Au premier jour, jeudi 16 juillet, le ministre ougandais de la Défense avait déjà attendu le camp présidentiel, toutes les parties étaient convoquées à 14h. Finalement les ministres de l’Intérieur, des Affaires étrangères, le porte-parole du CNDD-FDD et tous leurs alliés ne sont arrivés que deux à trois heures plus tard. « Nous n’avons pas été informés », avaient-ils expliqué.
Les discussions commencent et les accusations réciproques aussi. Les prises de paroles sont interminables. La médiation – elle – fait tout pour aller vite et établir les thématiques à aborder. Pour l’opposition, la première urgence, c’est de reporter la présidentielle. Mais uncommuniqué couperet du gouvernement tombe alors que ses délégués viennent de rentrer dans la salle. Il appelle les Burundais à aller voter le 21 juillet.
Il faudra attendre samedi, troisième jour des négociations, pour que l’ordre des priorités soit établi. Dix points, puis quatre : sécurité, calendrier électoral, gouvernement d’union national et troisième mandat. La sécurité et le retour des réfugiés en premier, selon le souhait du gouvernement.
L’opposition bataille peu et n’a qu’une hâte, en arriver au débat sur le calendrier électoral. Alors que le sujet doit être mis sur la table, le gouvernement brandit un document signé par plusieurs partis d’opposition et publié depuis plusieurs jours, qui annonce la création prochaine d’un conseil national. Le gouvernement y voit l’équivalent d’une tentative de putsch. Le camp présidentiel obtient un premier ajournement jusqu’à dimanche pour consultation et finalement ne se présente pas.
Le report est un « malentendu », selon le gouvernement
Constatant l’absence du camp présidentiel, le médiateur ougandais a donc décrété un report sine die. Le ministre burundais des Affaires étrangères assure que c’est un malentendu et que la délégation gouvernementale avait expliqué la veille qu’il lui serait difficile de se libérer à cause de l’élection des administrateurs communaux et de la messe.
« Il me semble qu’il y a un problème de communication, le gouvernement avait clairement indiqué au facilitateur que ce dimanche était difficile pour nous dans la mesure où c’est le jour où se sont tenues les élections des administrateurs communaux par les conseils communaux. Et c’est aussi un dimanche, le matin au Burundi on va à l’église », avance Alain Aimé Nyamitwe.
L'opposant Agathon Rwasa, lui, n'y croit pas : « c’est un blocage parce que pour le pouvoir et le CNDD-FDD il faut aller jusqu’au bout pour après imposer sa volonté. Mais je pense que ça n’augure rien de bon. Plutôt que désamorcer la crise, ça risque de la renforcer. »
Mais pour l'ex-président Domitien Ndayizeye, le dialogue finira par porter ses fruits. « Je pense que tant que la facilitation n’a pas dit son dernier mot, on a pas à désespérer. Les points de vue qui sont défendus aujourd’hui continueront à être défendus jusqu’à ce qu’il y ait une bonne organisation des élections pour le Burundi et pour tout le monde », estime-t-il.
Cet épisode inquiète dans les milieux diplomatiques qui y voient un mauvais signal pour l'avenir du pays.
-
Le Burkina Faso expulse 3 diplomates français
-
Dialogue national au Gabon: un bilan positif à mi-parcours
-
Des inondations records dans plusieurs pays d'Afrique, noyés sous les besoins d'assistance
-
Burkina Faso: trois diplomates français déclarés «persona non grata» pour «activités subversives», annonce le ministère burkinabè des Affaires étrangères
-
Drogues en Afrique de l’Ouest: plus de prévention demandée face à la hausse de la consommation