Connectez-vous S'inscrire
PRESSAFRIK.COM , L'info dans toute sa diversité (Liberté - Professionnalisme - Crédibilité)

MACA - La révolte des bagnards fait trembler Abidjan

Rififi ! Comme une traînée de poudre, la nouvelle de la révolte des pensionnaires de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan, a pris tout Abidjan. « 5 morts », « 8 morts », les sms ont donné de la sueur froide. « Ce n’est pas un bon signe », nous lance à Marcory un chauffeur de wôrô wôrô (taxi communal). Décembre, ça rappelle dit-il des mauvais souvenirs du côté de la Maca.



La zone est bouclée par une force d’intervention mixte composée des différentes unités d’interventions, de la police, de la gendarmerie et du Centre de commandement des opérations de sécurité (Cecos). L’accès est interdit aux civils. Les parents des pensionnaires qui s’y étaient rendus ce jour de visite autorisée, aux premiers grincements, agitations bruyantes, ont été priés d’évacués les lieux. Selon un agent penitentier, c’est aux environs de 9 h, que la révolte a commencé. « Ils sont descendus des cellules et ont commencé à démonter les grillages. Ils étaient bien déterminés à recouvrer de force la liberté. Ils disent qu’ils veulent aller à Abidjan », témoigne ce garde pénitencier. Dans l’après-midi de ce samedi, la tension baisse mais la vigilance est de mise. Les automobilistes sont de nouveau autorisés à circuler sur la route nationale qui passe non loin de la MACA. Le long du tronçon, des agents de la Police nationale sont postés tous les cinquante mètres, kalachnikov au poing. A l’entrée du périmètre, un véhicule 4X4 du CECOS surmonté d’une arme, est dirigée sur la route principale. Les soldats procèdent à un contrôle strict des entrées. « Qui êtes-vous ? », demande poliment le Maréchal des logis. « Journaliste à Le Patriote ». Devant le grand portail de la Maca, les véhicules des FDS en nombre important occupent l’espace. Le Mouvement ivoirien des droits de l’homme (Midh) qui suit de près l’événement n’a pas voulu faire de déclaration. « Il était exactement 10h42mn lorsque nous avons appris que quelques détenus seraient en train de manifester à l’intérieur contre les gardiens, le temps de les calmer afin que l’opération reprenne. Nous nous sommes retirés pour mieux appréhender ce qui se passe. C’est en ce moment que les premiers tirs de somation tonnent de l’intérieur de la Maca. On croyait que c’était à titre dissuasif qui allait prendre fin très vite. Que non ! L’ordre sera donné à tous les gardes en civile de se mettre en treillis, « prêt pour le combat». De quel combat est-il question ? La réponse à la question de notre confrère va couler de source puisque les minutes qui suivent vont être mouvementées par des tirs nourris venant de l’intérieur de la prison », témoigne un confrère parti rendre visite.

Pas de mort selon le CECOS

Le Directeur des affaires pénitentiaires, Coulibaly Mohamed et le procureur de Yopougon trouvés sur place aux environs de 13h ont multiplié les conciliabules. Le Commissaire Robe, chef de la planification des opérations du CECOS qui tient une réquisition manuscrite du procureur de Yopougon Rouba Daleba, a maintenant les ‘‘mains libres’’ pour lancer l’assaut contre les bagnards rebelles. Du moins les contraindre à remonter dans leurs cellules. Des coups de rafales et de gaz lacrymogène déchirent le ciel. Le crépitement s’intensifient, s’arrêtent et reprend de façon sporadique. A 16h 05, un sous-officier de gendarmerie sorti de la chaudière lance à un collègue ceci : « Ils sont maintenant regroupés mais les soudeurs qui doivent replacer les grilles ne sont pas encore arrivés ». A la presse, c’est l’omerta. Personne ne veut faire de déclaration hasardeuse. Quelques instants après, apparaît celui que la presse recherche. Solide gaillard au teint clair, en tenue civil, tee shirt jaune recouvert d’un gilet pare balles : Commissaire Robe. « Je ne parle pas parce que je n’ai pas encore terminé mon opération. C’est un travail de professionnel » mais s’empresse-t-il d’ajouter : « Il n’y a pas de morts. Ce sont les prisonniers qui se poignardent entre eux ». Bilan officiel, 5 blessés parmi les prisonniers. Ils sont évacués sur le Chu de Treichville pour recevoir les soins. Aux environs de 19 h, un des blessés est ramené à la « maison ». Le procureur de Yopougon arrivé quelques heures auparavant, aidé des premiers responsables de la MACA et des officiers en charge de l’opération engage les discussions avec les pensionnaires. Il faut les faire remonter dans leur cellule avant la tombée de la nuit. Mais les caïds ne veulent pas se laisser conter. Jusqu’à 20 h 38, le procureur Rouba Daleba était encore au four et au moulin. Les FDS, elles ont procédé à la relève des troupes, tout en renforçant le dispositif. Alors que l’on croyait que tout était rentré dans l’ordre, ce dimanche matin, le crépitement du gaz lacrymogène a repris. « Samedi aux environ de 4 h, il y’a des évadés. Ce matin aux environ de 9h, il y’a eu des évadés. Ils ont escaladé la clôture du côté de la forêt. Donc, il y’a eu des tirs nourris .C’est un élément du Cecos qui nous a donné l’information », raconte un habitant, joint hier au téléphone à 20 h16. L’information n’a pu être vérifiée auprès d’une source indépendante. L’armée quand à elle à renforcer son dispositif. Le Mouvement ivoirien des droits de l’homme (Midh) qui suit de près l’événement n’a pas voulu faire non plus de déclaration.
Sur les raisons exactes de cette révolte, la polémique s’enfle. Selon un visiteur les détenus des bâtiments A et B manifestaient contre leurs gardiens du fait qu’ils ne pouvaient avoir de contact direct avec leurs visiteurs, contrairement aux assimilés qui eux étaient libre de recevoir les leurs. Pour un garde pénitencier, les tentatives d’évasion en décembre sont une tradition. A la Maca, le feu n’est pas encore éteint.

Le Patriote

Lundi 15 Décembre 2008 - 10:32


div id="taboola-below-article-thumbnails">

Nouveau commentaire :
Facebook Twitter