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Charles Michel, président du Conseil européen: «repenser les relations Afrique-Europe»

Le sommet de l'UA s'est achevé lundi à Addis-Abeba. Même s'il n'était pas invité à prendre part à la cérémonie d'ouverture, le nouveau président du Conseil européen était dans la capitale éthiopienne. Le Belge Charles Michel a ainsi pu rencontrer les présidents mauritanien, burkinabè, ivoirien et centrafricain notamment. Il a également pris la parole lors du dîner officiel donné par le Premier ministre éthiopien Abbey Ahmed. Ce déplacement était une manière de prendre la température du continent pour le patron de l'UE. Lui qui veut repenser les relations Afrique-Europe s'est évertué dit-il à écouter les priorités des chefs d’État et de gouvernement du continent avant de détailler les siennes : transition énergétique, économie digitale, migrations. Le président du Conseil européen a reçu RFI pour évoquer plus précisément deux des défis auxquels l'Afrique est confrontée : le Sahel et la Libye ainsi que les élections qui attendent le continent en 2020. Il répond aux questions de Vincent Dublange et Paulina Zidi.



RFI : Lors de ce sommet de l’Union africaine, il y a eu beaucoup d’appels à la solidarité, notamment pour répondre à la situation au Sahel. Comment répondez-vous à cet appel à la solidarité ?
 
Charles Michel : Nous sommes mobilisés. D’ailleurs, l’Union européenne est le principal partenaire du continent africain en termes de développement. Nous sommes aussi le continent qui est le plus présent pour soutenir les efforts, spécialement, dans la région du Sahel. Le président français a organisé en janvier une réunion à Pau qui était l’occasion d’affirmer de manière claire les objectifs de la présence française et européenne dans la région et de constater la demande aussi des chefs d’État de la région pour cette présence et ce soutien. Par ailleurs, l’Union européenne entend bien renforcer les moyens et je suis très concret, par exemple, en travaillant sur la possibilité de renforcer la formation des militaires. Parce que l’on voit bien que la priorité, c’est que les États dans cette région puissent disposer de services de sécurité à même de faire reculer cette menace terroriste.
 
Il y a une réunion avec les chefs d’État des pays du G5 Sahel prévue à Bruxelles à la fin du mois de mars. Est-ce que l’on peut attendre de cette réunion un investissement en troupes, en hommes sur le terrain sahélien de la part des pays de l’Union européenne ?
 
Nous avons en tout cas le souhait que cette réunion stratégique, puisque pour la première fois depuis très longtemps les chefs d’État du G5 Sahel vont être présents avec l’ensemble des chefs d’État des gouvernements européens, sera l’occasion de voir de quelle manière on peut, à court, à moyen, à long terme, avoir une stratégie qui soit plus efficace. Avec des moyens qui doivent être à la fois, des moyens de sécurité, donc des moyens militaires, mais également des moyens de développement et des moyens humanitaires. L’enjeu de cette réunion (le 26 mars) à Bruxelles, c’est d’avoir l’occasion d’un débat pour que chaque pays européen puisse bien mesurer à quel point l’insécurité dans le Sahel est une menace potentielle pour toute l’Union européenne.
 
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a dit lors de ce sommet de l’Union africaine qu’il fallait une force africaine avec un «mandat robuste» et surtout des financements pérennes. Est-ce que vous êtes prêt à porter ce message aux chefs d’État européens ?
 
C’est ce que nous avons déjà fait en prenant des engagements. L’Europe s’est engagée pour financer le G5 Sahel, pour financer des projets de développement dans la région. Et nous avons eu l’occasion à Pau de montrer que les engagements qui ont été pris par l’Europe ont été largement tenus. Et je partage l’appel du secrétaire général des Nations unies : on doit effectivement s’engager dans la durée parce que l’on voit bien que c’est une menace qu’il est difficile d’éradiquer, qu’il est difficile d’éliminer et le fait d’avoir un engagement sur la durée est sans doute l’une des clés du succès.
 
Autre sujet de préoccupation de ce 33e sommet de l’Union africaine : la Libye. Quelle est la position de l’Union européenne ? Quels sont vos espoirs en tant que président du Conseil européen ?
 
Il y a une conviction très forte : si nous voulons ramener la paix, la stabilité, la sécurité en Libye, il faut une solution politique, il faut une négociation politique et il faut que les interférences venant de pays étrangers cessent. Il faut que ceux qui, depuis l’extérieur de la Libye, contribuent à ne pas permettre que la solution et que le dialogue soit possibles soient davantage mobilisés pour respecter, par exemple, l’embargo sur les armes ; pour respecter, par exemple, les cessez-le-feu qui sont décidés. Angela Merkel [la dirigeante allemande] a relancé cette initiative de Berlin il y a quelque temps, c’était nécessaire parce qu’il y avait de nouveau une escalade qui était en cours. On a pu stopper l’escalade. Il y a maintenant un chemin politique qui a été décidé, mais il faut le respecter.
 
La présidence du chef de l’État égyptien, Abdel Fatah al-Sissi a pris fin à l’Union africaine, il vient de céder sa place au Sud-Africain, Cyril Ramaphosa, pour une année. Est-ce que c’est aussi un espoir pour la Libye ?
 
Ce qui est certain, en tous cas, c’est que nous, Union européenne, allons coopérer avec les Nations unies qui ont le leadership dans le processus politique. Nous allons coopérer également avec l’Union africaine qui a une bonne connaissance, une bonne compréhension de la situation en Libye. Il y a aussi une réalité, ce sont les différentes communautés qui structurent la société libyenne et qui doivent être prises en considération dans le cadre d’une solution politique, d’une solution négociée. Et pour le reste, nous pensons effectivement qu’avec le président de l’Union africaine, Cyril Ramaphosa, on aura l’occasion de développer un bon partenariat, une bonne coopération.
 
L’année 2020 va être année électorale importante pour l’Afrique avec plusieurs élections présidentielles. Comment l’Union africaine va accompagner ces processus électoraux ?
 
D’une manière systématique, nous sommes disponibles pour envoyer des missions électorales et pour soutenir aussi tous les processus qui amènent à faire en sorte que les élections puissent être considérées comme étant transparentes et conformes à des standards pour donner de la légitimité aux résultats des élections. Lors de mes différents entretiens bilatéraux, dans les pays où il y a des élections, chaque fois, on a l’occasion de voir de quelle manière l’Union européenne -quand nous sommes sollicités- peut apporter aussi sa contribution. Par exemple, en garantissant la transparence des fichiers électoraux, c’est une condition importante, ou par exemple, en envoyant des missions d’observation pour garantir que le processus électoral se passe dans le calme, dans la transparence et dans le respect des principes. Et surtout, on sait bien que quand il y a des moments d’élections, il y a toujours un moment de tension : on doit à chaque fois tout mettre en œuvre pour éviter qu’il y ait des violences qui amènent plus de difficultés.

RFI

Mercredi 12 Février 2020 - 08:25


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