La Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (Centif) a célébré deux décennies de travail "exigeant" et "déterminé" au cours d'une cérémonie de haut niveau, marquée par la présence du ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba. L'événement n'a pas seulement été l'occasion de rendre hommage aux fondateurs et experts de l'institution, il a surtout servi de tribune pour dresser un état des lieux sans concession de la criminalité financière contemporaine et esquisser les orientations stratégiques de l'entité à l'horizon 2035.
Bamba Siby, président du Comité national de coordination et de la Centif a ouvert la cérémonie en félicitant l'assistance avant de rappeler que "l'Institut a été créé par une loi en 2004 et a commencé à fonctionner effectivement en 2005, justifiant la célébration des 20 ans en 2025".
Le Président a tenu à souligner un point fondamental concernant son rattachement au ministère des Finances. « On est certes rattachés au ministère des Finances, mais ce qui est de notre importance, c'est qu'à travers le traitement des cours financiers, on est plus ou moins autonome.
Il a précisé qu'aucun rapport d'activité annuel transmis au ministère ne contient « le contenu des rapports qui sont transmis au ministère des Finances » ni « le nombre de rapports qui sont impliqués dans ces rapports », garantissant l'intégrité de l'information. « Ces rapports ne sont pas produits par le ministère des Finances. Ils sont transmis directement au parquet financier. Le ministère des Finances n'a pas vocation à connaître les contenus des rapports ».
Le processus d'analyse et l’exclusion du rôle judiciaire
M. Cissé a fait savoir que la mission essentielle de la Centif, (qu'il a appelée « la CNB » dans une partie de son discours) est de "recevoir, traiter et diffuser les informations avant de les utiliser". Donc la Centif n'est pas également une autorité judiciaire. Il a insisté sur l'absence de rôle d'enquêteur ou de policier de la Cellule. « On n'est pas une autorité de police, on n'est pas une autorité judiciaire, donc on n'a pas à entendre les personnes ».
Le président de la Centif a souligné que le processus condamnatoire, s'installe uniquement après la transmission du rapport à l'autorité judiciaire des « chiffres Clés du Travail Opérationnel. Après avoir reçu 928 déclarations en 2024, la Centif, est déjà à 1 700 déclarations reçues en 2025 Et 46 rapports d’enquête ont été transmis au Parquet économique en 2024. Concernant la source des déclarations, il a indiqué que 85% environ viennent des banques, mais aussi des secteurs non-financiers (avocats, notaires).
Le délai de traitement est estimé selon M. Siby, entre la réception et la transmission au parquet, il peut s'écouler « un an, deux ans, trois ans », le temps d'enrichir l'information avec les appuis des partenaires étrangers.
L'échange d'informations avec les cellules de renseignement étrangères passe par le Groupe Egmont, qui regroupe à ce jour environ 110 États membres. « Pour avoir le droit d'échanger des informations avec des membres du groupe Egmont, il faut avoir une certaine autonomie... ce n'est pas une caution, c'est une obligation. On est autonome parce qu'une fois autonome, on peut échanger avec les autres. » L'adhésion au Groupe Egmont, effective depuis 2009, impose de monter des garanties d'autonomie et des règles d'efficacité.
La Structure Collégiale de Décision
Le travail de la Centif est un « travail collégial », non pas le fait d'un seul individu. Le Collège des membres est composé de six personnes, avec un mandat de 5 ans unique et non renouvelable pour le Président (issu obligatoirement du Ministère des Finances) et un mandat de 3 ans renouvelable (max 6 ans) pour les autres membres.
Ce collège est composé d’un cadre de la BCEAO, deux commissaires de police, un magistrat, un représentant des Finances, et le Président lui-même, obligatoirement issu du ministère des Finances. C'est ce Collège qui décide de la transmission ou non du dossier au Parquet ou de sa redirection, par exemple vers la Défense générale des droits fédéraux (DGD) si le risque est plus fiscal que lié au blanchiment.
Le Président a souligné que l'effectif de l'« assertif » (la Cellule) ne dépasse pas « une trentaine de personnes », ce qui rend le travail en amont effectué par les équipes techniques essentiel.
Le bilan marquant : la sortie de la liste grise
Lors de la séance de questions/réponses intégrée au discours, le Président Bamba Sibi a désigné le point le plus marquant des 20 dernières années.« L'une des activités les plus marquantes, en tout cas les résultats les plus marquants, à mon avis, c'est la sortie de la liste crise. Le [Sénégal] est sorti de la liste crise en octobre 2024... il a fallu mettre en œuvre 49 mesures... ces 49 mesures ont été remplies à 100% », a-t-il indiqué.
Les perspectives pour 2035 passent par le Plan stratégique 2025-2029, dont les points phares sont le « renforcement des ressources humaines en quantité et en qualité ».
Par ailleurs, le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, a ensuite pris la parole pour un discours structuré autour de trois axes, « hommage institutionnel, défis contemporains, et orientations stratégiques ».
Hommage aux 20 ans et priorité gouvernementale
Le ministre Diba a rendu hommage aux 20 années de travail ayant permis de construire la Centif, une institution devenue un pilier de la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme (FT) et la prolifération des armes de destruction massive.
Il a confirmé l'engagement du gouvernement à faire de la lutte contre la criminalité financière une « priorité nationale », inscrite dans la Vision 2050 du président de la République, qui repose sur l'exemplarité des institutions et la coopération internationale.
Les défis contemporains : complexité et prolifération
Le ministre a mis en garde contre une menace d'une « complexité inédite », soulignant un fait majeur. « La criminalité financière progresse plus vite que notre cadre législatif et réglementaire, et parfois même plus vite que nos institutions... les fluides illicites... se caractérisent aujourd'hui par une rapidité accrue, une opacité renforcée, et une interconnexion sans précédent, ignorant les frontières », a-t-il déclaré.
Il a insisté sur l'impact de la « prolifération des actifs virtuels, des plateformes numériques, des technologies de dissimulation » et la « brutalité silencieuse » de la traite des migrants. Face à des adversaires « aussi puissants, transnationaux et parfois d'une violence externe », la conclusion est un appel à la solidarité. « Aucune nation ne peut agir seule. Notre réponse doit être corrective, harmonisée et résolument proactive».
Montée en puissance et orientations stratégiques
Le ministre Diba a confirmé que la Centif a franchi un cap, s'affirmant comme un service opérationnel conforme au standard du Groupe Egmont depuis 2009 et ayant satisfait aux normes du GAFI.
La montée en puissance se traduit par : L'augmentation du volume et de la qualité des déclarations (notamment en 2021 et 2024), la digitalisation de ses process par une plateforme développée par ses techniciens, appelée IDELTA. la réussite des mesures pour la sortie de la liste grise du GAFI, la projection stratégique est portée par le Plan 2025-2029, dont la vision à l'horizon 2035 est de faire de la Centif une institution « au cœur de la gouvernance financière ».
Ce plan est crucial dans le cadre de la préparation de la troisième évaluation militaire du Sénégal, dont le rapport provisoire sera adopté en mai 2027.
Bamba Siby, président du Comité national de coordination et de la Centif a ouvert la cérémonie en félicitant l'assistance avant de rappeler que "l'Institut a été créé par une loi en 2004 et a commencé à fonctionner effectivement en 2005, justifiant la célébration des 20 ans en 2025".
Le Président a tenu à souligner un point fondamental concernant son rattachement au ministère des Finances. « On est certes rattachés au ministère des Finances, mais ce qui est de notre importance, c'est qu'à travers le traitement des cours financiers, on est plus ou moins autonome.
Il a précisé qu'aucun rapport d'activité annuel transmis au ministère ne contient « le contenu des rapports qui sont transmis au ministère des Finances » ni « le nombre de rapports qui sont impliqués dans ces rapports », garantissant l'intégrité de l'information. « Ces rapports ne sont pas produits par le ministère des Finances. Ils sont transmis directement au parquet financier. Le ministère des Finances n'a pas vocation à connaître les contenus des rapports ».
Le processus d'analyse et l’exclusion du rôle judiciaire
M. Cissé a fait savoir que la mission essentielle de la Centif, (qu'il a appelée « la CNB » dans une partie de son discours) est de "recevoir, traiter et diffuser les informations avant de les utiliser". Donc la Centif n'est pas également une autorité judiciaire. Il a insisté sur l'absence de rôle d'enquêteur ou de policier de la Cellule. « On n'est pas une autorité de police, on n'est pas une autorité judiciaire, donc on n'a pas à entendre les personnes ».
Le président de la Centif a souligné que le processus condamnatoire, s'installe uniquement après la transmission du rapport à l'autorité judiciaire des « chiffres Clés du Travail Opérationnel. Après avoir reçu 928 déclarations en 2024, la Centif, est déjà à 1 700 déclarations reçues en 2025 Et 46 rapports d’enquête ont été transmis au Parquet économique en 2024. Concernant la source des déclarations, il a indiqué que 85% environ viennent des banques, mais aussi des secteurs non-financiers (avocats, notaires).
Le délai de traitement est estimé selon M. Siby, entre la réception et la transmission au parquet, il peut s'écouler « un an, deux ans, trois ans », le temps d'enrichir l'information avec les appuis des partenaires étrangers.
L'échange d'informations avec les cellules de renseignement étrangères passe par le Groupe Egmont, qui regroupe à ce jour environ 110 États membres. « Pour avoir le droit d'échanger des informations avec des membres du groupe Egmont, il faut avoir une certaine autonomie... ce n'est pas une caution, c'est une obligation. On est autonome parce qu'une fois autonome, on peut échanger avec les autres. » L'adhésion au Groupe Egmont, effective depuis 2009, impose de monter des garanties d'autonomie et des règles d'efficacité.
La Structure Collégiale de Décision
Le travail de la Centif est un « travail collégial », non pas le fait d'un seul individu. Le Collège des membres est composé de six personnes, avec un mandat de 5 ans unique et non renouvelable pour le Président (issu obligatoirement du Ministère des Finances) et un mandat de 3 ans renouvelable (max 6 ans) pour les autres membres.
Ce collège est composé d’un cadre de la BCEAO, deux commissaires de police, un magistrat, un représentant des Finances, et le Président lui-même, obligatoirement issu du ministère des Finances. C'est ce Collège qui décide de la transmission ou non du dossier au Parquet ou de sa redirection, par exemple vers la Défense générale des droits fédéraux (DGD) si le risque est plus fiscal que lié au blanchiment.
Le Président a souligné que l'effectif de l'« assertif » (la Cellule) ne dépasse pas « une trentaine de personnes », ce qui rend le travail en amont effectué par les équipes techniques essentiel.
Le bilan marquant : la sortie de la liste grise
Lors de la séance de questions/réponses intégrée au discours, le Président Bamba Sibi a désigné le point le plus marquant des 20 dernières années.« L'une des activités les plus marquantes, en tout cas les résultats les plus marquants, à mon avis, c'est la sortie de la liste crise. Le [Sénégal] est sorti de la liste crise en octobre 2024... il a fallu mettre en œuvre 49 mesures... ces 49 mesures ont été remplies à 100% », a-t-il indiqué.
Les perspectives pour 2035 passent par le Plan stratégique 2025-2029, dont les points phares sont le « renforcement des ressources humaines en quantité et en qualité ».
Par ailleurs, le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, a ensuite pris la parole pour un discours structuré autour de trois axes, « hommage institutionnel, défis contemporains, et orientations stratégiques ».
Hommage aux 20 ans et priorité gouvernementale
Le ministre Diba a rendu hommage aux 20 années de travail ayant permis de construire la Centif, une institution devenue un pilier de la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme (FT) et la prolifération des armes de destruction massive.
Il a confirmé l'engagement du gouvernement à faire de la lutte contre la criminalité financière une « priorité nationale », inscrite dans la Vision 2050 du président de la République, qui repose sur l'exemplarité des institutions et la coopération internationale.
Les défis contemporains : complexité et prolifération
Le ministre a mis en garde contre une menace d'une « complexité inédite », soulignant un fait majeur. « La criminalité financière progresse plus vite que notre cadre législatif et réglementaire, et parfois même plus vite que nos institutions... les fluides illicites... se caractérisent aujourd'hui par une rapidité accrue, une opacité renforcée, et une interconnexion sans précédent, ignorant les frontières », a-t-il déclaré.
Il a insisté sur l'impact de la « prolifération des actifs virtuels, des plateformes numériques, des technologies de dissimulation » et la « brutalité silencieuse » de la traite des migrants. Face à des adversaires « aussi puissants, transnationaux et parfois d'une violence externe », la conclusion est un appel à la solidarité. « Aucune nation ne peut agir seule. Notre réponse doit être corrective, harmonisée et résolument proactive».
Montée en puissance et orientations stratégiques
Le ministre Diba a confirmé que la Centif a franchi un cap, s'affirmant comme un service opérationnel conforme au standard du Groupe Egmont depuis 2009 et ayant satisfait aux normes du GAFI.
La montée en puissance se traduit par : L'augmentation du volume et de la qualité des déclarations (notamment en 2021 et 2024), la digitalisation de ses process par une plateforme développée par ses techniciens, appelée IDELTA. la réussite des mesures pour la sortie de la liste grise du GAFI, la projection stratégique est portée par le Plan 2025-2029, dont la vision à l'horizon 2035 est de faire de la Centif une institution « au cœur de la gouvernance financière ».
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