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Syrie : la diplomatie française à l’épreuve

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius entame ce mercredi 15 août 2012 une tournée au Proche-Orient. Il doit se rendre en Jordanie, au Liban et en Turquie, tous des pays frontaliers de la Syrie. Ce déplacement s’effectue dans un contexte de vives critiques de la part de l’opposition en France. La droite accuse le président François Hollande d’immobilisme dans la gestion du conflit.



Syrie : la diplomatie française à l’épreuve
François Hollande, président de la République française : « Ce sera le chaos et la guerre civile si le président syrien n'est pas à un moment empêché ».
 
Le voyage de Laurent Fabius au Proche-Orient semble une réponse aux critiques de l’opposition. Mais le déplacement a été programmé avant que celle-ci ne se déchaîne contre la diplomatie française, qu’elle accuse d’inertie. Ce qui n’empêche pas le gouvernement de profiter de cette tournée pour dire : Voyez, nous restons mobilisés pour que le peuple syrien « puisse décider librement de son avenir », comme on dit dans le jargon diplomatique. Alors, quel rôle la France joue-t-elle dans ce conflit ? Selon Frédéric Pichon, historien et spécialiste de la Syrie, « la France essaie de se tenir à un activisme humanitaire fort louable. La visite de Laurent Fabius va s’effectuer auprès des camps de réfugiés syriens ».

Et c’est en Jordanie, dans le camp de Zaatari, où la France a installé un hôpital de campagne, que le ministre débute sa tournée de trois jours. L’opposition syrienne suit cette tournée de près, mais sans en attendre grand-chose. Certains militants regrettent que la diplomatie française joue surtout la carte humanitaire. Pour Radwan Ziadeh, directeur du Damas Center for Human Rights basé à Washington, il faut « s’occuper de l’origine de la maladie et pas de ses symptômes. Et l’origine, c’est le régime Assad qui est toujours au pouvoir. La communauté internationale doit faire en sorte qu’Assad quitte le pouvoir ».

La diplomatie française bloquée au Conseil de sécurité

Mais pour l’instant il est difficile de faire bouger les choses, la diplomatie occidentale est bloquée au Conseil de sécurité. La Russie et la Chine continuent d’y mettrent leur veto pour interdire toute résolution hostile au président Bachar el-Assad. La France - qui assure encore pendant deux semaines la présidence tournante au Conseil de sécurité - espère toujours que les deux pays changent d’avis. D’où cet appel du président François Hollande, lancé le 28 juillet 2012 : « Je m'adresse une fois encore à la Russie et à la Chine pour qu'ils prennent en considération que ce sera le chaos et la guerre civile si le président syrien n'est pas à un moment empêché ».

La clé d’une solution au conflit se trouverait-elle donc à Moscou ? Oui, en partie, reconnaît l’ancien ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine. Mais encore faudra-t-il convaincre la Russie de changer sa position, une mission quasi impossible, selon lui. « La Chine et la Russie sont absolument opposées à toute intervention, on ne peut pas les convaincre. On pourrait essayer d’augmenter le prix politique, les inconvénients diplomatiques pour leur attitude de soutenir un régime qui de toute façon finira par tomber ».

Vers une zone d’exclusion aérienne en dehors du cadre de l’ONU ?

Mais l’opposition syrienne s’impatiente et veut accélérer la chute du président Bachar el-Assad. Elle demande à la communauté internationale de mettre en place une zone d’exclusion aérienne. Quitte à s’affranchir du cadre des Nations unies, explique le militant Radwan Ziadeh: « Ne perdons pas notre temps au Conseil de sécurité. La Chine et la Russie sont des alliés du régime Assad, ce n’est pas la peine de faire pression sur ces deux pays. La communauté internationale doit agir en dehors du Conseil de sécurité ». Le directeur du Damas Center for Human Rights demande à la France d’aider le peuple syrien, « sinon le pays s’enfoncera dans une guerre civile ».

Un appel qui a toutefois peu de chances d’être entendu à Paris, estime l’historien Frédéric Pichon : « Si l’on se tient aux déclarations de François Hollande et à celles des Etats-Unis, même si la diplomatie américaine évolue sur ce sujet, il semble que cette option soit pour le moment exclue ». Mais, reconnait ce spécialiste de Syrie, la mise en place d’une no fly zone est sans doute la clé pour un aboutissement rapide du conflit.

En attendant, la marge de manœuvre des pays occidentaux reste très étroite, elle est même inexistante. Mais pas question de l’avouer officiellement. Selon le Quai d’Orsay, la France agit « sans relâche pour que le régime assassin de Bachar el-Assad cède la place à une Syrie libre et démocratique ».


RFI

 



Mercredi 15 Août 2012 - 12:31


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