L'ancien patron du Front populaire ivoirien entendu par la justice

Pascal Affi N’Guessan ouvre la série des auditions. Il est détenu, depuis 13 mois, dans la prison de Bouna, dans le nord-est du pays. Deux de ses avocats, qui se trouvent à Bouna, l’assistent dans ce face à face avec le juge d’instruction, Koné Mamadou. Il doit répondre à plusieurs chefs d’accusation : atteinte à la sûreté de l’Etat, crimes économiques, viols et vols à main armée. Son audition devrait se poursuivre jusqu’au 9 juin.

Débuteront, ensuite, jusqu’à fin octobre, les interrogatoires, sur le fond du dossier, des autres pro-Gbagbo comme le dernier Premier ministre de Laurent Gbagbo, Gilbert Aké N’Gbo, détenu à Boundiali, dans le Nord, ou encore Simone Gbagbo, épouse de l’ex-président ivoirien qui se trouve en résidence surveillée à Odienné, dans le nord-ouest du pays.

Plus d’un an en détention, sans auditions

Les avocats des détenus ont demandé, à plusieurs reprises, leur mise en liberté provisoire, sans résultat. Cependant, en novembre dernier, quelques jours avant les élections législatives, des co-détenus de Pascal Affi N’Guessan - qui ne sont pas des poids lourds pro-Gbagbo - ont obtenu la liberté provisoire. Un geste du pouvoir Ouattara qui, ainsi, espérait convaincre le FPI de participer au scrutin. En vain.

Affi N’Guessan reste le seul cacique du régime Gbagbo à être encore détenu dans la prison de Bouna.

De source proche de ces dossiers, on indique que le juge d’instruction tenait à commencer ces interrogatoires, après avoir bien étudié les différents éléments de l’accusation.

Après l’audition de Pascal Affi N’Guessan, le juge d’instruction devrait se rendre le 12 juin prochain à Katiola, dans le centre-nord de la Côte d’Ivoire. Cinq fidèles de Laurent Gbagbo y sont encore détenus dont le vice-président du FPI, Aboudramane Sangaré et la présidente des Femmes patriotes, Geneviève Bro Grebé.


PASCAL AFFI N’GUESSAN, LA CHUTE D'UN CACIQUE DES PRO-GBAGBO
Pascal Affi N’Guessan est un poids lourd, un historique du Front populaire ivoirien (FPI) mais son pouvoir s'est estompé au fil des années. Considéré comme un modéré dans le parti qu'il a rejoint en 1988, il obtient le titre de Premier ministre, 12 ans plus tard, lorsque Laurent Gbagbo accède au palais présidentiel.

L'année suivante, en 2001, cet Akan, originaire de la région de Bongouanou, dans le centre-est de la Côte d'Ivoire, est élu à la tête du FPI. Cette double promotion répond notamment à un objectif : montrer que le parti, fondé par Laurent Gbagbo, ne se limite pas à sa seule base électorale du sud-ouest ivoirien.

Bon débatteur, après l'éclatement de la rébellion en septembre 2002, il est envoyé à Marcoussis pour représenter le FPI dans les négociations de paix. Cette étape le marquera au fer rouge. Non seulement, à l'issue de l'accord obtenu aux forceps, il doit quitter la primature mais, selon l'histoire, Simone Gbagbo le giflera à son retour pour avoir trop cédé et signé un texte jugé honteux.

Lors de la dernière campagne présidentielle de Laurent Gbagbo, Pascal Affi N’Guessan est le porte-parole du candidat mais son rôle est surtout de ramener le maximum de voix de sa région d'origine. Lorsque son patron est fait prisonnier, il dénonce un coup d'Etat de la France. Moins de deux semaines plus tard, c'est à son tour d'être arrêté. Il est, depuis, incarcéré à Bouna, dans le nord du pays.

Michel Gbagbo, le fils de l’ex-président ivoirien et dernier co-détenu d’Affi N’Guessan a été, quant à lui, évacué vers Abidjan, depuis plusieurs semaines pour des raisons de santé. Arrêté le 11 avril 2011, il y a 14 mois, Michel Gbagbo est désormais à l’hôpital à Abidjan apparemment placé sous bonne garde.

A Paris, les avocats et la mère de Michel Gbagbo (la première épouse de Laurent Gbagbo, de nationalité française) ont décidé d'interpeler les autorités françaises car Michel Gbagbo a la double nationalité.
Mon fils est Français, je suis Française, la France a été impliquée dans ce qui s'est passé donc elle doit assurer la sécurité de mon fils...
Source: RFI