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Portrait: Jean Sarkozy, un fiston à piston

A 23 ans, le fils du Président doit diriger la structure qui gère le quartier d’affaires de La Défense. Une nomination qui fleure le népotisme.



Portrait: Jean Sarkozy, un fiston à piston
Le fils du prince aura désormais sa baronnie. Un fief qui en fera bientôt l’un des plus puissants jeunes hommes de France. Le 4 décembre, Jean Sarkozy, 23 ans, fils cadet du chef de l’Etat, devrait prendre les rênes de l’Etablissement public d’aménagement de la Défense (Epad). Une structure chargée de la gestion et de l’urbanisation d’un des plus importants quartiers d’affaires d’Europe avec pas moins de 2 500 sièges sociaux, situé à l’ouest de Paris. Et qui représente une véritable manne pour le département des Hauts-de-Seine, l’un des plus riches du pays.

Caciques. Elu en mars 2008 conseiller général UMP des Hauts-de-Seine, Sarkozy fils, accapare les postes clés les uns après les autres sur cette terre d’élection de Sarkozy père. Trois mois seulement après son élection, il se fait bombarder président du groupe UMP au conseil général. Sa boulimie pousse vers la sortie les caciques de l’UMP avec la bénédiction du locataire de l’Elysée. Atteint par la limite d’âge, Patrick Devedjian, 65 ans, président du conseil général des Hauts-de-Seine, devait donc abandonner son fauteuil à l’Epad. Pour faciliter l’arrivée de Jean Sarkozy, le second conseiller général au sein du conseil d’administration de l’Epad, Hervé Marseille, maire (Nouveau Centre) de Meudon, a obligeamment démissionné afin d’y permettre son entrée. L’édile avait dû s’incliner une première fois alors qu’il briguait la présidence du groupe UMP au département avec le soutien de Devedjian. Beau joueur, Hervé Marseille assure que «s’il ne portait pas le nom de Sarkozy, un tel battage n’aurait pas lieu. Nous avons cherché à assurer la gouvernance de l’Epad», en pleine relance et à la veille d’un plan de restructuration.

«L’hyperprésident nous a refilé le superfiston», ironise un conseiller général UMP, inquiet de voir «le conseil général se transformer en chambre d’enregistrement des décisions du Château». Numéro 2 du Modem, Marielle de Sarnez se dit «suffoquée» : «Tout est fait pour favoriser son irrésistible ascension dans les Hauts-de-Seine. C’est très grave. Cela montre que le chef de l’Etat ne connaît aucune limite. Nous assistons à une caricature du fait du prince. Tout cela est absolument contraire aux principes de la République.» Un conseiller municipal (Modem) de Puteaux, Christophe Grébert, vient même de lancer une pétition pour inviter Jean Sarkozy «à reprendre ses études de droit et à faire quelques stages en entreprise. Présider un tel établissement demande expérience et compétence». L’opposition PS-PCF ne se prive pas, elle aussi, de pointer du doigt sa jeunesse et son inexpérience. «Il faut respecter une certaine décence, estime Jean-Paul Huchon, le président (PS) de la région Ile-de-France, cette affaire montre que les Hauts-de-Seine sont devenus une affaire de famille.» «Il s’agit bel et bien d’assurer la pérennité du clan et de verrouiller les organes de décision de tout le secteur», s’insurge le maire (PCF) de Nanterre, Patrick Jarry.

Couteaux. Le garçon pressé a bien appris du père. Et fait, de coups tordus en coup de force, des modèles d’action pour assurer la pérennité du nom Sarkozy dans les Hauts-de-Seine. Là où son papa a construit son règne de député, de maire puis de président du conseil général, le fiston a réalisé une entrée fracassante, en 2008, lors des élections municipales. «Simple militant», Jean Sarkozy s’engage dans la campagne du candidat UMP désigné, David Martinon, porte-parole de Nicolas à l’Elysée, mais malmené dans les sondages. «David, moi à titre personnel, je voulais te dire un grand merci […] et te dire que nous, on te soutiendra à mort dans cette campagne», lançait-il durant la campagne électorale. Mais, à quelques semaines du premier tour, l’étudiant en droit à la Sorbonne sort les couteaux et participe au lâchage de Martinon, devant les caméras de télévision. Il soutient une liste dissidente menée par le chef local de l’UMP, Arnaud Teullé. Mais, conseillé par son père, il ne s’inscrira sur aucune liste. Ni sur celle de Teullé ni sur celle du futur élu UMP, Jean-Christophe Fromantin. Il n’y perd pas au change : on lui offre sur un plateau le canton de Neuilly-Sud, et il décroche son mandat de conseiller général. Dans la foulée, il prend la tête de l’UMP à Neuilly. Soutenu par les époux Balkany, qui règnent à Levallois-Perret, et par Charles Pasqua, ex-homme fort du département, il ravit la présidence du groupe UMP au conseil général. Patrick Devedjian n’a qu’à bien se tenir : lors du renouvellement triennal du conseil général, en 2011, il risque bien d’être la prochaine victime de l’ascension programmée du fils Sarkozy, bien décidé à diriger les Hauts-de-Seine. Comme papa.

Mame Coumba Diop

Jeudi 15 Octobre 2009 - 14:28


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