Sous un soleil ardent, des rues de la Médina ruissellent. Elles sont occupées par des lavandières. Depuis belle lurette, elles sont bien installées dans ces coins de la capitale. Ces axes sont un trou perdu entre deux populeux quartiers. La Médina et la Gueule Tapée. Si certaines occupent n’importe comment la 63 X 52 de la rue 6, d’autres sont nichées à la rue 59 X Blaise Diagne. Des patelins qui peuvent valablement porter le nom de “boulevard des lingères”.
10h 30 mn pétantes. C’est le décor habituel qui domine et règne en maître à la 63 X 52 de la rue 6. Des tas d’habits, des bassines remplies de mousse et de linges. Avec une énergie débordante, de bonnes dames sont en pleine action sous des tentes de fortune. Les ardents rayons de soleil n’entament en rien leur détermination. Dans ce tohu-bohu orchestré par le bruit des voitures, les pleurs des petits enfants mais surtout des clapotis du linge, ces femmes sont imperturbables. 8 mars, férié ou événement, ces lavandières ne sont préoccupées que par leurs activités.
La vingtaine bien sonnée. Amy Faye est habillée en tee-shirt jaune assorti d’un pagne rouge. Les écouteurs bien vissés dans les oreilles, Amy Faye confie: «le 8 mars est dédié à nous femmes et on espère être honorée à cette occasion. En tant que femme j’attends un cadeau de la part de mon mari».
La fille de l'ethnie sérère, originaire du département Ngoundiane est mère de deux enfants. Cette besogne est très fastidieuse. Amy Faye raconte le calvaire auquel elle et ses camarades sont assujetties tous les jours c’est que: «nous nous levons à 6 heure du matin, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige. Nous laissons derrière nous nos enfants et nos maris pour pouvoir gagner de l’argent et vivre humblement. On s’expose aux maladies car nous travaillons sous le chaud soleil”.
Malgré ce travail harassant, ces lavandières font parfois les frais des clients indélicats. En effet, la jeune dame déplore: “pire, la plupart des clients ne paie pas le service soutenant qu’ils n’ont pas d’argent. Parfois, ils disparaissent après le service de plus avec leurs habits sans en retour payer le service”.
Amy Faye fait partie des plus jeunes du groupe. Elles se plaignent toutes du travail très fastidieux et coûteux surtout qu’elles achètent l’eau, le savon et autres intrants liés à leurs tâches.
Khady faye en pleine activité a le coeur à l’ouvrage. Sourire aux lèvres, elle témoigne: «toute femme doit se sentir honorée le jour du 8 mars. Cette journée nous a été dédiée donc quelques soient les circonstances de la vie, on doit être contente d’autant plus que durant tout le long de la journée on chantera nos louanges».
Toute trempée, le visage de Khady Faye est couvert de sueurs. Âgée de plus de 30 ans, la bonne dame relate les durs labeurs. «faire le linge tous les jours est un travail trop pénible. Cela nécessite une bonne santé, beaucoup d’efforts physique et une dose de passion». Malgré tout cela, déplore-t-elle, très peu de clients paient une somme conséquente. Il y en a même qui prennent même la fuite après la livraison».
A Dakar depuis plus de 5 ans, elle fait le récit de ses déboires: « à Dakar, une femme avec un enfant n’est pas tolérée dans les ménages. J’ai commencé comme ménagère mais dès que j’ai eu un enfant personne n’a voulu de moi et c’est ainsi que je me suis tournée vers le linge pour ne pas retourner au village et gagner ma vie dignement».
Son enfant au dos, Adama Diouf porte mal ces 27 ans. Elle donne l’air plus âgée. Sur son visage, la fatigue se manifeste. Elle donne 5 ans de plus que son âge. «Nous avons l’habitude de nous mettre sous le soleil mais cette situation est difficile pour nos enfants. C’est la raison pour laquelle, ils deviennent maladives au cours du temps».
Préférant garder l’anonymat, celle-ci révèle: «nous pouvons être 4 voire 8 personnes dans une chambre et chaque mois on se cotise chacune 6000 francs Cfa pour la location l’électricité comprise. Ce qui reste de l’argent, nous l’envoyons au village pour la famille».
Toutefois, se réjouit-elle : « malgré notre vie de misère, cette journée très significative pour nous femme, nous fait oublier nos peines car on est gâtée par la société».
Marième faye, elle, ne partage pas l’avis de ses camarades. «Je ne me sens pas concernée par cette fête du 8 mars. Depuis 12 ans je suis à Dakar et cette journée n’a été qu’une formalité, futilité ou chimère», avance-t-elle d’un ton ferme. Et de rouspéter: «personne ne nous considère dans ce pays pourtant notre métier est noble car on gagne notre vie honnêtement».
Marième Faye se lamente du fait qu’elles ne reçoivent «aucune subvention ni d’aide sociale de la part des autorités ou de l’Etat. Nous travaillons durement pour nourrir nos enfants. Donc nous n’avons pas le temps pour fêter quoi que ce soit».
Portant le même prénom que la Première Dame, elle lance un appel à cette dernière : “Marième Faye Sall une sérère bon teint, donc elle doit se rappeler de sa communauté plus particulièrement de ces femmes sérères qui passent leur journée dans la rue sous le soleil juste pour avoir de quoi nourrir leur famille».
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