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Macky Sall et les girouettes médiatiques



Macky Sall et  les girouettes médiatiques
Parmi les nombreuses curiosités de la seconde alternance vécue par le Sénégal, on note de la part du nouvel homme fort du pays une volonté de rallier sous sa bannière des figures connues de la société civile et du monde des médias. En clair, la stratégie qui se dessine en creux, ou ce qui en tient lieu, consiste à museler des « grandes gueules » qui ont causé beaucoup de torts à l’ancien régime par des prises de position souvent tonitruantes à travers les médias.

De manière assez habile, le président Macky Sall a commencé, au début de son magistère, à prendre dans ses filets Penda Mbow. L’historienne a très rapidement intégré l’entourage proche de la première dame au sein de la Fondation « Servir le Sénégal » avant d’être bombardée déléguée du Sénégal à la francophonie tandis que Jacques Habib Sy, connu par ses philippiques anti-Wade est promu délégué à l’organisation du sommet de la francophonie.

Membre du M23 et soutien actif de Moustapha Niasse, comme sonnée par les résultats du premier tour, Penda Mbow n’avait pourtant pas hésité à critiquer vertement Macky Sall, l’accusant clairement, sur le plateau de la 2STV, d’avoir bénéficié d’un « vote ethnique». Un autre membre actif du M23, Abdoul Aziz Diop, lui aussi procureur virulent des Wade, a été nommé conseiller spécial du chef de l’Etat.

Mais de tous ces « médiacrates », celui qui semble avoir décroché le pompon reste sans conteste Abdou Latif Coulibaly. Nommé ministre-conseiller au lendemain de sa participation à une émission de radio où il avait laissé poindre beaucoup d’aigreur pour avoir été laissé en rade, il est rapidement monté en grade à la faveur du dernier remaniement. Il a intégré le conseil des ministres en héritant de la fonction de porte-parole d’un gouvernement qu’il avait qualifié d’ « erreur de casting » ! Dans un retournement de kaftan extraordinaire, « Latif », reniant son mentor Niasse a tour à tour rallié l’Apr, raillé ses anciens protégés du mouvement « Y en Marre » et renié les « Assises nationales » dont il fut l’un des plus grands thuriféraires ! Chapeau, l’artiste !

Quel sentiment l’actuel président de l’Assemblée nationale doit-il avoir pour ses gens-là qui hier seulement, le portaient aux nues avant de se découvrir sur le tard Mackystes purs et durs avec ce zèle et cette outrance si caractéristique des nouveaux convertis ?

Mais le cas le plus surprenant reste sans doute celui d’un non moins célèbre journaliste : Souleymane Jules Diop. La « carrière » médiatico-politique de cet ancien chroniqueur vaut le détour et donne le tournis. Ancien conseiller en communication du Premier ministre Idrissa Seck avant d’être sèchement remercié par ce dernier, « Jules », star du web adulé dont les « prêches » étaient religieusement attendus par un nombreux public, a eu sa part de gâteau comme représentant du Sénégal à la mission économique de Bruxelles où il semble ne pas avoir un bureau tant l’homme est omniprésent à Dakar. En attendant peut-être d’être parachuté au palais de la République comme chargé de la communication présidentielle !

Quelle ironie du sort. Souleymane Jules Diop est avant tout l’homme qui a appelé à voter pour Moustapha Niasse et qui, dans une chronique intitulée, « Que Macky Sall nous dise », écrivait ceci :

« Macky Sall a nourri pendant trois ans la horde de plumitifs du journal « Il est midi » qui ont fait déferler leurs baves injurieuses sur d’honnêtes citoyens et sur moi-même. Son homme de main, Ndiogou Wack Seck, dans ses meilleurs jours, avait même bénéficié d’un groupe électrogène acheté par la Primature que dirigeait Macky Sall, qui indiquait lui-même la voie à suivre en s’attaquant à des hommes honorables comme Mamadou Dia et Amath Dansokho. (…)l louait un modeste appartement à Derklé. Il possède maintenant une radio qui vaut 200 millions de francs, un appartement plus coûteux à Huston, une maison qui vaut un milliard de francs dans laquelle il vient de déménager avec un parc automobile que personne ne possède dans ce pays. Qu’il nous dise comment il s’est bâti cette fortune colossale en six ans. Nous osons aussi lui demander, lui qui a fait nommer sa sœur à l’ambassade du Sénégal à Paris, son frère à l’ambassade du Sénégal en Chine, son beau-frère au Consulat à New-York, s’il ne souffre pas des mêmes maux dont il accable l’actuel régime ».

Comme Penda Mbow et Latif Coulibaly, SJD, comme l’appelle ses fans, veut "aider" Macky Sall. Ainsi, il compte prendre en main la communication de l’homme qu’il accusait de détournement en décembre 2011 !

Par quelle opération du saint esprit le président Macky Sall est-il arrivé à faire de ces pourfendeurs d’hier, qui le sous-estimaient ouvertement et témoignaient peu de considération pour sa personne, des hommes clefs de son régime ? Et ceci au détriment de ces camarades d’hier qui ont pris beaucoup de risque en l’accompagnant dans sa traversée du désert ? On n’ose soupçonner un président brillamment élu par 65% de la population d’être complexé par des forts en gueule dont la réelle représentativité, inexistante au-delà des médias, reste à démontrer. Et il faut être d’une confondante naïveté politique pour croire qu’il suffit de les avoir avec soi pour étouffer toute contestation. Avertissement à peu de frais : les Niassistes devenus Mackystes n’hésiteront pas demain une seule seconde à devenir les premiers Seckistes. C’est le destin implacable, et parfois lamentable, de toutes les girouettes.

Fodé DIOP Massaer
Fodediop67@yahoo.fr

Fodé DIOP Massaer

Vendredi 1 Février 2013 - 12:12


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