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Chronique: Dadis et les néo putschistes



Chronique: Dadis et les néo putschistes
Le Capitaine Moussa Dadis Camara vient de compliquer la tâche après les évènements du lundi 28 septembre 2009 à Conakry. Après avoir fait massacrer plus de 100 de ses compatriotes, dans le stade Ô combien symbolique du 28 septembre, il lui sera très difficile de convaincre encore l’opinion de ses bonnes intentions. Arrivé au pouvoir en sauveur, il apparait aujourd’hui sous un autre visage. Le visage hideux d’un terrible bourreau qui n’hésite pas à faire tirer sans discernement dans une foule rien que pour conserver le pouvoir qu’il a ramassé sur le cercueil du Général Lansana Conté. Malheureusement, les évènements du 28 septembre risquent fort de placer les Guinéens davantage sous une chape de plomb. La junte militaire va certainement durcir sa position et s’agripper encore au pouvoir. Parce que Dadis doit se dire que sa chute pourrait ouvrir la voie à d’éventuelles poursuites judiciaires. En plus de devoir bien surveiller ses arrières en ce moment, puisqu’un putschiste cache toujours un autre et que surtout les généraux ne doivent pas lui pardonner de leur avoir ravi la politesse en se précipitant sur le fauteuil laissé vacant par le Président Conté. C’est dire que la Guinée se trouve dans une situation imprévisible où tout peut arriver. Sans parler du fait que l’opposition n’a certainement pas dit son dernier mot. Une opposition que le capitaine président tient pour responsable des évènements du 28 septembre, en l’accusant d’avoir organisé ce rassemblement dans le grand stade de Conakry pour le renverser. C’est là une fuite en avant qui n’honore pas le militaire qu’il est. Mais ça on le savait déjà. La meilleure tactique des putschistes pour se maintenir au pouvoir, c’est de passer tout leur temps à déjouer des complots, même les plus imaginaires.

Cela dit, Jean Paul Dias devrait certainement revoir sa position à l’égard de Moussa Dadis Camara, avec qui il demande d’être juste. Encore que je n’avais pas eu le sentiment qu’on ait été particulièrement injuste à l’endroit du chef de la junte militaire guinéenne. Ce qu’il y avait c’est que sa démarche inquiétait. Et il vient d’ailleurs de donner raison à ses détracteurs, qui voyaient en lui le visage hideux du dictateur démagogue et populiste. Et en cela Dadis, n’est pas précurseur (Sur ce point Jean Paul Dias a bien raison). Au contraire, il a était inspiré par tous ces présidents africains, qu’on peut qualifier de néo putschistes. Ceux qui ont réinventé les coups d’Etats. Dans leur conception, les élections c’est une perte de temps et de toutes les façons, elles ne permettent pas de prendre le pouvoir. Le pouvoir se conquiert par les armes d’abord, et se fait légitimer ensuite par les urnes et de préférence au cours d’élections taillées sur mesure. Le putschiste le plus respecter, c’est celui qui réussit à prendre le pouvoir sans effusion de sang. Il se présente dès lors sous les traits du sauveur de son peuple et promet aussitôt de rendre le pouvoir au civil, après des élections « libres et transparentes ». Seulement, le civil qui va gagner ces élections, c’est le militaire putschiste qui vient juste de démissionner de l’armée. C’est le scénario mauritanien qui a permis au Général Abdel Aziz de conserver le pouvoir après avoir renversé le président Sidi Ould Abdallahi. Un coup dont voulait certainement s’inspirer Dadis. Sauf qu’il a l’uniforme imbibé de sang, et cela rend les choses un peu plus difficiles. Mais il peut persévérer, puisqu’il y a des néo putschistes qui ont tellement bien réussi leur coup qu’on oublie même qu’ils ont une fois été militaires : Blaise Compaoré, Yaya Jammeh.

Mais les néo putschistes ne sont pas toujours en uniforme. Il y a ceux qui prennent la relève de papa, comme Faure Gnassingbé au Togo, Ali Bongo au Gabon. Là, les choses se font avec panache. On passe directement aux urnes, à la mort du père, mais avec des résultats connus d’avance, puisque papa a préparé le fiston et l’opinion à cette éventualité.

Pour d’autres néo putschistes, la trouvaille, c’est le tripatouillage de la Constitution. Ici, le coup d’Etat bénéficie de la couverture légale puisque la constitution révisée selon les désirs du chef, autorise l’acte qui est posé. Rendez-vous à un sommet de l’Union africaine et demandez à ceux qui sont arrivés au pouvoir par les armes ou par des voies (voix ?) détournées de lever la main et vous serez effarés : Khadaffi, Musévéni, Blaise Compaoré, Yaya Jammeh, Idriss Déby, François Bozizé, Denis Sassou Nguesso, etc. La liste est loin d’être exhaustive.

Finalement si Moussa Dadis Camara ne parvient pas à se maintenir au pouvoir, ce ne sera pas parce que son putsch est inacceptable, ce sera uniquement parce qu’il aura manqué de tact et qu’il a voulu faire un putsch à l’ancienne. Il est passé de mode.
Samba Dialimpa BADJI
Rédacteur en Chef
Océan FM
www.oceanfm.sn

Samba Dialimpa Badji

Vendredi 2 Octobre 2009 - 09:59


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