Le nouveau régime zimbabwéen avait promis de libéraliser la vie politique et mettre fin à la « sécurocratie ». La répression des manifestants à laquelle on a assisté au Zimbabwe, du 14 janvier jusqu'à encore ces derniers jours, n'est pas sans rappeler les violences policières de l'ère Mugabe. Qu'est-ce qui a changé ?
Il y a en effet des continuités très nettes avec l’époque de Mugabe. Le réflexe sécuritaire du régime face aux contestations s’inscrit dans le prolongement de l’ancienne période. Mais néanmoins, il y a des ruptures. On a pu notamment observer que l’armée est devenue l’élément principal de l’appareil sécuritaire du régime, alors que sous Robert Mugabe c’était la police qui était envoyée en premier lieu pour faire face à des manifestants. A l’époque, trois entités fondaient l’autorité sécuritaire de l’Etat : l’armée, la police et les services de renseignement. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmerson Mnangagwa, à la faveur du coup d’Etat contre Mugabe en 2017, la police et les services de renseignement sont placés sous la tutelle de l’armée qui est appelée en priorité pour mater la contestation populaire. La répression brutale des opposants est la conséquence de ce changement. C’est ce qui explique pourquoi les victimes des tirs à balles réelles ont été si nombreuses au cours de ce nouvel épisode de confrontation entre l’Etat zimbabwéen et sa population.
Quel a été le bilan de cette dernière répression ?
C’était difficile de savoir car l’Internet avait été coupé pendant et après les manifestations. Mais selon le Zimbabwe Human Rights NGO Forum (Forum des ONG des Droits de l’Homme du Zimbabwe), le bilan s’établirait à quelque 12 morts et une centaine de blessés par balles réelles. On n’avait pas vu ce niveau de brutalités même au cours des dernières années de l’ère Mugabe. L’autre grande rupture a été la violence perpétrée par des manifestants eux-mêmes qui sont allés cette fois à la confrontation avec les forces gouvernementales. Un policier a été tué, des immeubles et des voitures ont été incendiés. C’est totalement inédit, car les Zimbabwéens qui étaient opposés à Mugabe avaient plutôt l’habitude jusqu’ici de manifester pacifiquement. La violence perpétrée par la population est inquiétante, car elle témoigne d’un état de désespoir absolu, notamment de la part de la jeunesse urbaine qui se sent complètement délaissée. Au point que ces jeunes sont prêts à risquer leur vie en allant témoigner leur frustration sur la place publique.
Au moment des affrontements, le président Emmerson Mnangagwa était en déplacement à l’étranger. Il a déclaré à son retour que la répression était injustifiée et que des têtes allaient tomber. Cette répression, a-t-elle pu avoir lieu sans le feu vert du chef de l’Etat ?
Il y a en effet des continuités très nettes avec l’époque de Mugabe. Le réflexe sécuritaire du régime face aux contestations s’inscrit dans le prolongement de l’ancienne période. Mais néanmoins, il y a des ruptures. On a pu notamment observer que l’armée est devenue l’élément principal de l’appareil sécuritaire du régime, alors que sous Robert Mugabe c’était la police qui était envoyée en premier lieu pour faire face à des manifestants. A l’époque, trois entités fondaient l’autorité sécuritaire de l’Etat : l’armée, la police et les services de renseignement. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmerson Mnangagwa, à la faveur du coup d’Etat contre Mugabe en 2017, la police et les services de renseignement sont placés sous la tutelle de l’armée qui est appelée en priorité pour mater la contestation populaire. La répression brutale des opposants est la conséquence de ce changement. C’est ce qui explique pourquoi les victimes des tirs à balles réelles ont été si nombreuses au cours de ce nouvel épisode de confrontation entre l’Etat zimbabwéen et sa population.
Quel a été le bilan de cette dernière répression ?
C’était difficile de savoir car l’Internet avait été coupé pendant et après les manifestations. Mais selon le Zimbabwe Human Rights NGO Forum (Forum des ONG des Droits de l’Homme du Zimbabwe), le bilan s’établirait à quelque 12 morts et une centaine de blessés par balles réelles. On n’avait pas vu ce niveau de brutalités même au cours des dernières années de l’ère Mugabe. L’autre grande rupture a été la violence perpétrée par des manifestants eux-mêmes qui sont allés cette fois à la confrontation avec les forces gouvernementales. Un policier a été tué, des immeubles et des voitures ont été incendiés. C’est totalement inédit, car les Zimbabwéens qui étaient opposés à Mugabe avaient plutôt l’habitude jusqu’ici de manifester pacifiquement. La violence perpétrée par la population est inquiétante, car elle témoigne d’un état de désespoir absolu, notamment de la part de la jeunesse urbaine qui se sent complètement délaissée. Au point que ces jeunes sont prêts à risquer leur vie en allant témoigner leur frustration sur la place publique.
Au moment des affrontements, le président Emmerson Mnangagwa était en déplacement à l’étranger. Il a déclaré à son retour que la répression était injustifiée et que des têtes allaient tomber. Cette répression, a-t-elle pu avoir lieu sans le feu vert du chef de l’Etat ?
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