Le décès de Mamadou Badio Camara, président du Conseil constitutionnel du Sénégal, continue de susciter de vives réactions dans les milieux juridiques et politiques. Parmi les nombreuses voix qui se sont élevées pour saluer sa mémoire, celle de Me Doudou Ndoye, éminent avocat et ancien ministre de la Justice, se distingue par la profondeur de son hommage.
S’exprimant sur le parcours du défunt à l'émission Grand Jury du Dimanche sur la RFM, ce 13 avril, Me Ndoye a affirmé que Mamadou Badio Camara "a marqué l’histoire constitutionnelle du Sénégal", soulignant le rôle décisif qu’il a joué lors de son passage à la tête de l’institution. Pour l’avocat, le Conseil constitutionnel a longtemps été « emprisonné » par l’obligation stricte d’appliquer la lettre de la Constitution et de la loi organique qui en régit le fonctionnement. Cette posture rigide aurait conduit, selon lui, à de nombreuses décisions d’incompétence qui ont jalonné l’histoire judiciaire du pays.
Mais l’année 2024 a marqué un tournant. Me Ndoye se félicite d’un moment qu’il qualifie de "révolution constitutionnelle". « Pour la première fois dans l’histoire constitutionnelle du Sénégal, le Conseil constitutionnel est monté sur le cheval blanc et a montré qu’il ne doit pas être limité par un texte », a-t-il déclaré, faisant référence à l'interprétation plus audacieuse et dynamique des textes juridiques par la haute juridiction.
"Cette évolution majeure", estime-t-il, a permis "l’organisation réussie des dernières élections présidentielles", malgré les incertitudes politiques et juridiques qui avaient précédé le scrutin. Une prouesse qu’il attribue au leadership éclairé de Mamadou Badio Camara et à la collégialité de ses pairs.
« Il a marqué l’histoire constitutionnelle par ça. Je pense que nous continuerons dans cette voie », a conclu Me Ndoye, appelant implicitement à pérenniser cette lecture évolutive de la loi fondamentale.
À travers ces mots, c’est un hommage appuyé qui est rendu à celui qui, en 2024, a redéfini le rôle du Conseil constitutionnel dans la consolidation démocratique du Sénégal. Un legs qui, selon plusieurs observateurs, pourrait inspirer durablement la jurisprudence sénégalaise. Ismaila Mansaly
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