Chaque mois d’octobre, le monde se teinte de rose. Des rubans sur les vêtements, des campagnes de sensibilisation, des slogans pleins de bienveillance. On parle du cancer du sein, on célèbre le courage, on rappelle l’importance du dépistage. Et c’est bien.
Mais parlons franchement : le rose ne suffit pas.
Parce qu’au-delà des affiches et des marches solidaires, il y a une réalité brute, crue, parfois violente — celle de millions de femmes qui se battent dans le silence, la douleur, et souvent… la honte.
Dans nos sociétés africaines, la maladie de la femme reste encore un tabou. On parle du corps féminin pour le désirer, rarement pour le comprendre. On glorifie la maternité, mais on tait la souffrance. Une femme qui tombe malade devient une “charge”, parfois une “malédiction”. Certaines cachent leur tumeur jusqu’à la dernière minute, par peur du regard, par manque de moyens, par fatalisme.
Et pourtant, de Dakar à Paris, de Thiès à Marseille, les corps des femmes racontent la même histoire : celle d’un combat permanent. Contre la douleur, contre les préjugés, contre un système de santé souvent inégal.
J’ai grandi entre deux mondes : l’Afrique de la pudeur et l’Occident de la prévention. Deux univers qui se croisent, mais ne se comprennent pas toujours. En Afrique, on me dit : “Dieu décidera.” En Occident, on me dit : “Faites votre mammographie.” Et moi, je me dis : Dieu a aussi créé la science.
Le vrai combat d’Octobre Rose, c’est celui de la connaissance. De l’accès aux soins. De la prise en charge réelle, pas seulement symbolique. Parce que la sensibilisation sans moyens, c’est du vent.
Dans certains hôpitaux, on diagnostique encore trop tard. On manque de matériel, de spécialistes, de suivi psychologique. On soigne la tumeur, mais pas la femme. Et c’est là le drame.
Mais cette chronique n’est pas un cri de désespoir. C’est un cri d’espoir lucide. Car partout, des femmes se lèvent, se battent, témoignent, brisent le silence. Des associations, des médecins, des bénévoles redonnent sens à ce mot souvent galvaudé : solidarité.
Oui, il faut dépister. Oui, il faut parler. Oui, il faut oser regarder la maladie en face. Mais il faut aussi repenser la santé des femmes dans son ensemble : leurs souffrances, leurs cycles, leurs grossesses, leurs ménopauses, leurs blessures invisibles. Car le corps féminin n’est pas qu’un terrain de diagnostic — c’est un territoire sacré qu’il faut écouter.
Alors, en ce mois d’Octobre Rose, je n’ai pas envie de me contenter de porter un ruban. J’ai envie de poser une question : quand la santé des femmes deviendra-t-elle une priorité, et non une cause saisonnière ?
Parce qu’une femme en bonne santé, c’est une famille debout, une société stable, un avenir possible.
Le rose ne doit pas être qu’une couleur d’espoir : il doit devenir une couleur d’action.
Et si nous cessions de célébrer le courage des femmes pour, enfin, leur éviter d’avoir à être courageuses ?
Marie Barboza MENDY
Chronique hebdomadaire – Regards croisés d’une Franco-Sénégalaise
Mais parlons franchement : le rose ne suffit pas.
Parce qu’au-delà des affiches et des marches solidaires, il y a une réalité brute, crue, parfois violente — celle de millions de femmes qui se battent dans le silence, la douleur, et souvent… la honte.
Dans nos sociétés africaines, la maladie de la femme reste encore un tabou. On parle du corps féminin pour le désirer, rarement pour le comprendre. On glorifie la maternité, mais on tait la souffrance. Une femme qui tombe malade devient une “charge”, parfois une “malédiction”. Certaines cachent leur tumeur jusqu’à la dernière minute, par peur du regard, par manque de moyens, par fatalisme.
Et pourtant, de Dakar à Paris, de Thiès à Marseille, les corps des femmes racontent la même histoire : celle d’un combat permanent. Contre la douleur, contre les préjugés, contre un système de santé souvent inégal.
J’ai grandi entre deux mondes : l’Afrique de la pudeur et l’Occident de la prévention. Deux univers qui se croisent, mais ne se comprennent pas toujours. En Afrique, on me dit : “Dieu décidera.” En Occident, on me dit : “Faites votre mammographie.” Et moi, je me dis : Dieu a aussi créé la science.
Le vrai combat d’Octobre Rose, c’est celui de la connaissance. De l’accès aux soins. De la prise en charge réelle, pas seulement symbolique. Parce que la sensibilisation sans moyens, c’est du vent.
Dans certains hôpitaux, on diagnostique encore trop tard. On manque de matériel, de spécialistes, de suivi psychologique. On soigne la tumeur, mais pas la femme. Et c’est là le drame.
Mais cette chronique n’est pas un cri de désespoir. C’est un cri d’espoir lucide. Car partout, des femmes se lèvent, se battent, témoignent, brisent le silence. Des associations, des médecins, des bénévoles redonnent sens à ce mot souvent galvaudé : solidarité.
Oui, il faut dépister. Oui, il faut parler. Oui, il faut oser regarder la maladie en face. Mais il faut aussi repenser la santé des femmes dans son ensemble : leurs souffrances, leurs cycles, leurs grossesses, leurs ménopauses, leurs blessures invisibles. Car le corps féminin n’est pas qu’un terrain de diagnostic — c’est un territoire sacré qu’il faut écouter.
Alors, en ce mois d’Octobre Rose, je n’ai pas envie de me contenter de porter un ruban. J’ai envie de poser une question : quand la santé des femmes deviendra-t-elle une priorité, et non une cause saisonnière ?
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