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​Au Cameroun, des écoles françaises en quête de nouveaux marchés

Plusieurs écoles de commerce, d’ingénierie ou d’informatique se sont implantées dans ce pays, où le secteur de l’enseignement supérieur est en pleine expansion. Elles forment sur place une élite locale, avec des passerelles vers leurs programmes en France.



Sur la rive nord du fleuve Dibamba, à plusieurs kilomètres du centre de Douala, capitale économique du Cameroun, les margouillats sont chez eux. Et peu importe que l’Institut catholique d’arts et métiers (ICAM), une école d’ingénieurs française fondée en 1898 par des industriels du Nord et des jésuites, ait décidé d’y construire un campus : ces gros lézards de la savane ne lâchent pas un centimètre de leur territoire. Ils promènent leur tête orange sur un corps bleu entre les coursives de l’école, s’invitent dans la cantine, gambadent à l’intérieur des logements étudiants, à la recherche d’une proie. Les margouillats sont insectivores et, ici, les cafards sont de belle taille.
 
L’histoire de l’ICAM au Cameroun commence au début du millénaire. En 2004, le pétrolier français Total, présent dans cette partie de l’Afrique centrale depuis 1947, presse l’ICAM de lui former sur place des ingénieurs locaux et met à sa disposition « quelques salles de classe », se souvient Martial Adiang, directeur de l’établissement. L’école française exporte alors sa pédagogie et des enseignants. Une première promotion d’une vingtaine d’élèves est formée ; d’autres suivront. Quant au pétrolier, il peut embaucher des cadres locaux, bien moins onéreux que des expatriés européens.
 
Campus délocalisés
Ce premier pas réalisé, l’ICAM a fait construire, en partenariat avec l’Université catholique d’Afrique centrale (UCAC), un campus susceptible d’accueillir 500 étudiants, à une heure du centre de la capitale économique du pays. Inauguré en 2015, il forme des cohortes de 50 à 60 ingénieurs généralistes, informaticiens ou spécialistes des procédés. Aujourd’hui, l’ICAM n’est plus le seul établissement français à avoir pris pied au Cameroun. L’école d’informatique 3iL, de Limoges, s’est implantée à Douala en 2005 en partenariat avec une institution locale, sous le nom de 3IAC (Institut d’ingénierie informatique d’Afrique centrale). L’université de technologie de Troyes (UTT) s’y est installée en 2017. L’afflux d’acteurs ne concerne pas que les établissements technologiques. En 2019, le groupe Collège de Paris a implanté une business school à Douala avec l’objectif de répondre aux besoins locaux pour les métiers de la banque, du management de projet, des ressources humaines et du numérique. Enfin, en 2020, c’est le pôle Léonard-de-Vinci, situé à la Défense, qui s’est associé avec le JFN Institute of Technology, à Douala, pour la création de classes préparatoires communes.
 
Depuis 2018, les établissements français sont devenus les premiers exportateurs de campus dans le monde, selon une étude publiée en 2020 par le Leibniz Institute for Research on Society and Space – « devant les Etats-Unis », note Béatrice Khaiat, la directrice de Campus France. Si la Chine reste la première destination de ces écoles françaises en quête d’expansion, l’Afrique est particulièrement dans leur viseur – en particulier le Maroc, l’île Maurice et le Cameroun. « Le discours d’Emmanuel Macron à Ouagadougou, en 2017, a donné une impulsion politique importante pour multiplier les partenariats et les formations conjointes avec l’Afrique, avec de nouveaux outils de coopération et des financements », explique la directrice de Campus France. Depuis 2018, 400 doubles diplômes entre établissements français et africains ont vu le jour.

LemondeAfrique

Dimanche 16 Janvier 2022 - 14:49


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