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Doyen Doudou Diène, la générosité personnifiée (Par Ndiaga Diouf)



Doyen Doudou Diène, la générosité personnifiée (Par Ndiaga Diouf)
Ce samedi 27 décembre la Convention des Jeunes Reporters du Sénégal (CJRS) avait fait appel à certains doyens dans le cadre de son programme dit « Ecole de la convention » pour réfléchir avec les jeunes sur le journalisme d’aujourd’hui face aux médias sociaux. Un engagement des anciens pour armer davantage les jeunes au cœur d’une profession devenue aujourd’hui problématique par la pratique de certains de ses tenants mais aussi l’impact des technologies de l’information et de la communication. C’est de la générosité de la part de ses doyens, Diatou Cissé Coulibaly, Mamadou Oumar Ndiaye, Jean Meissa Diop, Tidiane Kassé.

C’est ce que faisait tous les jours à notre faveur doyen Doudou Diène. Nous qui avons la chance de travailler quelques années avec lui à la défunte 7FM du défunt groupe de presse COM7. D’ailleurs, il continuait de le faire car mon confrère Babacar Fall, directeur de la rédaction de la RFM, a témoigné qu’effectivement, doyen Doudou Diène appelait à la radio pour donner conseils ou rectifier quelqu’un. C’est l’âme de l’éternel enseignant. Le journalisme et l’enseignement ont toujours fait bon ménage. Oui, ils sont nombreux les enseignants qui ont épousé le journalisme. A la 7FM, nous avions de bons enseignants qui étaient nos correspondants. Ils ont fini par tourner la page de la presse avec plus de responsabilités dans le système éducatif. Des gens avec qui nous gardons encore de bonnes relations. Je pense à François Faye qui était à Bambey, Paul Diène Faye à Sédhiou ou encore Lamine Dramé à Bignona.

La 7FM, c’était une école pour moi, j’ai fréquenté la radio tout le temps de ma formation au Cesti. Dans ces conditions, on peut avoir la chance d’avoir des encadreurs ce qui fait défaut souvent aux jeunes d’aujourd’hui. Les rédactions préfèrent ceux qui sont prêts pour l’emploi. Ainsi les bons passent tout suite et les autres risquent de passer à côté de leur chance faute d’encadrement ou évoluer pendant longtemps avec des lacunes dont des doyens rigoureux comme Doudou Diène vous permettent de régler tout de suite.  Il était très rigoureux et méticuleux avec nous. Un jour, en 1999, des amis m’appellent pour m’informer de l’évasion de prisonniers au niveau de la maison d’arrêt et de correction de Rebeuss. J’habitais le quartier et ses amis savaient que je suis au niveau de la 7FM qui était à l’époque à la rue Peytavin. Ce jour toutes les stations de radio faisaient un focus sur un combat de lutte (je ne sais pas trop si c’était un Tyson/Manga 2 ou Tyson/Tapha Gueye). Les férus de lutte et autres spécialistes peuvent apporter des précisions. Une fois sur les lieux, j’ai discuté avec un garde pour avoir des détails sur l’affaire et retourner à la radio pour faire mon papier. La rédactrice en chef, Sokhna Syll appelle le doyen Diène qui était chez lui. C’était un dimanche très calme à la rédaction. Il m’appelle sur le téléphone de la rédaction et me demande de lire le texte. Il me pose plusieurs questions pour savoir comment j’ai eu comme ça l’information en premier, j’ai discuté avec qui, pour s’assurer d’abord de la véracité de l’info. Après lecture, il me dit que c’est bien rendu, une seule faute, on ne dit pas « un garde pénitencier » mais « pénitentiaire ». C’était un des premiers articles d’une affaire qui a tenu le pays en haleine durant des mois, l’affaire de la bande à Alex et Ino. Et depuis, mon ami Alioune Diop, monsieur culture qui officie aujourd’hui sur la RTS m’appelle Ino. Toujours les mêmes conseils, bien écrire, demander à un collègue de lire pour vous avant d’enregistrer.

A son âge et toute l’expérience, il peut vous dire : il faut lire ça pour moi à quelqu’un qui était à la première année de formation. C’était un homme très mesuré. Il me disait qu’on peut donner l’information sans verser dans le sensationnel.  Nous n’avions jamais cette relation du directeur distant des employés mais il était juste un journaliste, un membre de la rédaction. C’est d’ailleurs je pense une identité des rédactions, il n’y a pas d’âge, c’est l’esprit de famille. C’est ce qui permet de faire des exploits avec de maigres moyens ou de supporter des conditions difficiles de travail en respectant son boulot. Oui Racine Talla te dira toujours, « my boy » et Mame Less Camara, « sama rakk ».

Doyen Doudou Diène était aussi un homme jovial avec qui on riait beaucoup. Un jour il passe à la rédaction pour jeter un regard sur le fil conducteur du journal. Je lui file une tasse de café. Dans les rédactions en général certains se tuent avec la cigarette d’autres le café et le thé qui ne s’arrête jamais. Je lui propose mon café, il me dit merci, « j’évite le café ». J’insiste et quand il a bu sa réaction était « mais Ndiaga khana dangay diay tangana » (si je tenais un tangana) pour dire que le café était bon. C’était l’hilarité générale dans la salle.

Doyen Doudou Diène était un de nos encadreurs, un modèle avec qui nous avons beaucoup appris. Et comme Dieu fait bien les choses, quand je suis venu à l’aéroport, j’ai eu comme collègue son fils Souleymane Diène qui me donnait régulièrement ses nouvelles et qui a pensé à moi le jour du décès.  D’autres doyens comme Abdoulaye Diaw ou Mbaye Sidy Mbaye sont certainement beaucoup plus placés pour parler de l’homme. J’étais juste un devoir de la part de quelqu’un qui a bénéficié de cours pratiques et de conseils.

Merci doyen, juste prier. REPOSE EN PAIX !

Par Ndiaga Diouf, ancien Rédacteur en chef de PressAfrik


Jeudi 31 Décembre 2020 - 11:09


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