frères Kouachi. L'enquête va « s’attacher à déterminer la place exacte de ces actions criminelles dans le contexte des filières terroristes jihadistes qui sont actuellement en cours d’enquête ou d’instruction », conclut le procureur de Paris.



Rfi.fr

Samedi 10 Janvier 2015 - 13:32


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