Le sigle « secrétaire d’État américain » sur la porte de l’avion qui vient de s’ouvrir, puis Antony Blinken qui descend de la passerelle en saluant de la main la délégation venue l’accueillir sur le tarmac, dont l’ambassadeur des États-Unis en Chine Nicholas Burns et Yang Tao, le directeur général des Affaires nord-américaine et océaniennes au ministère chinois des Affaires étrangères. Ces images tournées ce dimanche matin à l’aéroport de Pékin sont en soi un évènement, explique notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde.
Mais pas de tapis rouge au bas de la passerelle de l’avion. Washington a dû sortir les rames pour co-organiser cette visite qui, selon les termes du communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères, n’est pas une invitation, mais un « arrangement entre les deux parties ».
Depuis l’affaire du ballon espion chinois abattu au-dessus des États-Unis, les relations se sont pour le moins refroidies entre les deux pays. Intenses tractations diplomatiques et concessions : la partie américaine a dû freiner sur les sanctions et les révélations concernant l’espionnage chinois notamment.
L’entretien téléphonique destiné à préparer ce déplacement officiel entre Antony Blinken et son homologue chinois Qin Gang, a révélé des divergences importantes, disent les médias d’État chinois pour qui « les États-Unis ne devraient pas avoir l’illusion de traiter la Chine en position de force ». C’est un langage peu diplomatique que l'on avait entendu il y a deux ans, lorsque les deux premières puissances avaient fait état de leurs désaccords à Anchorage.
Côté chinois, pour l’instant, aucun commentaire. Antony Blinken a rencontré Wang Yi en mars dernier lors de la conférence sur la sécurité de Munich. Il devrait revoir le directeur du bureau central des Affaires étrangères ainsi que Qin Gang, le ministre chinois des Affaires étrangères, d’ici à lundi.
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken, à droite, accueilli par Yang Tao, au centre, directeur général du département des affaires nord-américaines et océaniennes du ministère des Affaires étrangères, et par l'ambassadeur des États-Unis en Chine Nicholas Burns, à gauche, à son arrivée à Pékin, en Chine, le dimanche 18 juin 2023.
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken, à droite, accueilli par Yang Tao, au centre, directeur général du département des affaires nord-américaines et océaniennes du ministère des Affaires étrangères, et par l'ambassadeur des États-Unis en Chine Nicholas Burns, à gauche, à son arrivée à Pékin, en Chine, le dimanche 18 juin 2023. AP - Leah Millis
Fondamentalement, c’est d’abord et avant tout une décision américaine de s’afficher, de se déplacer à Pékin. C’est la première depuis plusieurs années. On pourrait penser à un dégel avec ce type de visite, mais dans les faits, il n’en est rien tant les points de tensions, tant les interdépendances et les frictions, sont importants et à peu près sur tous les champs : commerciaux, technologiques, innovation, cyber, spatial, militaire et diplomatique. Il y a véritablement un tournant dans la relation sino-américaine, c’est l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, de son administration et d’une sorte de laisser de côté des pudeurs dans l’appareil d’État américain. On a une administration américaine qui va se cabrer davantage, et en miroir, la posture chinoise est également beaucoup plus coercitive, beaucoup plus agressive. D’abord et avant tout dans son environnement régional, et là on voit les tensions sur mer, on voit les tensions en direction de Taïwan, afficher une ligne dure face aux États-Unis, une ligne qui ne bougera pas et qui essaiera par tous les moyens de coaliser autour d’elle des fronts anti-états-uniens.
Antony Blinken le sait, l’instabilité de la relation sino-américaine rend nerveux le reste du monde, relate notre correspondante à New York Carrie Nooten. Les deux plus grandes puissances économiques ont des vues opposées à propos des droits de l’homme, du commerce des technologies ou de la vente d’armes à Taïwan. La Chine considère le passage de navires américains dans le détroit ou les visites de responsables américains dans l’île comme des provocations. « Sans avancée sur Taïwan, cette visite ne servira à rien », disait l’éditorialiste du Global Times –journal affilié au Quotidien du Peuple- il y a deux jours.
Autre source de tension, l’Ukraine et le soutien de Pékin à Moscou, sans parler des mers de Chine.
Dès lors, le secrétaire d’État américain veut profiter de sa visite officielle pour mettre en place des mécanismes de gestion de crise. Les voisins de la Chine, Corée du Sud et Japon en tête, sont particulièrement inquiets de voir que Pékin a coupé les canaux de communications militaires. Washington sait que Pékin est dans une phase d’affirmation, de posture dure, et ne s’attend pas à de réelles avancées.
L’objectif est donc de renouer le dialogue et ouvrir la voie à d’autres réunions bilatérales et à une éventuelle nouvelle rencontre entre Xi Jinping et Joe Biden lors d’un sommet multilatéral au cours des prochains mois.
Mais pas de tapis rouge au bas de la passerelle de l’avion. Washington a dû sortir les rames pour co-organiser cette visite qui, selon les termes du communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères, n’est pas une invitation, mais un « arrangement entre les deux parties ».
Depuis l’affaire du ballon espion chinois abattu au-dessus des États-Unis, les relations se sont pour le moins refroidies entre les deux pays. Intenses tractations diplomatiques et concessions : la partie américaine a dû freiner sur les sanctions et les révélations concernant l’espionnage chinois notamment.
L’entretien téléphonique destiné à préparer ce déplacement officiel entre Antony Blinken et son homologue chinois Qin Gang, a révélé des divergences importantes, disent les médias d’État chinois pour qui « les États-Unis ne devraient pas avoir l’illusion de traiter la Chine en position de force ». C’est un langage peu diplomatique que l'on avait entendu il y a deux ans, lorsque les deux premières puissances avaient fait état de leurs désaccords à Anchorage.
Côté chinois, pour l’instant, aucun commentaire. Antony Blinken a rencontré Wang Yi en mars dernier lors de la conférence sur la sécurité de Munich. Il devrait revoir le directeur du bureau central des Affaires étrangères ainsi que Qin Gang, le ministre chinois des Affaires étrangères, d’ici à lundi.
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken, à droite, accueilli par Yang Tao, au centre, directeur général du département des affaires nord-américaines et océaniennes du ministère des Affaires étrangères, et par l'ambassadeur des États-Unis en Chine Nicholas Burns, à gauche, à son arrivée à Pékin, en Chine, le dimanche 18 juin 2023.
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken, à droite, accueilli par Yang Tao, au centre, directeur général du département des affaires nord-américaines et océaniennes du ministère des Affaires étrangères, et par l'ambassadeur des États-Unis en Chine Nicholas Burns, à gauche, à son arrivée à Pékin, en Chine, le dimanche 18 juin 2023. AP - Leah Millis
Fondamentalement, c’est d’abord et avant tout une décision américaine de s’afficher, de se déplacer à Pékin. C’est la première depuis plusieurs années. On pourrait penser à un dégel avec ce type de visite, mais dans les faits, il n’en est rien tant les points de tensions, tant les interdépendances et les frictions, sont importants et à peu près sur tous les champs : commerciaux, technologiques, innovation, cyber, spatial, militaire et diplomatique. Il y a véritablement un tournant dans la relation sino-américaine, c’est l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, de son administration et d’une sorte de laisser de côté des pudeurs dans l’appareil d’État américain. On a une administration américaine qui va se cabrer davantage, et en miroir, la posture chinoise est également beaucoup plus coercitive, beaucoup plus agressive. D’abord et avant tout dans son environnement régional, et là on voit les tensions sur mer, on voit les tensions en direction de Taïwan, afficher une ligne dure face aux États-Unis, une ligne qui ne bougera pas et qui essaiera par tous les moyens de coaliser autour d’elle des fronts anti-états-uniens.
Antony Blinken le sait, l’instabilité de la relation sino-américaine rend nerveux le reste du monde, relate notre correspondante à New York Carrie Nooten. Les deux plus grandes puissances économiques ont des vues opposées à propos des droits de l’homme, du commerce des technologies ou de la vente d’armes à Taïwan. La Chine considère le passage de navires américains dans le détroit ou les visites de responsables américains dans l’île comme des provocations. « Sans avancée sur Taïwan, cette visite ne servira à rien », disait l’éditorialiste du Global Times –journal affilié au Quotidien du Peuple- il y a deux jours.
Autre source de tension, l’Ukraine et le soutien de Pékin à Moscou, sans parler des mers de Chine.
Dès lors, le secrétaire d’État américain veut profiter de sa visite officielle pour mettre en place des mécanismes de gestion de crise. Les voisins de la Chine, Corée du Sud et Japon en tête, sont particulièrement inquiets de voir que Pékin a coupé les canaux de communications militaires. Washington sait que Pékin est dans une phase d’affirmation, de posture dure, et ne s’attend pas à de réelles avancées.
L’objectif est donc de renouer le dialogue et ouvrir la voie à d’autres réunions bilatérales et à une éventuelle nouvelle rencontre entre Xi Jinping et Joe Biden lors d’un sommet multilatéral au cours des prochains mois.
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