Réunis à Dakar les 12 et 13 novembre 2025, les participants au Symposium du Réseau des Structures de Gestion Électorale en Afrique de l’Ouest (RESAO) ont adopté un communiqué final appelant à une utilisation responsable et inclusive de l’intelligence artificielle (IA) dans les processus électoraux de la région.
Organisée en partenariat avec Yiaga Africa et ECONEC, avec l’appui financier du projet Paix, Sécurité et Gouvernance (EPSG) de la CEDEAO, cofinancé par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) et l’Union européenne (UE), la rencontre a réuni des représentants d’organes de gestion des élections (OGE), d’institutions régionales et de partenaires techniques et financiers.
Une adoption encadrée de l’IA pour des élections crédibles
Dans leur déclaration finale, les participants ont souligné que l’intelligence artificielle représente une opportunité majeure pour renforcer l’efficacité, la transparence et l’inclusivité des processus électoraux. Cependant, ils ont mis en garde contre les risques d’une adoption non régulée, notamment la désinformation, les biais algorithmiques, les cybermenaces et l’érosion de la confiance publique.
Guidés par les principes du Protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance et de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance (CADEG), les participants ont adopté une série de 17 recommandations articulées autour de cinq axes.
Recommandations
A. Renforcer les capacités et la préparation des OGE
1. Évaluer la maturité numérique des OGE avant toute adoption de l’IA, en procédant à des audits de systèmes, de données et de cybersécurité.
2. Développer des politiques et cadres éthiques spécifiques à l’IA, conformes aux standards régionaux et internationaux.
3. Créer des comités d’éthique de l’IA au sein des OGE pour superviser la conception, le déploiement et l’audit des systèmes d’IA.
4. Renforcer les compétences techniques et numériques des personnels électoraux via des programmes de formation continus.
5. Définir et formaliser les rôles spécifiques ainsi que les principes directeurs de chaque partie prenante impliquée dans l’élaboration et l’adoption de l’intelligence artificielle au sein des organes de gestion des élections (OGE).
B- Encadrer l’usage de l’IA par des principes directeurs
5- Garantir la transparence et l’explicabilité et la compréhension des algorithmes utilisés dans les processus électoraux.
6- Maintenir un contrôle humain sur toutes les décisions critiques, en particulier celles relatives aux résultats et à l’éligibilité.
7- Protéger les données personnelles et respecter la vie privée des citoyens, conformément aux lois sur la protection des données.
8- Lutter contre les biais algorithmiques par des audits réguliers et une diversité des jeux de données.
C- Promouvoir la coopération régionale et la souveraineté numérique
9- Harmoniser les normes et cadres réglementaires en matière d’IA dans l’espace CEDEAO.
10- Favoriser la souveraineté numérique en soutenant le développement d’infrastructures locales et de solutions adaptées aux contextes ouest-africains.
11- Créer une plateforme d’échange régional sur les bonnes pratiques, les risques et les innovations liés à l’IA électorale.
D- Impliquer les parties prenantes et renforcer la confiance
12- Associer la société civile, les partis politiques, les médias et le secteur privé dans la conception et l’évaluation des outils d’IA.
13- Sensibiliser le public sur l’utilisation de l’IA dans les élections, ses avantages et ses limites.
14- Mettre en place des mécanismes de plainte et de recours accessibles en cas d’erreur ou de biais lié à l’IA.
E- Développer des projets pilotes et capitaliser les expériences
15- Encourager les projets pilotes à faible risque (chatbots, OCR, optimisation logistique) avant un déploiement à grande échelle.
16- Documenter et partager les retours d’expérience entre OGE, y compris les échecs et les réussites.
17- Élaborer un guide pratique d’utilisation de l’IA à l’intention des administrateurs électoraux.
En conclusion, les participants au Symposium RESAO 2025 ont réaffirmé leur engagement à œuvrer pour que l’intelligence artificielle reste un outil au service de la démocratie, et non l’inverse.
Toutefois, ils précisent que son adoption doit être progressive, encadrée et toujours centrée sur l’humain.
« Restons unis pour des élections crédibles, pacifiques et vérifiables », ont-ils proclamé dans leur communiqué final signé à Dakar.
Parmi les signataires figurent notamment le RESAO, Yiaga Africa, la CEDEAO, la CENA du Sénégal, l’INEC du Nigeria, la Commission électorale indépendante (IEC) d’Afrique du Sud, le Réseau des Observateurs Électoraux Nationaux Francophones (ROEF), l’Alliance for Finance Monitoring (ACFIM), le National Democratic Institute (NDI), International IDEA, la GIZ, ainsi que plusieurs autres partenaires techniques et financiers.
Autres articles
-
Ministère des Infrastructures : 700 milliards FCFA mobilisés pour 2026, avec 90 % pour les projets d’investissement
-
Le Président sénégalais assiste à l’investiture d’Alassane Ouattara à Abidjan
-
Diplomatie : Le Sénégal et la Belgique discutent de l’efficience de leur programme de coopération 2024-2029
-
Kolda : l’APR mobilise ses troupes en perspective des prochaines échéances
-
Journée des Martyrs : "Sonko a désormais désigné Diomaye Faye comme nouvelle cible" (Thierno Alassane Sall)





Ministère des Infrastructures : 700 milliards FCFA mobilisés pour 2026, avec 90 % pour les projets d’investissement


