Assis à côté de moi dans le bus entre Atlanta et Orlando, un jeune homme très maigre, très pâle, à qui il manque au moins une dent. J’ai du mal à comprendre toutes ses phrases tellement son accent rural est fort.
Voyager en bus, au pays de la voiture, est un moyen privilégié de côtoyer tous ces Américains qui n’ont pas les moyens de se payer un véhicule. Nelson est très agité, « en manque de came, mais moins que ma mère », me dit-il, faisant allusion à ces médicaments anti-douleurs auxquels il est accro, comme des dizaines de milliers de ses concitoyens. Une règlementation est passée en janvier dernier pour limiter leur prescription. Résultat, les gens qui ne peuvent plus s’en passer ont recours aujourd’hui à l’héroïne et aux méta-amphétamines pour les remplacer.
Nelson se rend chez sa mère « pour l’aider à trouver de quoi se soulager ». Il l’a eu au téléphone et il a peur qu’elle « fasse une bêtise ». Les suicides sont le mal silencieux de ce pays, ravagé par une épidémie beaucoup plus profonde que le Covid-19 : l’addiction aux opiacées. Une face cachée de l’Amérique, peu médiatisée. Ni Nelson, ni sa mère n’iront voter cette année.
« Qu’est-ce que tu vas faire à Orlando ? »
« Vous devez porter le masque pendant tout le voyage. Ne parlez pas trop fort. Tirez la chasse aux toilettes. Si j’ai à répéter une de ces règles, je vous garantis que je vous fais descendre du bus au milieu de l’autoroute. » Il n’a pas l’air de rigoler, ce chauffeur. En pleine pandémie, le bus n’est pas très recommandé, pourtant il est plein. Les prix par rapport à l’avion sont imbattables et les gares de bus sont situées en centre-ville, dans des quartiers assez populaires. Pour 55 dollars, nous allons parcourir 700 kilomètres en huit heures. Un des passagers a déjà repoussé son masque sur son menton. Comme souvent, je suis l’une des rares femmes, et à part Nelson, la seule Blanche.
« Qu’est-ce que tu vas faire à Orlando ? », me demande à la pause dans une station-essence un quarantenaire hispanique rasé de près. Il porte une large casquette et, autour du cou, un chaînon doré avec une croix. Sur son avant-bras il a fait tatouer le mot « familia ». Miguel est originaire de Floride, mais il a été arrêté en Louisiane où il est resté presque trois ans derrière les barreaux. Il ne me dit pas pourquoi. La Louisiane est l’État avec le plus fort taux d’incarcération du pays. « C’est abusé, tu peux être condamné à deux ans de prison pour "utilisation d’un véhicule sans autorisation". Avant c’était dix ans ! », me dit-il les yeux écarquillés.
Voyager en bus, au pays de la voiture, est un moyen privilégié de côtoyer tous ces Américains qui n’ont pas les moyens de se payer un véhicule. Nelson est très agité, « en manque de came, mais moins que ma mère », me dit-il, faisant allusion à ces médicaments anti-douleurs auxquels il est accro, comme des dizaines de milliers de ses concitoyens. Une règlementation est passée en janvier dernier pour limiter leur prescription. Résultat, les gens qui ne peuvent plus s’en passer ont recours aujourd’hui à l’héroïne et aux méta-amphétamines pour les remplacer.
Nelson se rend chez sa mère « pour l’aider à trouver de quoi se soulager ». Il l’a eu au téléphone et il a peur qu’elle « fasse une bêtise ». Les suicides sont le mal silencieux de ce pays, ravagé par une épidémie beaucoup plus profonde que le Covid-19 : l’addiction aux opiacées. Une face cachée de l’Amérique, peu médiatisée. Ni Nelson, ni sa mère n’iront voter cette année.
« Qu’est-ce que tu vas faire à Orlando ? »
« Vous devez porter le masque pendant tout le voyage. Ne parlez pas trop fort. Tirez la chasse aux toilettes. Si j’ai à répéter une de ces règles, je vous garantis que je vous fais descendre du bus au milieu de l’autoroute. » Il n’a pas l’air de rigoler, ce chauffeur. En pleine pandémie, le bus n’est pas très recommandé, pourtant il est plein. Les prix par rapport à l’avion sont imbattables et les gares de bus sont situées en centre-ville, dans des quartiers assez populaires. Pour 55 dollars, nous allons parcourir 700 kilomètres en huit heures. Un des passagers a déjà repoussé son masque sur son menton. Comme souvent, je suis l’une des rares femmes, et à part Nelson, la seule Blanche.
« Qu’est-ce que tu vas faire à Orlando ? », me demande à la pause dans une station-essence un quarantenaire hispanique rasé de près. Il porte une large casquette et, autour du cou, un chaînon doré avec une croix. Sur son avant-bras il a fait tatouer le mot « familia ». Miguel est originaire de Floride, mais il a été arrêté en Louisiane où il est resté presque trois ans derrière les barreaux. Il ne me dit pas pourquoi. La Louisiane est l’État avec le plus fort taux d’incarcération du pays. « C’est abusé, tu peux être condamné à deux ans de prison pour "utilisation d’un véhicule sans autorisation". Avant c’était dix ans ! », me dit-il les yeux écarquillés.
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