L'accord craque de tous côtés, mais, pour l'instant, il tient bon. Malgré d'évidentes violations du cessez-le-feu conclu vendredi dernier, Salva Kiir et Riek Machar ont décidé de minimiser ces incidents et de continuer le dialogue. Chaque camp a accusé l'autre de ne pas savoir tenir ses troupes, une façon commode de dédouaner les chefs et de préserver l'essentiel, c'est-à-dire le texte conclu en Ethiopie.
« Nous voulons restructurer cet Etat et son système de gouvernance. Notre avis est qu'il doit y avoir un système fédéral, dans un pays comme le Soudan du Sud, qui est si diversifié, multiethnique et multiculturel », a déclaré Riek Machar, lundi lors d'une conférence de presse. « Nous pensons que Salva Kiir a servi son pays. Maintenant, il arrive au terme de son mandat. Il ne lui reste qu'un an. Bien qu'il ait plongé ce pays dans la crise, je n'ai pas d'animosité personnelle envers lui », assure celui qui avant de devenir opposant fut le vice-président de Salva Kiir. « Mais Salva Kiir a voulu créer une guerre ethnique dans le pays. Nous résisterons, et nous ne le laisserons pas faire ». Cependant, Riek Machar a insisté : « Même s'il y a eu violation de l'accord, nous n'allons pas dire, parce que nous avons été attaqués, que nous ne continuerons pas les négociations. »
L'Igad, l'autorité intergouvernementale sur le développement, l'organisation régionale, a décidé d'envoyer des observateurs à Bentiu, l'un des principaux foyers de tension pour superviser le cessez-le-feu et tenter d'éviter de nouveaux affrontements. Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, a pour sa part estimé, ce lundi, qu'il convenait d'« envisager un tribunal spécial, ou hybride, avec une implication internationale » pour le Soudan du Sud où, a-t-il affirmé, « il y a des motifs raisonnables de croire que des crimes contre l'humanité (...) ont été commis ». La mise en place d'un tel tribunal serait « du ressort des Etats membres du Conseil de sécurité », a précisé Ban Ki-Moon.
Vers un scénario « à la kényane » ?
Salva Kiir et Riek Machar, quant à eux, pourraient se rencontrer à nouveau en Ethiopie le mois prochain pour peaufiner l'accord de paix. Le texte prévoit la création d'un gouvernement d'union nationale. Pour l'instant, on sait seulement que ce gouvernement devrait travailler deux ou trois ans, jusqu'à l'élection présidentielle, qui pourraient avoir lieu en 2018 au plus tard, selon le président Salva Kiir.
Comment ce futur gouvernement sera-t-il constitué ? Pour l'heure deux options sont sur la table. Un gouvernement de technocrates ou, au contraire, un attelage politique sous la houlette de Riek Machar, Salva Kiir gardant le fauteuil présidentiel. Ce scénario dit « à la kényane » aurait les faveurs des deux leaders, selon le site en ligne Sudan Tribune.
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