Avec le casque VR sur a tête, le voyage commence. Image après image, les portes du village s’ouvrent. Chacun est libre de s’y promener à sa guise, regarder ce qui se passe à gauche et à droite, découvrir la place du village derrière nous, partager la vie quotidienne des villageois, écouter leurs histoires. Et puis, nous entrons dans une petite maison pour rencontrer une de ces mères de Chibok dont les filles ont été kidnappées. Entretien avec Andrés Jarach, qui a sélectionné Daughters of Chibok pour Smart, la catégorie consacrée aux expériences numériques du Fipadoc 2020, le Festival international du documentaire de Biarritz.
RFI : Pourquoi avez-vous choisi Daughters of Chibok pour les documentaires de Smart, cette « vitrine de ce qui se fait de mieux au niveau international » ?
Andrés Jarach : Joel Benson nous a envoyé son documentaire. Au départ, ce film s’annonce comme une petite visite d’un village au Nigeria. À un moment donné, on se rend compte qu’il s’agit du village qui a vécu l’enlèvement de 276 filles. Et une mère raconte sa vie de tous les jours, comment elle fait pour vivre après ce drame terrible.
Avec son documentaire, Joel Benson est devenu le premier cinéaste africain à recevoir le Lion d’or dans la catégorie réalité virtuelle à la Mostra de Venise. Quelle est pour vous la singularité du réalisateur nigérian ?
Ce qui est très fort dans Daughters of Chibok, c’est sa manière de raconter. Pendant une bonne moitié du film, il nous met en place un lieu, une vie un peu lointaine de nous, mais, somme toute, assez simple et banale, et qu’on a le sentiment de connaître. D’un coup, on s’en rend compte que dans ce joli lieu, en Afrique, très pauvre, avec une vie dure pour les habitants, il s’est passé un drame extraordinaire. Il y a une grande force de narration. Encore aujourd’hui, quand je vous le raconte, j’ai la chair de poule, parce qu’on a l’impression d’y avoir vécu, d’avoir compris cet enlèvement de 276 filles. Et il y a toujours beaucoup qui n’ont pas pu revenir [en 2019, cinq ans après l’enlèvement, 112 filles étaient toujours captives de Boko Haram, ndlr].
À l’époque, l’enlèvement a créé un véritable choc dans l’opinion internationale. Quel impact peut avoir un film comme Daughters of Chibok ?
Je sais que Joel Benson est très content que son film voyage aussi en dehors du Nigeria. Il m’a raconté avoir fait un film militant, pour que cette histoire ne tombe pas dans l’oubli. On ne sait pas si les filles sont vivantes. Pour lui, le film est une manière de rappeler que cet énorme drame continue à sévir pour les gens de ce village. Il n’a pas bénéficié de beaucoup d’aides financières pour tourner ce film en réalité virtuelle, mais il a réussi à avoir une force narrative qui vous marque pour toujours.
Tourner en réalité virtuelle, que cela change-t-il ?
La réalité virtuelle provoque quelque chose de très fort. Normalement, quand on sort de la salle après avoir vu un film, on se souvient d’avoir vu un film. Dans la réalité virtuelle, quand on enlève le casque, on garde en mémoire ce qu’on a vécu avec ce qu’on vient de voir. Cette différence fait que la réalité virtuelle a une puissance au niveau des souvenirs qui marque énormément. Quand je vous raconte ce film, j’ai toujours un petit frisson. C’est le souvenir de mon corps et des émotions vécues en regardant le documentaire.
RFI : Pourquoi avez-vous choisi Daughters of Chibok pour les documentaires de Smart, cette « vitrine de ce qui se fait de mieux au niveau international » ?
Andrés Jarach : Joel Benson nous a envoyé son documentaire. Au départ, ce film s’annonce comme une petite visite d’un village au Nigeria. À un moment donné, on se rend compte qu’il s’agit du village qui a vécu l’enlèvement de 276 filles. Et une mère raconte sa vie de tous les jours, comment elle fait pour vivre après ce drame terrible.
Avec son documentaire, Joel Benson est devenu le premier cinéaste africain à recevoir le Lion d’or dans la catégorie réalité virtuelle à la Mostra de Venise. Quelle est pour vous la singularité du réalisateur nigérian ?
Ce qui est très fort dans Daughters of Chibok, c’est sa manière de raconter. Pendant une bonne moitié du film, il nous met en place un lieu, une vie un peu lointaine de nous, mais, somme toute, assez simple et banale, et qu’on a le sentiment de connaître. D’un coup, on s’en rend compte que dans ce joli lieu, en Afrique, très pauvre, avec une vie dure pour les habitants, il s’est passé un drame extraordinaire. Il y a une grande force de narration. Encore aujourd’hui, quand je vous le raconte, j’ai la chair de poule, parce qu’on a l’impression d’y avoir vécu, d’avoir compris cet enlèvement de 276 filles. Et il y a toujours beaucoup qui n’ont pas pu revenir [en 2019, cinq ans après l’enlèvement, 112 filles étaient toujours captives de Boko Haram, ndlr].
À l’époque, l’enlèvement a créé un véritable choc dans l’opinion internationale. Quel impact peut avoir un film comme Daughters of Chibok ?
Je sais que Joel Benson est très content que son film voyage aussi en dehors du Nigeria. Il m’a raconté avoir fait un film militant, pour que cette histoire ne tombe pas dans l’oubli. On ne sait pas si les filles sont vivantes. Pour lui, le film est une manière de rappeler que cet énorme drame continue à sévir pour les gens de ce village. Il n’a pas bénéficié de beaucoup d’aides financières pour tourner ce film en réalité virtuelle, mais il a réussi à avoir une force narrative qui vous marque pour toujours.
Tourner en réalité virtuelle, que cela change-t-il ?
La réalité virtuelle provoque quelque chose de très fort. Normalement, quand on sort de la salle après avoir vu un film, on se souvient d’avoir vu un film. Dans la réalité virtuelle, quand on enlève le casque, on garde en mémoire ce qu’on a vécu avec ce qu’on vient de voir. Cette différence fait que la réalité virtuelle a une puissance au niveau des souvenirs qui marque énormément. Quand je vous raconte ce film, j’ai toujours un petit frisson. C’est le souvenir de mon corps et des émotions vécues en regardant le documentaire.
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