Il fut un temps où les modèles de société s’appelaient intégrité, travail, dignité, sacrifice. Aujourd’hui, dans l’univers distordu des réseaux sociaux, ces vertus semblent avoir été troquées contre des filtres et des faux-semblants. Nous vivons à l’ère des illusions numériques, où l’apparence règne, où la superficialité se confond avec le succès, et où les faux modèles dictent désormais les rêves d’une jeunesse en quête de repères.
Le phénomène des influenceurs — ce mot devenu presque magique — s’est transformé en un miroir déformant. Sous couvert d’authenticité, ils exhibent des vies trafiquées, des bonheurs maquillés, des richesses instantanées, des corps retouchés, des réussites fulgurantes, souvent déconnectées de tout effort réel. La mise en scène du bonheur a remplacé le vrai travail, l’effort, la discipline.
Et dans ce théâtre numérique, la jeunesse applaudit, fascinée, piégée, parfois détruite.
Ce n’est plus l’intellectuel, le chercheur, le professeur ou l’artisan qui inspire. Ce n’est plus la mère courage ou le père de famille debout dans l’adversité. Non. Ce sont celles et ceux qui crient fort, qui choquent, qui s’exposent jusqu’à l’indécence. Et le plus grave, c’est que la société a laissé faire, que les parents ont baissé la garde, que les autorités ont tardé à comprendre l’ampleur du désastre moral qui s’annonçait.
Les réseaux sociaux, nés pour connecter, sont devenus des arènes où se fabriquent la frustration, l’envie et la haine de soi. Les jeunes se comparent à des mirages : ils veulent « réussir » vite, sans apprendre, sans construire, sans attendre. Et dans cette quête de gloire instantanée, certains se perdent — dans la délinquance numérique, la manipulation, ou pire, la perte totale de repères.
Ce n’est pas qu’une question d’éthique, c’est une urgence nationale.
Le Sénégal, comme tant d’autres pays, assiste à une dérive inquiétante : celle d’une jeunesse nourrie à la dopamine des likes, au culte du buzz, à l’arrogance de la visibilité. Pendant ce temps, les véritables bâtisseurs — ingénieurs, enseignants, infirmiers, agriculteurs, créateurs de valeur — sont relégués dans l’ombre, sans reconnaissance, sans audience.
Alors oui, il était temps que les autorités réagissent, que la société se ressaisisse, que des limites soient posées. Non pas pour museler la liberté d’expression, mais pour protéger l’équilibre mental, moral et social d’une génération entière. L’assainissement des réseaux n’est pas une censure : c’est une hygiène collective. Un acte de santé publique.
Mais la régulation seule ne suffira pas. Il faut reconstruire l’idéal, redonner du sens au mot “réussir”. Il faut enseigner dès l’école que la grandeur ne se mesure pas au nombre d’abonnés, mais à l’impact réel qu’on laisse dans la vie des autres. Il faut redonner à la culture, à la lecture, au savoir, à l’effort, leurs lettres de noblesse.
Et il faut que nous, adultes, soyons enfin des modèles crédibles. Car les jeunes ne suivent pas ce qu’on leur dit, ils imitent ce qu’ils voient. Et ce qu’ils voient, trop souvent, ce sont des adultes fascinés par la même illusion : l’argent facile, la visibilité, le paraître.
Notre époque a besoin d’un sursaut moral. D’une révolution tranquille de la lucidité.
Car si nous ne réapprenons pas à admirer la droiture, la patience et l’effort, nous continuerons à fabriquer des générations d’apparences, sans substance. Et c’est là, le vrai danger.
Le danger d’un monde où l’ombre des faux modèles étouffe la lumière des vrais héros silencieux.
Marie Barboza MENDY– Regards croisés d’une Franco-Sénégalaise
mendymarie.b@gmail.com
TEL. 78 291 83 25
Le phénomène des influenceurs — ce mot devenu presque magique — s’est transformé en un miroir déformant. Sous couvert d’authenticité, ils exhibent des vies trafiquées, des bonheurs maquillés, des richesses instantanées, des corps retouchés, des réussites fulgurantes, souvent déconnectées de tout effort réel. La mise en scène du bonheur a remplacé le vrai travail, l’effort, la discipline.
Et dans ce théâtre numérique, la jeunesse applaudit, fascinée, piégée, parfois détruite.
Ce n’est plus l’intellectuel, le chercheur, le professeur ou l’artisan qui inspire. Ce n’est plus la mère courage ou le père de famille debout dans l’adversité. Non. Ce sont celles et ceux qui crient fort, qui choquent, qui s’exposent jusqu’à l’indécence. Et le plus grave, c’est que la société a laissé faire, que les parents ont baissé la garde, que les autorités ont tardé à comprendre l’ampleur du désastre moral qui s’annonçait.
Les réseaux sociaux, nés pour connecter, sont devenus des arènes où se fabriquent la frustration, l’envie et la haine de soi. Les jeunes se comparent à des mirages : ils veulent « réussir » vite, sans apprendre, sans construire, sans attendre. Et dans cette quête de gloire instantanée, certains se perdent — dans la délinquance numérique, la manipulation, ou pire, la perte totale de repères.
Ce n’est pas qu’une question d’éthique, c’est une urgence nationale.
Le Sénégal, comme tant d’autres pays, assiste à une dérive inquiétante : celle d’une jeunesse nourrie à la dopamine des likes, au culte du buzz, à l’arrogance de la visibilité. Pendant ce temps, les véritables bâtisseurs — ingénieurs, enseignants, infirmiers, agriculteurs, créateurs de valeur — sont relégués dans l’ombre, sans reconnaissance, sans audience.
Alors oui, il était temps que les autorités réagissent, que la société se ressaisisse, que des limites soient posées. Non pas pour museler la liberté d’expression, mais pour protéger l’équilibre mental, moral et social d’une génération entière. L’assainissement des réseaux n’est pas une censure : c’est une hygiène collective. Un acte de santé publique.
Mais la régulation seule ne suffira pas. Il faut reconstruire l’idéal, redonner du sens au mot “réussir”. Il faut enseigner dès l’école que la grandeur ne se mesure pas au nombre d’abonnés, mais à l’impact réel qu’on laisse dans la vie des autres. Il faut redonner à la culture, à la lecture, au savoir, à l’effort, leurs lettres de noblesse.
Et il faut que nous, adultes, soyons enfin des modèles crédibles. Car les jeunes ne suivent pas ce qu’on leur dit, ils imitent ce qu’ils voient. Et ce qu’ils voient, trop souvent, ce sont des adultes fascinés par la même illusion : l’argent facile, la visibilité, le paraître.
Notre époque a besoin d’un sursaut moral. D’une révolution tranquille de la lucidité.
Car si nous ne réapprenons pas à admirer la droiture, la patience et l’effort, nous continuerons à fabriquer des générations d’apparences, sans substance. Et c’est là, le vrai danger.
Le danger d’un monde où l’ombre des faux modèles étouffe la lumière des vrais héros silencieux.
Marie Barboza MENDY– Regards croisés d’une Franco-Sénégalaise
mendymarie.b@gmail.com
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