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Geraldine Faladé, gardienne de l’héritage féministe africain, est morte



La journaliste franco-béninoise Géraldine Faladé est décédée en France dimanche 16 février à l'âge de 90 ans. La nouvelle a été annoncée par ses proches. Reporter à la Sorafom et à l'Ocora, les structures qui ont été les ancêtres de RFI, elle était discrètement engagée pour l'indépendance de l'Afrique et la cause des femmes.

Géraldine Faladé est née en 1935 à Porto Novo, dans le Dahomey de l’époque (l’actuel Bénin), au sein d'une famille intellectuelle, militante, descendant du roi Béhanzin. Son père Maximilen Faladé est un homme érudit, un fonctionnaire critique de la colonisation qui a participé à la fondation du journal La Voix du Dahomey. Sa sœur, Solange, est l'une des premières psychanalystes africaines et dirige un moment la FEANF, la Fédération des étudiants d'Afrique noire en France. Les idées qui les animent nourrissent également la jeune femme « Il y a tout le temps eu ce militantisme, cette révolte en eux, mais aussi cette curiosité intellectuelle, cette envie de chercher les choses », raconte Younouss Touadé, le fils de Geraldine Faladé.
 
C'est cette curiosité qui pousse la jeune femme à devenir journaliste. Elle passe sur les bancs du CFJ, une école de journalisme basée à Paris. À sa sortie d'études, elle signe dans les colonnes du journal La Vie africaine, puis rejoint les ancêtres de RFI : la Sorafom (Société de radiodiffusion de la France d’Outre-Mer) qui se transforme en 1962 en Ocora (Office de coopération radiophonique). Elle couvre les manifestations qui suivent la mort de Patrice Lumumba en 1961, travaille sur le massacre des Algériens à Paris en octobre de la même année. Elle interroge des personnalités. « Elle faisait partie de ces jeunes africaines qui se battaient pour l'émancipation de la femme », se souvient celui qui deviendra son mari, le médecin vétérinaire tchadien Mahamat Paul Touadé.
 
Une militante déterminée mais discrète
Les deux époux s'installent à Ndjamena, sous la présidence de Tombalbaye. Géraldine Faladé se partage entre éducation de ses enfants et travail au ministère de l'information. Elle reste une femme de convictions : « Elle se révoltait contre l'injustice, se souvient son fils. La première fois qu'elle m'a parlé de l'Afrique du Sud, j'avais six ans ! » Après le coup d'État de 1975 qui porte au pouvoir Felix Malloum, elle dirige le service de presse de la présidence. La guerre civile de février 1979 la pousse à quitter le pays.
 
Ces dernières années, Geraldine Faladé voyageait entre Cotonou et Paris. En 2020, elle qui était une militante déterminée mais discrète, s’était mise au service de celles qui ont fait bouger les lignes, en publiant chez Présence Africaine et sous le titre de Turbulentes ! un ouvrage consacré au rôle de femmes africaines pionnières, à l'attention notamment des jeunes générations.
 
« Je regarde la jeunesse qui bouge... et je pense qu'il faut que ces jeunes sachent ce qui s'est passé, expliquait-elle au micro de Yasmine Chouaki. Il faut qu'elles sachent d'où ça vient, comment les portes se sont ouvertes. C'est une façon de remercier aussi ces femmes, nos aînées, qui ont osé et qui ont été oubliées ». Cette gardienne inquiète de l’héritage féministe africain aura travaillé jusqu’au bout à sa pérennité. Elle avançait l’écriture, ces derniers temps encore, d’un deuxième tome de ses Turbulentes.

RFI

Mardi 18 Février 2025 - 20:04


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