Coup de tonnerre dans un ciel qui est orageux depuis plusieurs jours, au propre comme au figuré. Jusqu'ici, l'opposition multipliait les récriminations à l'encontre de la Commission électorale, la Céni. Jeudi par exemple, ses observateurs avaient quitté la salle où sont compilés les résultats tandis que les leaders politiques rejetaient les premiers chiffres dans deux circonscriptions.
Mais ce vendredi, l'opposition est allée beaucoup plus loin. Les six principaux leaders de l’opposition guinéenne, Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, Lansana Kouyaté, ou encore Jean-Marie Doré ont demandé l’annulation des législatives du 28 septembre, dénonçant des fraudes massives « avant, pendant et après » le scrutin.
La Céni dans l'œil du cyclone
Les principaux chefs de parti se sont succédé devant la presse pour présenter une série de faits graves, qu’ils disent avoir relevés sur l’ensemble du pays. L'opposition dit par exemple avoir surpris des fonctionnaires en train de remplir des procès verbaux électoraux bien après la clôture du vote, avoir relevé des bourrages d’urnes, ou encore des bureaux de vote où il y avait plus de votants que d’inscrits.
Chef de file de l'UFR
Lorsqu'on leur demande s'ils sont prêts à siéger à l'Assemblée nationale sans l'opposition, les dirigeants du parti d'Alpha Condé répondent qu'ils ne souhaitent pas en arriver là. Mais ils affirment être en mesure de remporter la majorité des sièges à l’Assemblée.
Le RPG ne semble donc pas vraiment impressionné par l'attitude de l'opposition. Il espère que les militants de tous bords resteront calmes. Pour l'heure, l'opposition n'a pas lancé son arme ultime, à savoir un mot d'ordre de manifestation, mais elle demande à ses partisans de se tenir prêts.
Rétablir la confiance
Depuis jeudi, on pressentait une telle décision de l'opposition. Désormais, la Guinée doit donc faire face à une crise de premier plan, bien que cette crise n'a pour l'heure pas débordé du champ politique, ce qui est essentiel. Le facilitateur international Saïd Djinnit est arrivé jeudi en urgence à Conakry. Il s'attèle désormais à trouver une solution pour sortir le pays de cette impasse.
M. Djinnit espère ramener tout le monde à la table des négociations. Une réunion du comité de suivi mis en place après les accords politiques de juillet se tenait ce vendredi soir sous son égide. Plusieurs pistes sont à explorer : par exemple, un nouveau comptage des résultats dans les circonscriptions contestées.
Le médiateur va peut-être aussi proposer à chacun d’attendre la publication complète des résultats pour dresser un nouveau constat. Ce qui est certain, c’est que l’opposition n’a pas d’autre choix que de s’en remettre à la médiation de M. Djinnit. Mais il va falloir rétablir la confiance.
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