Manière de voir par le sinologue suisse Rémi Quesnel
Parmi les délégués, on repère au premier coup d’œil les représentants des minorités ethniques, vêtus de tenues originales aux couleurs chatoyantes, tandis que le costume occidental est réservé aux Hans.
La grande salle de l’assemblée présente un aspect sobre, à dominance rouge. Au plafond, un large lustre en forme de soleil avec en son centre une étoile rouge dispense sa lumière. Au fond de la scène, dix drapeaux rouges se dressent, cinq de chaque côté, encadrant une faucille et un marteau. Sur l’estrade, une tribune a été disposée pour accueillir les 204 membres du 17e Comité central. Devant, une rangée de tables a été réservée pour les 25 membres du Politburo ainsi que d’autres dignitaires de première importance.
En attendant les participants, les hôtesses en chignon armées de bouteilles thermos emplissent avec une précision mécanique les tasses disposées sur les tables de la tribune, avançant à un rythme parfaitement coordonné. Plusieurs sonneries retentissent, comme à la messe. Les délégués s’installent dans la salle, puis suivent les membres du Comité central sur l’estrade.
Enfin, les membres du Politburo font leur entrée, avec en tête le secrétaire général du parti Hu Jintao et son prédécesseur Jiang Zemin, l’aîné du régime, qu’on soupçonne parfois d’être frappé du syndrome de l’impératrice douairière. Poignées de mains, applaudissements. Wu Bangguo, président de l’Assemblée populaire et numéro deux du régime, prend la parole et salue les délégués.
Tout le monde se lève pour l’hymne national, puis c’est au tour du secrétaire général, Hu Jintao, de prendre la parole. Il monte à la tribune, installée sur le devant de la scène, décorée de glaïeuls, salue les camarades et entame la lecture du rapport du 17e Comité central.
Poussière et langue de bois
Le rapport est rédigé dans un style poussiéreux, truffé de formulations marxistes-confucianistes fleurant bon la langue de bois. Il flotte dans la salle un parfum de stagnation « brejnevienne », un coup d’œil aux enregistrements des réunions du PCUS (Parti communiste de l’Union soviétique) est très éclairant à cet égard. Au lendemain du discours d’investiture de Barack Obama, la comparaison est cruelle. Le discours de Hu Jintao ne suscite qu’un sentiment : le désintérêt.
Hu Jintao semble se complaire dans la rhétorique sino-marxiste, lisant imperturbable son rapport sur un ton monotone. Il est l’incarnation de l’apparatchik terne et interchangeable. À la fin de chaque chapitre, le secrétaire général hausse le ton, rythme son discours et scande les phrases qui prennent l’allure de mots d’ordre ou de slogans, et récolte les applaudissements des délégués. Mais pas d’acclamation pour autant.
Les chapitres s’enchaînent, avec les mêmes formules qui reviennent inlassablement. Développement scientifique, société harmonieuse, « société de moyenne aisance », le renouveau de la nation et l’inévitable socialisme à la chinoise. Aucun calendrier, aucune date, de la pure théorie, des intentions d’ordre général, ni plus ni moins.
Promesse de sanctions contre les tricheurs
Il faut bien sûr renforcer la démocratie, mais celle-ci reste consultative et socialiste. On promet donc de consulter plus large. Renforcer l’État de droit, mais dans le cadre d’un système légal socialiste à la chinoise. Seule mesure concrète : il faut augmenter au sein de l’Assemblée populaire la proportion de députés ouvriers, paysans ou intellectuels et réduire celle de cadres dirigeants.
Hu Jintao fait brièvement écho à l’affaire Bo Xilai à la fin de son discours, en promettant de conduire la lutte anticorruption d’une main de fer et de résoudre avec davantage de rigueur les cas de corruption qui suscitent de fortes réactions parmi les masses populaires. Les tricheurs seront sanctionnés avec sévérité quels que soient l’importance de leur pouvoir, leur rang dans la hiérarchie et quels qu’ils soient.
Le secrétaire termine sur une note à l’intention des jeunes. Ceux-ci devront répondre aux appels du parti, se forger une juste conception de la vie, du monde et des valeurs, faire preuve d’un amour constant pour leur grande patrie, leur grand peuple et leur grande nation, et faire valoir leur dynamisme juvénile en s’engageant dans la noble cause du socialisme à la chinoise.
Le discours dure une heure et demi. Au terme du rapport, Wu Bangguo souhaite bon travail aux délégués et les renvoie au programme officiel. Fanfare, la séance est levée.
Dépêche RFI
Parmi les délégués, on repère au premier coup d’œil les représentants des minorités ethniques, vêtus de tenues originales aux couleurs chatoyantes, tandis que le costume occidental est réservé aux Hans.
La grande salle de l’assemblée présente un aspect sobre, à dominance rouge. Au plafond, un large lustre en forme de soleil avec en son centre une étoile rouge dispense sa lumière. Au fond de la scène, dix drapeaux rouges se dressent, cinq de chaque côté, encadrant une faucille et un marteau. Sur l’estrade, une tribune a été disposée pour accueillir les 204 membres du 17e Comité central. Devant, une rangée de tables a été réservée pour les 25 membres du Politburo ainsi que d’autres dignitaires de première importance.
En attendant les participants, les hôtesses en chignon armées de bouteilles thermos emplissent avec une précision mécanique les tasses disposées sur les tables de la tribune, avançant à un rythme parfaitement coordonné. Plusieurs sonneries retentissent, comme à la messe. Les délégués s’installent dans la salle, puis suivent les membres du Comité central sur l’estrade.
Enfin, les membres du Politburo font leur entrée, avec en tête le secrétaire général du parti Hu Jintao et son prédécesseur Jiang Zemin, l’aîné du régime, qu’on soupçonne parfois d’être frappé du syndrome de l’impératrice douairière. Poignées de mains, applaudissements. Wu Bangguo, président de l’Assemblée populaire et numéro deux du régime, prend la parole et salue les délégués.
Tout le monde se lève pour l’hymne national, puis c’est au tour du secrétaire général, Hu Jintao, de prendre la parole. Il monte à la tribune, installée sur le devant de la scène, décorée de glaïeuls, salue les camarades et entame la lecture du rapport du 17e Comité central.
Poussière et langue de bois
Le rapport est rédigé dans un style poussiéreux, truffé de formulations marxistes-confucianistes fleurant bon la langue de bois. Il flotte dans la salle un parfum de stagnation « brejnevienne », un coup d’œil aux enregistrements des réunions du PCUS (Parti communiste de l’Union soviétique) est très éclairant à cet égard. Au lendemain du discours d’investiture de Barack Obama, la comparaison est cruelle. Le discours de Hu Jintao ne suscite qu’un sentiment : le désintérêt.
Hu Jintao semble se complaire dans la rhétorique sino-marxiste, lisant imperturbable son rapport sur un ton monotone. Il est l’incarnation de l’apparatchik terne et interchangeable. À la fin de chaque chapitre, le secrétaire général hausse le ton, rythme son discours et scande les phrases qui prennent l’allure de mots d’ordre ou de slogans, et récolte les applaudissements des délégués. Mais pas d’acclamation pour autant.
Les chapitres s’enchaînent, avec les mêmes formules qui reviennent inlassablement. Développement scientifique, société harmonieuse, « société de moyenne aisance », le renouveau de la nation et l’inévitable socialisme à la chinoise. Aucun calendrier, aucune date, de la pure théorie, des intentions d’ordre général, ni plus ni moins.
Promesse de sanctions contre les tricheurs
Il faut bien sûr renforcer la démocratie, mais celle-ci reste consultative et socialiste. On promet donc de consulter plus large. Renforcer l’État de droit, mais dans le cadre d’un système légal socialiste à la chinoise. Seule mesure concrète : il faut augmenter au sein de l’Assemblée populaire la proportion de députés ouvriers, paysans ou intellectuels et réduire celle de cadres dirigeants.
Hu Jintao fait brièvement écho à l’affaire Bo Xilai à la fin de son discours, en promettant de conduire la lutte anticorruption d’une main de fer et de résoudre avec davantage de rigueur les cas de corruption qui suscitent de fortes réactions parmi les masses populaires. Les tricheurs seront sanctionnés avec sévérité quels que soient l’importance de leur pouvoir, leur rang dans la hiérarchie et quels qu’ils soient.
Le secrétaire termine sur une note à l’intention des jeunes. Ceux-ci devront répondre aux appels du parti, se forger une juste conception de la vie, du monde et des valeurs, faire preuve d’un amour constant pour leur grande patrie, leur grand peuple et leur grande nation, et faire valoir leur dynamisme juvénile en s’engageant dans la noble cause du socialisme à la chinoise.
Le discours dure une heure et demi. Au terme du rapport, Wu Bangguo souhaite bon travail aux délégués et les renvoie au programme officiel. Fanfare, la séance est levée.
Dépêche RFI
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