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#Migrations - Avec 1600 milliards Cfa injectés en 2021 au Sénégal, les migrants plus précieux que l'Aide publique au développement

Dans notre Chapitre (Avril-Juin) consacré aux Migrations (20 reportages, mini-dossiers, interviews sur la question des Migrations au Sénégal), en collaboration avec l'organisation Article 19, nous avons fait le diagnostic du flux financier qui découle des fonds envoyés par les migrants sénégalais. Un gros pactole qui a atteint les 1000 milliards FCFA par an et qui participe au développement local.

Malgré les multiples restrictions liées à la pandémie à la Covid-19, les transferts de fonds des migrants sont en hausse. Déjà plus de 2,6 milliards de dollars (1600 milliards FCFA) ont déjà été envoyés en 2021 par les migrants sénégalais, selon le rapport de la Banque mondiale « Migration and Development report ». Ces transferts de fonds proviennent essentiellement du continent européen qui a émis 56,4% des flux, suivi par l’Afrique (33,2%) et dans une moindre mesure l’Amérique (10,3%). Les flux financiers générés par la migration, ont montré que ces envois de fonds dépassent de loin les montants investis par l’Aide publique au développement. Les transferts de fonds constituent une "véritable bouée de sauvetage" pour les familles des émigrés. Ils permettent à la réalisation de nombreux projets (jardins maraichers, forages, écoles, électrification, pistes de production).



#Migrations - Avec 1600 milliards Cfa injectés en 2021 au Sénégal, les migrants plus précieux que l'Aide publique au développement
La pandémie de coronavirus avait  provoqué en 2020, un tarissement des envois de fonds des migrants vers le Sénégal. Mais en 2021, le flux d’envois de fonds vers le pays de la Téranga avait connu une augmentation constante. Des chiffres records ont été notés en 2021. Les sommes d'argent expédiées par les migrants vers le Sénégal ont déjà atteint 2,6 milliards de dollars (1600 milliards FCFA), soit une hausse de de 79 % par rapport aux 1,4 milliard de dollars transférés en 2009. 
 
 Selon la Banque mondiale, le montant total de ces envois de fonds représentait un peu plus de 2,6 milliards USD en 2019, soit une augmentation de 79 % par rapport aux 1,4 milliards USD transférés en 2009, et équivalant à 10,5 % du PIB national. Ces chiffres font du Sénégal l’un des cinq pays d’Afrique subsaharienne recevant le plus de transferts de fonds, et l’un des 10 premiers pays sur 42 pays pour la part du PIB représentée par les transferts de fonds.
 
 La répartition des transferts d’argent à l’international dans le pays est gérée par des sociétés de transferts d’argent international, telles que MoneyGram, Ria, Small World et Western Union, ainsi que Wari, la société de transfert d’argent sénégalaise la plus importante. La plupart des services de transfert d’argent fonctionnent sur un principe de collecte « de la main à la main », ce qui implique un déplacement jusqu’à l’agence pour recevoir l’argent en liquide.

Si en temps normal cette opération représente un coût financier et d’opportunité, elle est actuellement soumise à de fortes restrictions. Le confinement restreint également les agences dans les pays d’envoi, où les transferts d’argent envoyés par les communautés de diaspora reposent également en grande partie sur des versements en espèces.

Au Royaume-Uni par exemple, une étude menée en 2015 et 2016 a démontré que l’argent liquide envoyé par l’intermédiaire d’agences constituait la solution privilégiée pour une grande majorité des envois de fonds vers l’Afrique (dans 90 % des cas).
 
Les fonds des migrants dépassent les montants investis par l’Aide publique au développement



 
 

Base de données de la division population des Nations Unies, en 2015
Base de données de la division population des Nations Unies, en 2015
La relation entre la migration et le développement n’est plus à démontrer de par l’intérêt entourant les transferts ou envois de fonds des migrants qui ne cessent de croitre, de même que leurs incidences sur les économies locales des pays d’origine. 
De nombreuses études, portant sur les flux financiers générés par la migration, ont montré que ces envois de fonds dépassent de loin les montants investis par l’Aide publique au développement (1,4 milliard de dollars), et cela sans tenir compte de l’importance que revêt les flux informels et de marchandises.

Selon les statistiques de la Banque mondiale, le Sénégal est le quatrième pays de l’Afrique Subsaharienne récepteur des transferts financiers en provenance de ses ressortissants résidant à l’étranger, derrière le Nigeria (24 356 millions de dollar US), le Ghana (3 536 millions de dollar US) et le Kenya (2 719 millions de dollar)
US). Durant la période 2000-2019, le montant des envois vers le pays a connu une évolution à la hausse allant de 233 millions de dollars US en 2000 à 2 422  millions de dollars US en 2018, en passant par 1 478 millions de dollars US en 2010.
 
Ces transferts de fonds proviennent essentiellement du continent européen qui a émis 56,4% des flux, suivie par l’Afrique (33,2%) et dans une moindre mesure l’Amérique (10,3%)
 
Transferts de fonds des migrants peu orientés vers les investissements
 
Avec plus de 600.000 sénégalais recensés résidant à l’étranger. Plus de 45%  résident en Europe de l’Ouest et du Sud, 39% vivent en Afrique de l’Ouest, l’Amérique du Nord concentre 8%, l’Afrique Centrale 6% et l’Europe du Nord 0,5%, selon la base de données de la division population des Nations Unies, en 2015.  

Selon un rapport de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) Sénégal, sur la Balance des paiements et positions extérieures globales, réalisé en 2017, l’essentiel des transferts de fonds des migrants (90,7%) est destiné aux dépenses courantes des familles des émigrés, contre seulement 9,3% consacrés à de l'investissement principalement dans l’immobilier
 
La source note une croissance moyenne annuelle de 10,8% des fonds en provenance de la diaspora. Les envois de fonds des migrants sont passés de 750 milliards FCFA en 2012 à 1 174 Milliards FCFA en 2017 soit 9,4% du PIB. 
 
En 2017, l'essentiel des transferts (90,7%) était destiné aux dépenses courantes des familles des émigrés. En effet, seulement 9,3% étaient consacrés à de l'investissement principalement immobilier.

Ces transferts ont un impact économique et social dans le pays. Les montants transférés par la diaspora représentent une part non négligeable par rapport au PIB du Sénégal (10,5% du PIB).
Ensuite, ces transferts contribuent fortement à améliorer les réserves de change des pays récepteurs et contribuent ainsi à l’amélioration de la balance des opérations courantes de nombreux pays du continent.
 

L’impact des investissements des migrants 

Selon le rapport de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) sur la « Situation économique et sociale du Sénégal en 2016 », l’essentiel des transferts proviennent des migrants originaires de cinq régions : Diourbel (17,0 %), Dakar (15,9 %), Kaolack (14,5 %), Thiès (14,1 %) et Matam (10,9 %) qui contribuent à hauteur de 73% du montant total des transferts des migrants. En revanche, la part des transferts des migrants est moins importante pour les migrants natifs des régions de Fatick (3,1 %), Ziguinchor (3,6 %) et Tambacounda (3,9 %).

 A Matam, les émigrés jouent un rôle important sur le plan économique. Depuis plusieurs décennies, la migration est une tradition très bien ancrée dans cette région. Les investissements dans la région portent la marque indélébile des migrants qui ont choisi d’aller gagner leur vie loin de leur pays.
Quand les migrants financent les projets de développement de leurs localité
Cette région compte une colonie d’émigrés qui sont éparpillés en France, Allemagne, Espagne, Etats-Unis,  Angleterre, Italie, Suisse, Belgique, Gabon, Congo, Cameroun et un peu partout dans le monde. Les migrants restent très attachés à leur village et demeurent plus que jamais soucieux de prendre en main les dynamiques de changement et de développement de leur terroir. Les transferts d’argent des migrants aident les populations à subvenir à leurs besoins essentiels (nourriture, santé, éducation, agriculture…). Ils permettent à la réalisation de nombreux  projets (jardins maraichers, forages, écoles, électrification, pistes de production) dans leur terroir.

Les multiples investissements et projets à dimension sociale des migrants ont permis la réalisation des infrastructures et équipements sociaux de base. Ils sont considérés comme de véritables moteurs de développement. L’ascension sociale de ces émigrés pousse beaucoup de jeunes à prendre le chemin de l’émigration.
 
 

Moussa Ndongo

Jeudi 5 Mai 2022 - 13:01


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