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Ouverture du procès très attendu de l’ex-président Hissène Habré

Le rideau s’ouvre ce lundi matin à Dakar sur un procès très important pour l’Afrique, celui de Hissène Habré. L’ancien président du Tchad, exilé au Sénégal depuis sa chute en 1990, est poursuivi pour crimes contre l'humanité, crimes de guerre et torture. Ce sera la première fois dans l’histoire qu’un ancien président sera jugé dans un pays qui n’est pas le sien pour des crimes liés aux droits de l’homme, au nom de la compétence universelle.



Tout est parti d’une idée un peu folle à une époque où nul ne pouvait imaginer qu’un jourHissène Habré  devrait répondre de ses actes. Pour en arriver là, il a fallu plus de 15 ans de bataille judiciaire acharnée, menée par les victimes et les organisations qui les accompagnent, au nom de la lutte contre l’impunité, de décisions en ajournement, d’arrêts en appel, d’appels en renvoi, jusqu’à ce que finalement le Sénégal, en accord avec l’Union africaine, ne se décide à mettre en place les chambres africaines extraordinaires inaugurées en février 2013.

« Aujourd’hui, c’est la victoire de la ténacité, de la persévérance et de l’imagination. Un hommage aux survivants de ce régime brutal », affirme le défenseur des droits de l’homme, Reed Brody : « Ce qui était impensable il y a quelques années encore, devient réalité et cela ouvre un chemin pour d’autres victimes en Afrique et dans le monde. »

L’instruction a duré 19 mois. Les juges ont effectué quatre commissions rogatoires au Tchad, auditionné environ 2 500 témoins et victimes et surtout exploité les archives de la DDS, la police politique de Hissène Habré.

L'ex-président refuse d'assister aux audiences

 

De son côté, l’ancien président tchadien ne reconnait pas le tribunal qui va le juger. Hissène Habré a toujours gardé le silence  pendant les auditions et il a fait savoir par le biais de ses avocats qu’il refusait d’assister aux audiences. « Ce procès n’est qu’une mascarade et à moins qu’il ne décide de changer de stratégie, Hissène Habré ne veut pas assister aux audiences », ont rapporté les avocats de l’ancien président tchadien. Dans tous les cas, il gardera le silence. « Hissène Habré refuse de s’abaisser à se justifier », confie l’un de ses défenseurs, qui dénonce « un procès joué d’avance après une instruction à charge », « une parodie de justice ».

A-t-il peur de regarder dans les yeux ses victimes ? Pas du tout répond l’avocat : « ce qui me surprend chez lui, c’est son calme. Peut-être est-ce les années de rébellion ? Peut-être s’est-il forgé une carapace ? Peut-être s’est-il préparé à ce procès depuis longtemps ? Mais on a l’impression que ce qui se passe n’a pas de prise sur lui. »

Le procès devrait durer trois mois

En vertu de la procédure sénégalaise, le président de la cour a la possibilité de faire comparaitre de force l’ancien chef d’Etat, menotté s’il le faut. Le fera-t-il ? C’est la grande inconnue de cette journée d’ouverture.

Pour les victimes, voir Hissène Habré dans le box des accusés est quelque chose de très important. Elles voudraient entendre sa version des faits, le timbre de sa voix. Elles voudraient pouvoir croiser son regard, décrypter les expressions sur son visage et surtout témoigner en sa présence.

Mais pour l’avocate tchadienne Jacqueline Moudeina, quelle que soit la stratégie de Hissène Habré, il ne faut pas perdre de vue l’essentiel, c'est-à-dire que ce procès s’ouvre enfin.

Le procès devrait durer trois mois. Une centaine de témoins et victimes sont attendus à la barre.


Rfi.fr

Lundi 20 Juillet 2015 - 09:03


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