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Harcèlement - le viol par le regard: Un concept qui fait son chemin

Regarder avec trop d'insistance une femme, est-ce aussi une forme d'intrusion dans l'intimité de l'autre? A Lausanne, la question trouve une réponse positive.



Un regard trop insistant peut être perçu comme une forme de harcèlement par les femmes. Une simple question d'éducation mériterait-elle une sanction dans le code pénal ? Image: istock
Un regard trop insistant peut être perçu comme une forme de harcèlement par les femmes. Une simple question d'éducation mériterait-elle une sanction dans le code pénal ? Image: istock

Dans son édition de lundi, le quotidien «Libération» consacre un article à la question du regard insistant comme une forme de violence sexuelle que peuvent ressentir les femmes. Sous le titre «Eye rape: le viol par le regard», l'auteure de l'article précise que le concept vient des Etats-Unis, mais qu'il est en passe de faire débat en Europe.

Du sifflement au regard insistant

Pour preuve, la journaliste française prend l'exemple de l'application de la Ville de Lausanne, mise en service en novembre 2019, qui permet de signaler à la police tout comportement dérangeant à connotation sexuelle ou sexiste. La liste des nuisances comprend les «sifflements», «les bruitages, gestes obscènes, frottements», tandis que le «regard insistant» figure en tête.

Pour mieux connaître le phénomène

Lausanne a introduit cette application pour mieux étudier le harcèlement de rue. «C'est un problème multiforme, commis de manière furtive par des inconnus et n’est que très marginalement rapporté, avait déclaré alors le municipal chargé de la sécurité, Pierre-Antoine Hildbrand. Face à l’absence de documentation, nous avons besoin de mieux connaître le phénomène avant de pouvoir agir concrètement.» Un poste de «chargée de mission harcèlement de rue et incivilités» a été créé pour deux ans, durée de la phase test.

 Les différents types de harcèlement de rue que la Ville de Lausanne propose sur son application.

«EyesUp»: une application complémentaire

Alors qu'elle siégeait au législatif de la Ville, la conseillère nationale Léonore Porchet (Verts/VD) avait lancé cette idée en 2016 déjà. De son côté, avec son équipe, elle a proposé à l'été 2019 une application du même genre, «EyesUp» (littéralement: «les yeux levés»): «C’est une offre complémentaire à celle que propose la ville de Lausanne, déclare-t-elle. Notre objectif n’est pas de rapporter les dénonciations de harcèlement à la police, mais de donner aux cibles et aux témoins un outil pour réagir et pouvoir faire pression sur les institutions publiques, qui doivent proposer des réponses concrètes et solides à ce fléau.»

Un tiers des signalements

On trouve sur «EyesUp» 18 actes pouvant être signalés avec un degré de gravité progressif, du «regard déplacé» à la «menace de viol», en passant par les attitudes raciste, homophobe ou encore transphobe. Après quelques mois, il est apparu que le regard déplacé était la première nuisance signalée par environ un tiers des personnes, avant les autres formes de harcèlement.

 Après trois mois, les premières tendances montrent que le plus grand nombre d'actes dénoncés concerne les salutations avec regards déplacés (95% des actes dénoncés le sont par des femmes).

Ce regard qui «déshabille»

Pour Léonore Porchet cela montre que le regard n'est de loin pas innocent dans le problème du harcèlement: «C'est ce qu'on appelle habituellemenet le regard qui déshabille... L'espace personnel de quelqu'un peut aussi être violé par ce regard. Il faut combattre cela par l'éducation des garçons ou des filles aussi, mais on arrêtera pas cela en mettant des amendes, ce serait particulièrement difficile à établir une infraction...»

Avec Eric Felley


Lematin.ch

Jeudi 23 Janvier 2020 - 09:42


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