Au moment où les grandes puissances industrialisées cherchent à cogiter sur l’avenir climatique de l’humanité, les pays africains, qui pourtant, ont la solution des problèmes du Nord, doivent se recentrer sur eux-mêmes, afin d’envisager une position africaine commune au sommet de Copenhague.
Cela ne veut pas dire que l’Afrique doit se bercer d’illusions ou se mettre la tête dans le sable comme l’autruche en se gargarisant de belles paroles, dans ce monde qui se mondialise.
L’Afrique doit apprendre à penser le monde et la Gouvernance Mondiale à partir de ses propres préoccupations. Elle doit apprendre à regarder le monde et la gouvernance mondiale à partir de ses propres yeux, à mettre en avant ses propres intérêts dans ses rapports avec le reste du monde.
Cela appelle à une sorte de révolution Copernicienne, qui consiste à refaire du Continent africain le centre d’où nous regardons le monde. L’Afrique ne pourrait-elle pas contribuer à résoudre la crise de l’Occident ? On est tellement habitué à penser qu’il faut aider l’Afrique, qu’il semble incongru de se poser la question inverse. On sait pourtant, depuis Marcel Mauss, que le don sans contre don est pervers, c’est une forme de volonté de domination et d’arrogance.
Il est évident que si le monde va mal, l’Afrique qui n’appartient pas à la planète Mars, va aussi mal, sinon encore plus mal que les autres continents qui violent quotidiennement le protocole de Kyoto.
Pourquoi l’Afrique devrait-elle être alors mise en marge des grands débats sur la gouvernance mondiale, particulièrement sur la gestion climatique, surtout que les solutions attendues dans ces débats engagent d’une manière ou d’une autre, son avenir ?
Les débats sur les changements climatiques intéressent l’Afrique qui est victime et non responsable du phénomène. Dés lors, elle a voix au chapitre pour se protéger et protéger ses enfants. Les pays membres du G8 ou G20 ne doivent pas décider à notre place, car on ne peut pas coiffer quelqu’un à son absence.
Pour cela, il faut que les termes de référence des rencontres entre l’Afrique et le monde soient re-pensés.
Cet état de fait nous autorise à soulever un certains nombres de questions : L’Afrique est- elle dans la gouvernance mondiale ou s’exclut- elle d’elle-même de la gouvernance mondiale ? De quoi souffre l’Afrique ? Quels sont les principaux défis du continent africain pour pouvoir danser à la cadence de la gouvernance mondiale ? Quel regard peut-on porter sur le concept de Gouvernance mondiale à partir des pays du Sud, notamment africains ?
La crise mondiale actuelle commande que l’Afrique ait aussi voix au chapitre, pour donner au moins sa vision d’une crise qui l’affecte aussi. Elle ne doit pas avoir à supporter des protocoles à son détriment. Au nom de quel principe ce continent doit-il être exclu du grand débat planétaire sur le changement climatique?
Est-il si dépourvu de matières grises, au point qu’il ne puisse pas apporter sa part de lumière pour trouver une solution au problème posé, où est-il tout simplement victime de l’image qu’il a toujours renvoyée au reste du monde : un continent si empêtré dans la pauvreté que ce genre de débat sur le changement climatique n’est pas pour l’Afrique une priorité ? Si tel est le cas, l’Occident a un examen de conscience à faire, car les pays industrialisés sont les principaux responsables du changement climatique, ils doivent prendre leur responsabilité face à ses conséquences.
Dans son rapport annuel, la Banque mondiale a indiqué que les pays à revenus élevés, responsables de 64 % des émissions de gaz à effet de serre depuis 1850, n'en supporteront les conséquences qu'à hauteur de 20 %.
Les pays en voie de développement, à l'origine de 2 % de ces émissions, en paieront les frais à hauteur de 80 %.
L'Afrique est d'ores et déjà touchée par le changement climatique, et les différents scenarii prévoient une aggravation de la situation dans les décennies à venir.
Les saisons seront irrégulières, les pluies deviendront capricieuses, les températures seront à la hausse si rien n’est fait.
Le continent, qui a le plus faible taux d'émissions par habitant, subira plus que tout autre l'impact du changement climatique. Les projections montrent que d'ici 2020, dans certains pays, les rendements de l'agriculture pourraient être réduits de près de 50 %. Entre 75 et 250 millions de personnes pourraient être exposées à un stress hydrique accru.
La désertification et la perte des terres agricoles menacent environ 46 % de la superficie totale du continent africain.
Selon la Banque mondiale, une augmentation de 2 degrés de la température d'ici la fin du siècle mettrait entre 100 et 400 millions de personnes supplémentaires en danger de famine, et 1 à 2 milliard d'autres pourraient ne plus trouver suffisamment d'eau pour subvenir à leurs besoins. L'institution chiffre à 325 milliards d'euros les besoins des pays développés pour faire face au réchauffement climatique d'ici 2030, alors que seulement 5% de ce montant est disponible aujourd'hui.
Les pays industrialisés ont contribué à entretenir le cycle de la pauvreté et de la misère du continent, du fait justement d’un égoïsme viscéral marqué par un système économique mondial inique, imposé et inéquitable, qui laisse peu de place à l’Afrique.
Il faut un démasquage du capitalisme de la jungle et de l’ordre cannibale qu’il impose à la planète. Comment comprendre ce double langage de l’Occident , qui d’un côté parle de tragédies à éliminer prioritairement (OMD) et de l’autre dit qu’il n’a pas d’argent pour compenser les dégâts causés par ces fortes émissions de GES ?
Ce double langage nous oblige à re-penser les déséquilibres et de plaider pour un nouveau contrat social planétaire fondé sur la solidarité. Mais l’Afrique devra s’en prendre avant tout à elle-même. Elle paye cash son incurie pour n’avoir jamais su parler d’une même voix dans les grandes instances internationales.
Derrière les discours sur la sauvegarde de la planète, c’est la domination économique du monde de demain qui se joue. Et contrairement aux idées reçues, nous sommes en position de force, et la voix du continent sera inaudible si nous y allons en rangs dispersés. Les chefs d’Etats africains en charge du dossier doivent restés vigilants et créer un front solide, car c’est le destin de près de deux milliards d’Africains à l’horizon 2050 qui se joue à Copenhague.
Les autres continents ont bien analysé leurs intérêts. Prenons le temps de la réflexion pour élaborer les nôtres.
Plusieurs études démontrent en effet que les pays pauvres, moins pollueurs, seront les premières victimes du changement climatique. Ce qui ne sera forcément pas le cas des pays industrialisés, premiers émetteurs de gaz à effet de serre et principaux responsables du réchauffement climatique.
D’où l’importance stratégique pour les pays africains de bien faire peser leur voix dans les négociations de Copenhague. Les pays du Nord portent une responsabilité sur la situation actuelle. Ils doivent en priorité agir eux-mêmes sur leurs propres modes de production et de consommation, mais ils ont également la responsabilité d'apporter un appui consistant aux pays en développement, qui seront les premiers touchés par les dérèglements climatiques. Une autre question concerne le financement de l'adaptation au changement climatique, qui constitue donc une priorité pour le continent.
Dr kaly NIANG
Sociologue
Auteur de l’Essai sur « l’Afrique à l’heure de la Gouvernance Mondiale : Problématique et enjeux »
Cela ne veut pas dire que l’Afrique doit se bercer d’illusions ou se mettre la tête dans le sable comme l’autruche en se gargarisant de belles paroles, dans ce monde qui se mondialise.
L’Afrique doit apprendre à penser le monde et la Gouvernance Mondiale à partir de ses propres préoccupations. Elle doit apprendre à regarder le monde et la gouvernance mondiale à partir de ses propres yeux, à mettre en avant ses propres intérêts dans ses rapports avec le reste du monde.
Cela appelle à une sorte de révolution Copernicienne, qui consiste à refaire du Continent africain le centre d’où nous regardons le monde. L’Afrique ne pourrait-elle pas contribuer à résoudre la crise de l’Occident ? On est tellement habitué à penser qu’il faut aider l’Afrique, qu’il semble incongru de se poser la question inverse. On sait pourtant, depuis Marcel Mauss, que le don sans contre don est pervers, c’est une forme de volonté de domination et d’arrogance.
Il est évident que si le monde va mal, l’Afrique qui n’appartient pas à la planète Mars, va aussi mal, sinon encore plus mal que les autres continents qui violent quotidiennement le protocole de Kyoto.
Pourquoi l’Afrique devrait-elle être alors mise en marge des grands débats sur la gouvernance mondiale, particulièrement sur la gestion climatique, surtout que les solutions attendues dans ces débats engagent d’une manière ou d’une autre, son avenir ?
Les débats sur les changements climatiques intéressent l’Afrique qui est victime et non responsable du phénomène. Dés lors, elle a voix au chapitre pour se protéger et protéger ses enfants. Les pays membres du G8 ou G20 ne doivent pas décider à notre place, car on ne peut pas coiffer quelqu’un à son absence.
Pour cela, il faut que les termes de référence des rencontres entre l’Afrique et le monde soient re-pensés.
Cet état de fait nous autorise à soulever un certains nombres de questions : L’Afrique est- elle dans la gouvernance mondiale ou s’exclut- elle d’elle-même de la gouvernance mondiale ? De quoi souffre l’Afrique ? Quels sont les principaux défis du continent africain pour pouvoir danser à la cadence de la gouvernance mondiale ? Quel regard peut-on porter sur le concept de Gouvernance mondiale à partir des pays du Sud, notamment africains ?
La crise mondiale actuelle commande que l’Afrique ait aussi voix au chapitre, pour donner au moins sa vision d’une crise qui l’affecte aussi. Elle ne doit pas avoir à supporter des protocoles à son détriment. Au nom de quel principe ce continent doit-il être exclu du grand débat planétaire sur le changement climatique?
Est-il si dépourvu de matières grises, au point qu’il ne puisse pas apporter sa part de lumière pour trouver une solution au problème posé, où est-il tout simplement victime de l’image qu’il a toujours renvoyée au reste du monde : un continent si empêtré dans la pauvreté que ce genre de débat sur le changement climatique n’est pas pour l’Afrique une priorité ? Si tel est le cas, l’Occident a un examen de conscience à faire, car les pays industrialisés sont les principaux responsables du changement climatique, ils doivent prendre leur responsabilité face à ses conséquences.
Dans son rapport annuel, la Banque mondiale a indiqué que les pays à revenus élevés, responsables de 64 % des émissions de gaz à effet de serre depuis 1850, n'en supporteront les conséquences qu'à hauteur de 20 %.
Les pays en voie de développement, à l'origine de 2 % de ces émissions, en paieront les frais à hauteur de 80 %.
L'Afrique est d'ores et déjà touchée par le changement climatique, et les différents scenarii prévoient une aggravation de la situation dans les décennies à venir.
Les saisons seront irrégulières, les pluies deviendront capricieuses, les températures seront à la hausse si rien n’est fait.
Le continent, qui a le plus faible taux d'émissions par habitant, subira plus que tout autre l'impact du changement climatique. Les projections montrent que d'ici 2020, dans certains pays, les rendements de l'agriculture pourraient être réduits de près de 50 %. Entre 75 et 250 millions de personnes pourraient être exposées à un stress hydrique accru.
La désertification et la perte des terres agricoles menacent environ 46 % de la superficie totale du continent africain.
Selon la Banque mondiale, une augmentation de 2 degrés de la température d'ici la fin du siècle mettrait entre 100 et 400 millions de personnes supplémentaires en danger de famine, et 1 à 2 milliard d'autres pourraient ne plus trouver suffisamment d'eau pour subvenir à leurs besoins. L'institution chiffre à 325 milliards d'euros les besoins des pays développés pour faire face au réchauffement climatique d'ici 2030, alors que seulement 5% de ce montant est disponible aujourd'hui.
Les pays industrialisés ont contribué à entretenir le cycle de la pauvreté et de la misère du continent, du fait justement d’un égoïsme viscéral marqué par un système économique mondial inique, imposé et inéquitable, qui laisse peu de place à l’Afrique.
Il faut un démasquage du capitalisme de la jungle et de l’ordre cannibale qu’il impose à la planète. Comment comprendre ce double langage de l’Occident , qui d’un côté parle de tragédies à éliminer prioritairement (OMD) et de l’autre dit qu’il n’a pas d’argent pour compenser les dégâts causés par ces fortes émissions de GES ?
Ce double langage nous oblige à re-penser les déséquilibres et de plaider pour un nouveau contrat social planétaire fondé sur la solidarité. Mais l’Afrique devra s’en prendre avant tout à elle-même. Elle paye cash son incurie pour n’avoir jamais su parler d’une même voix dans les grandes instances internationales.
Derrière les discours sur la sauvegarde de la planète, c’est la domination économique du monde de demain qui se joue. Et contrairement aux idées reçues, nous sommes en position de force, et la voix du continent sera inaudible si nous y allons en rangs dispersés. Les chefs d’Etats africains en charge du dossier doivent restés vigilants et créer un front solide, car c’est le destin de près de deux milliards d’Africains à l’horizon 2050 qui se joue à Copenhague.
Les autres continents ont bien analysé leurs intérêts. Prenons le temps de la réflexion pour élaborer les nôtres.
Plusieurs études démontrent en effet que les pays pauvres, moins pollueurs, seront les premières victimes du changement climatique. Ce qui ne sera forcément pas le cas des pays industrialisés, premiers émetteurs de gaz à effet de serre et principaux responsables du réchauffement climatique.
D’où l’importance stratégique pour les pays africains de bien faire peser leur voix dans les négociations de Copenhague. Les pays du Nord portent une responsabilité sur la situation actuelle. Ils doivent en priorité agir eux-mêmes sur leurs propres modes de production et de consommation, mais ils ont également la responsabilité d'apporter un appui consistant aux pays en développement, qui seront les premiers touchés par les dérèglements climatiques. Une autre question concerne le financement de l'adaptation au changement climatique, qui constitue donc une priorité pour le continent.
Dr kaly NIANG
Sociologue
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