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Démission forcée du président de la CENA: Moustapha Touré a évité le bras de fer avec Wade

Le président de la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA), Moustapha Touré a été contraint à la démission par le chef de l’Etat, Abdoulaye Wade. Le président de la République a convoqué l’ancien magistrat pour lui demander de démission ou de l’y contraindre par tous les moyens comme il avait fait avec Me Mbaye Jacques Diop.



Démission forcée du président de la CENA: Moustapha Touré a évité le bras de fer avec Wade
Le Président de la CENA, le Magistrat à la retraite Moustapha Touré, a envoyé, ce jeudi 26 novembre 2009, une lettre par laquelle il annonce au Chef de l’Etat sa démission de l’institution et de la présidence de la Commission Electorale Nationale Autonome. Cette démission qui a été déposée sur demande expresse du Chef de l’Etat est, selon certains proches de l’intéressé, une manière pour le désormais ex-président de la CENA, d’éviter d’engager un bras de fer, avec Abdoulaye Wade. Un bras de fer qui, à en croire ces mêmes proches, risquerait de porter un grave préjudice au pays et à l’image de l’Etat.

Tout est parti de l’audience que le chef de l’Etat a accordée le 05 novembre 2009 à Moustapha Touré. Au cours de la rencontre, Abdoulaye Wade se contentera d’indiquer à l’endroit de son interlocuteur : « Je vous ai fait venir pour vous demander de démissionner de vos fonctions. Si vous refusez, j’ai les moyens de vous y contraindre ». Abdoulaye Wade n’attend ni plus ni moins une réponse immédiate. Moustapha Touré lui explique alors qu’il l’a entendu, mais qu’il se réserve le droit de répondre après réflexion et après avoir consulté ses proches et sa famille. Abdoulaye Wade n’apprécie guère la réponse qu’il vient de recevoir. Il revient alors à la charge et avertit son hôte : « Je ne sais pas trop ce que vous ferez, mais je vous apprends que j’ai exigé de Mbaye Jacques Diop, alors Président du Conseil pour la République et pour les Affaires Sociales (CRAES) de partir. Il n’avait pas voulu, mais je lui expliqué que j’allais le contraindre à partir. Il l’a fait après. J’ai peur que ce soit aussi le cas pour vous».

Moustapha Touré prend alors acte de sa déclaration, mais reste ferme sur ses positions. Les deux hommes se séparent. Après réflexion, le président de la CENA décide de refuser de partir et rédige une correspondance à l’attention du président de la République pour l’informer de sa décision. La lettre est envoyée le 23 novembre 2009 au président de la République. Ce dernier est absent du pays. C’est la Secrétaire générale de la Présidence, Aminata Tall qui en prend d’abord connaissance. Elle se charge de convaincre Moustapha Touré de ne pas engager un bras de fer avec le président de la République. D’autre part, des émissaires du président entreprennent certains membres de la famille du président de la CENA. Pour cela, Abdel Kader Sow, ancien Directeur de Cabinet du président Wade, a tenté de convaincre certains enfants du président démissionnaire et a en persuadé quelques-uns. Par ailleurs, Aminata Tall et d’autres, ont également employé tous les moyens possibles et imaginables pour obtenir la démission de Moustapha Touré. Ils y arrivent, enfin.

Ainsi, ce jeudi 26 novembre le président Moustapha Touré écrit dans une correspondance adressée au Chef de l’Etat : « A la suite de notre entretien du jeudi 05 novembre et de ma lettre du 23 novembre 2009, j’ai décidé de remettre à votre disposition mon mandat de membre de la Commission Electorale Nationale Autonome, ainsi que de celui de président de la dite institution, comme vous me l’avez demandé ».

Pourquoi partir, après avoir, dans un premier temps, refusé d’obtempérer ? Un proche de l’intéressé répond à la question : « Si le président de la République n’a pas l’élégance, encore moins la hauteur de respecter la lettre et l’esprit des textes de loi dont il doit, par ses fonctions, assurer l’application, Moustapha Touré, lui, se refuse d’entretenir un bras de fer avec son autorité qui ne ferait qu’ajouter au désastre et au chaos institutionnel qui caractérisent la marche de ce pays, depuis quelques années ».
La démission forcée de Moustapha Touré s’ajoute à celle de Madame Aminata Sow Fall qui est partie de l’instance depuis le mois de septembre dernier. L’écrivain Aminata Sow Fall qui est membre de la CENA depuis sa création en 2005 a présenté sa démission dans la foulée de l’Affaire NDindi et Ndoulo. En sa qualité d’ancienne Responsable de la région de Diourbel au sein de la CENA, Aminata Sow Fall n’avait pas apprécié l’attitude du ministère de l’Intérieur et du traitement qu’il avait réservé à la décision de Justice qui avait exclu la liste des deux localités citées de la compétition électorale. Cette démission avait été cachée à l’opinion, comme pour éviter de faire des vagues.

Avec l’annonce de la démission de Moustapha Touré, la CENA entre dans une ère de turbulences, annonçant sans aucun doute une reprise en main de l’institution par le pouvoir.

Ibrahima L. FAYE & La Gazette

Vendredi 27 Novembre 2009 - 13:14


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