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El Hadji Moustapha Sylla au Gamou annuel de feu Khassimou Sylla: "Ce qui me désole ce sont ces usines qui ferment….."

S’il y a quelqu’un que la fermeture des usines dans ce pays désole, c’est bien El Hadj Moustapha Sylla, Khalife général de Taïba-Marsassoum. Il l’a fait savoir au cours du Gamou annuel feu Khassimou Sylla des Parcelles Assainies de Dakar. Le thème qu’il a développé : "Les dangers de la pauvreté dans la société : la solution de l’islam", a été l’occasion pour lui de rappeler le devoir de l’Etat envers les populations qui est de créer des emplois et surtout de protéger ceux qui existent déjà. Car pour le saint homme, "il est inadmissible qu’au bout de quelques années que les usines ferment les unes après les autres". Le président de la République y été représenté par Amadou Tidiane Ba, ministre de la recherche scientifique, aux côtés de son collègue de la Jeunesse et des Sport, Mamadou Lamine Keïta.



El Hadji Moustapha Sylla au Gamou annuel de feu Khassimou Sylla: "Ce qui me désole ce sont ces usines qui ferment….."
"Mais s’il y a une chose que me désole, ce sont ces usines qui ferment et qui jettent dans la rue des milliers de travailleurs. Pourtant, à ce que je sache, ce sont des experts qui ont travaillé sur les projets d’installation de ces unités industrielles. Que dire alors de la fiabilité de leurs études ? Car, il est inadmissible qu’au bout de quelques années que les usines ferment les unes après les autres".

Ces propos du Khalife général de Taïba/Marsassoum, El Hadj Moustapha Sylla, prononcés à l’occasion du Gamou annuel feu khassimou Sylla des Parcelles Assainies, tenu dans la nuit du samedi 11 au dimanche 12 juillet, en disent long sur la situation économique et sociale du pays.

Le thème qu’il a développé devant des milliers de fidèles venus des quatre coins du pays et de la Gambie et intitulé : "Les dangers de la pauvreté dans la société : la solution de l’islam", a montré les conséquences néfastes des licenciements des travailleurs et qui viennent grossir les rangs des pauvres. "Ces milliers de travailleurs que l’on jette dans la rue, constituent un danger pour la société, une véritable bombe sociale. Ces chômeurs broient du noir, assaillis qu’ils sont par les problèmes de la dépense quotidienne, et certains ne pouvant plus, se laissent mourir", souligne le saint homme. Pour le guide religieux, l’Etat ne doit pas ignorer qu’il a le devoir de trouver des solutions aux problèmes des populations qui ont choisi leurs dirigeants. "Alors, si ces dirigeants ne sont pas capables d’honorer leurs engagements, ils doivent le dire et se retirer au profit d’autres", fait-il remarquer.

Le Khalife général de Taïba/Marsassoum de montrer que l’Etat a l’obligation de trouver des solutions en créant des usines, en rouvrant d’autres pour permettre aux jeunes de travailler et de subvenir aux besoins de leur famille. Sans oublier le fait qu’il doit donner à ces derniers la possibilité d’apprendre des métiers et surtout assurer leur insertion dans la vie active.

L’insécurité sociale

Il a bien montré en quoi la pauvreté peut être cause de l’insécurité sociale, en s’appuyant sur des cas de violences dont la presse nationale se fait l’écho tous les jours. Souvent, dit-il, ce sont des jeunes désœuvrés, sans emplois qui se livrent à ces agressions, avec à la clé, mort d’homme. "Assassins la nuit, voleurs le jour. Nos prisons et nos commissariats de police ne désemplissent pas. Et dans une société où le fossé entre riches et pauvres ne cesse de se creuser, il va de soi que ces cas d’agressions vont se multiplier", explique le religieux. Et d’ajouter : "La lutte pour la survie amène certains à se transformer en multiplicateurs de billets de banque, en charlatan vendant l’illusion au prix fort. L’argent facile pousse d’autres à devenir des dealers, c’est-à-dire des vendeurs de drogue, des mendiants ou des prostitués". Pour lui, tous ces exemples montrent que notre société est en train de courir de sérieux dangers. Seulement, à côté de cette misère, soutient-il, nous avons une opulence ostentatoire. "Ces mariages et baptêmes fêtés à coup de millions, ces rutilantes voitures dont le prix avoisine la centaine de millions, ces immeubles qui sortent des terres etc, l’illustrent de fort belle manière. Ces exemples montrent, à suffisance, que notre société vit un sérieux paradoxe", souligne El Hadj Moustapha Sylla.

Dignité dans le dénuement

Mais il est au moins convaincu d’une chose : la solution au problème de pauvreté ne réside pas dans le vol, le mensonge, l’agression. Ces agresseurs, menteurs, dealers, prostitués, ont-ils seulement pensé, fait remarquer le saint homme, à la pauvreté dans laquelle vivait le Prophète (Sws) ? Ont-ils seulement pensé à ce que Dieu a dit dans le Coran ? "Serait-ce qu’ils ne voient pas que Dieu répand Ses Dons sur quiconque Il veut, ou bien les mesure ? » (Coran XXX, 37) et (Coran XXXIV, 39) , “Certes, Dieu pourvoie qui Il veut sans compter” (Coran II, 212),“… Il abonde sur vous en grâces patentes et secrètes” (Coran XXXI, 20). Le Prophète (Saws), dit-il, a vécu dans le dénuement total. "Il était véritablement pauvre, ce qui correspond à la station spirituelle la plus élevée : la Station de la Servitude [Maqam al ‘Ubudiya]", souligne le guide.

L’homme mis à l’épreuve


Mais, il explique que la vanité et l’orgueil de l’homme font qu’il oublie souvent que les biens qui sont entre ses mains appartiennent à Allah. "Et les pauvres eux aussi ont tendance à oublier que Dieu Seul est le Maître du partage. La tentation de forcer le barrage est souvent grande : avoir des biens à tout prix, devient le mot d’ordre", dit-il. Et de citer Ibn Mâlek : « Deux loups affamés lâchés dans un troupeau ne sont guère plus dangereux que ne le sont pour votre religion votre empressement derrière l’argent et les honneurs. ». Pour lui, l’homme doit dès lors comprendre aussi bien dans la richesse que dans la pauvreté, qu’il est mis à l’épreuve. C’est Allah qui dit dans le Coran : « Car la vie d’ici-bas n’est que jouissance d’illusion…Sûrement que vous êtes éprouvés dans vos biens et dans votre personne… » (Coran II, 186).

Le saint homme de faire remarquer : "L’on constate souvent que certains individus ne sont pas dignes dans la pauvreté. Leur cœur est si avide qu’ils détestent ceux qui les devancent en piété, en intelligence et en avoirs. Mais le grand danger qui guette la société, c’est lorsque l’acquisition des biens amènent certaines personnes à épouser cette vision de Machiavel : la fin justifie les moyens. Un comportement qui les éloigne du souvenir de Dieu. L’on peut alors imaginer facilement les répercutions néfastes et déséquilibrantes de ces comportements dans le domaine communautaire".

La solution de l’Islam : le travail

Certes, souligne le guide, Allah a répandu sur terre la pauvreté, comme il a répandu les richesses. "Mais la pauvreté ne doit pas être une fatalité. Elle peut et doit être combattue par le travail, comme nous l’a recommandé Dieu", avance El Hadj Moustapha Sylla. Car, il est de ceux qui pensent qu’un homme bien portant doit avoir honte de tendre la main pour subvenir à ses besoins, à ceux de sa famille et à tous ceux qui sont à sa charge. Il doit manger à la sueur de son front. Le Prophète (Saws) dit : « L’aumône n’est pas permise au profit du riche, ni du bien portant. » En effet, l’une des choses auxquelles, dit-il, le Prophète (Saws) s’est fermement opposé et qu’il a interdites au musulman est le recours à la charité. "Car pour lui, le fait de tendre la main entame la dignité et l’honneur de celui ou celle qui compte sur la charité pour vivre", souligne le guide religieux de Taïba, avant de citer l’Envoyé de Dieu (Saws) : « Celui qui tend la main sans être dans le besoin est comme celui qui empoigne des braises. » Il dit aussi : « Celui qui tend la main pour s’enrichir hérite d’une balafre au visage le Jour de la Résurrection et mange des braises de la Géhenne. Libre à chacun de se servir peu ou prou ». « Nul n’aura de cesse de tendre la main jusqu’à ce qu’il comparaisse devant Dieu sans la moindre chair au visage.", a dit le Prophète (Saws). El Hadj Moustapha Sylla de souligner que le message de Mohammed (Saws) est clair : la mendicité n’est autorisée que dans trois cas : Une pauvreté extrême, quand on est accablé de dettes, quand on est redevable d’une lourde indemnisation de victime d’homicide.

L’oisiveté coupable

Malheureusement, fait remarquer le conférencier, "notre société semble opter pour la solution de facilité, comme ces ressortissants Casamançais vivant à Dakar depuis des années, sans travail et qui se complaisent dans l’oisiveté". Et d’ajouter : " Ils acceptent avec une « quiétude » déconcertante cette situation de pauvreté. Résultat des courses, c’est souvent une personne qui se décarcasse pour nourrir quotidiennement des dizaines de bouches". Pour le marabout, le comportement de ces gens montre que "ce sont eux qui ont voulu la pauvreté, puisqu’ils ont refusé d’apprendre un métier, de faire des études, de travailler. C’est comme s’ils ont travaillé à ne pas bénéficier de la générosité divine, puisque c’est dans ces choses, entre autres, que Dieu a placé les Biens qu’Il distribue à ceux qui se mettent sur le droit chemin". Il souligne que "chez Allah celui qui fait des efforts pour se nourrir et nourrir sa famille, et celui qui se complaît dans l’oisiveté, n’auront pas le même traitement. Le Jour du Jugement dernier chacun aura ce qu’il mérite. Dieu est Juste"

Pour le khalife général de Taïba/Marsassoum, l’islam fait l’apologie du travail et réprouve l’oisiveté. La religion du Prophète (Saws) encourage toute activité intellectuelle ou manuelle. "Le musulman est sommé de rechercher des moyens de sa subsistance par les voies licites et légitimes. Il rejette la solution de facilité ; il lutte et affronte les difficultés de la vie pour se nourrir et nourrir sa famille. L’on se souvient de ces belles paroles du Prophète (Saws) : « Vous êtes tous des bergers et tout berger est responsable de son troupeau », soutient-il.

L’islam sanctifie le travail

Pour vous montrer, dit-il, à quel point notre religion sanctifie le travail, elle considère le travailleur qui lutte pour satisfaire ses besoins et les besoins de sa famille comme un combattant dans la voie de Dieu. Le travail devient dans ce cas une sorte de Jihaad. "L’exemple du Prophète (Saws) et ses compagnons suffit pour montrer aux oisifs qu’ils sont sur le mauvais chemin. L’Envoyé de Dieu et ses compagnons ont travaillé dur pour gagner leur vie, ils se sont privés de beaucoup de choses pour se conformer aux prescriptions religieuses. Ils n’ont pas considéré la pauvreté comme une fatalité", souligne le guide religieux, avant d’ajouter : "Le croyant ne doit jamais perdre de vue que le temps, sa santé et son énergie sont des dons de Dieu qu’il faut utiliser. Car, comme le souligne un hadith de l’Envoyé (Saws) « Dieu déteste l’homme oisif »

C’est Dieu, dit-il, qui nous dit le Coran : « C’est Lui qui vous a soumis la terre, parcourez donc ses grandes étendues et mangez de Ses bienfaits. Vers lui est la résurrection ». (37/15). Ainsi, le pétrole, l’or et d’autres ressources naturelles sont enfouis dans le sol, c’est grâce à la persévérance de l’homme que l’humanité s’en sert aujourd’hui. Certes, d’autres richesses sont enfouies dans le sol et que l’homme n’a pas encore découvertes. Pour sûr, il n’y parviendra pas en croisant les mains. Il travaillera dur, souvent même au péril de sa vie, fait remarquer le marabout.

Pas de sot métier

Parce que l’homme, dit-il, doit s’accomplir dans le travail, qu’il n’y a pas de sot métier. D’ailleurs, le Prophète (Saws) réprouve le mépris que certains individus manifestent envers certains travaux et métiers.

L’Envoyé de Dieu a toujours enseigné à ses compagnons que la dignité réside dans le travail quel qu’il soit. Par contre, le déshonneur et la perte de la face consistent à tendre la main à autrui, soutient le marabout, avant de citer le Prophète (Saws) dit : « Mieux vaut pour l’un d’entre vous de prendre une corde et de ramasser une cordée de bois qu’il transportera sur son dos, puis qu’il vendra, de sorte que Dieu lui épargne le déshonneur de tendre la main à untel, qui lui fera l’aumône ou la lui refusera ».

Le musulman, souligne le religieux, peut trouver, par exemple, ses moyens de subsistance dans les travaux liés à l’agriculture, au commerce, à l’industrie, à l’artisanat ou en tant que fonctionnaire, etc. "Mais à la seule condition que l’activité qu’il mène soit licite. Les métiers liés à l’usure, aux débits d’alcool, aux casinos et aux lieux de débauche, sont interdits pour le musulman. Dieu lui recommande vivement de s’écarter des choses douteuses susceptibles de fragiliser sa religion et d’affaiblir sa certitude, quand bien même il en tirerait une grande fortune", précise le saint homme.

Pour El Hadj Moustapha Sylla, le travail est la seule voie pour sortir du piège de la pauvreté. "L’homme se doit de participer à l’édifice de la société par l’effort intellectuel ou physique. Donc, le vrai musulman est celui qui contribue au progrès, au développement de la société islamique par ses activités professionnelle, artisanale, commerciale ou ses productions intellectuelles", souligne le saint homme.

Bacary Domingo Mané (Sud)

Mardi 14 Juillet 2009 - 19:43


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