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Guinée-Bissau : le Premier ministre se dit "candidat naturel" du parti au pouvoir pour la présidentielle

Le Premier ministre bissau-guinéen Carlos Gomes Júnior a affirmé, mardi 24 janvier 2012, qu’il est le « candidat naturel » de son parti - le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), parti au pouvoir – à l’élection présidentielle anticipée du 18 mars prochain. Il se dit prêt à présenter sa candidature s’il est choisi.



Le Premier ministre de la Guinée-Bissau, Carlos Gomes Júnior. Kaldari / Wikipédia
Le Premier ministre de la Guinée-Bissau, Carlos Gomes Júnior. Kaldari / Wikipédia
Les Bissau-Guinéens sont appelés aux urnes pour élire le successeur de Malam Bacaï Sanhá, décédé le 9 janvier dernier. L’actuel Premier ministre s’est dit d’ores et déjà prêt pour la course électorale si son parti, le PAIGC, le choisit. « Je suis le président du PAIGC, naturellement que je suis son candidat », mais « la décision finale revient à la direction du parti », a ajouté Carlos Gomes Júnior.

Quatre autres responsables du PAIGC ont indiqué qu’ils souhaitent être candidats mais Carlos Gomes Júnior – véritable homme fort de la classe politique – est en théorie le mieux placé.

C’est l’analyse de Vincent Fouchet, chercheur à l'International Crisis Group et auteur d’un rapport qui vient d’être publié sur la situation en Guinée-Bissau, joint par RFI.

Convaincre des segments entiers du PAIGC

Le Premier ministre et actuel homme fort du pays ferait donc figure de poids lourd, mais avant d’être candidat, il devra encore convaincre des segments entiers du PAIGC.

Pour les partisans du Premier ministre, il ne fait guère de doute que l'élection présidentielle devrait consacrer l'hégémonie politique de Carlos Gomes Júnior. En effet, depuis les disparitions des présidents João Bernardo Vieira et Malam Bacaï Sanhá, Carlos Gomes Júnior a cessé d’avoir des adversaires de poids au sein du PAIGC. Certes, ses détracteurs au sein de l’appareil sont nombreux, mais ils sont orphelins et ne disposent ni des moyens ni du poids politique de l'actuel Premier ministre.

De là à en conclure qu'un boulevard s'ouvre pour Carlos Gomes, il n'y a qu'un pas que les plus prudents ne s'aventureraient pas à franchir. Car le chemin est semé d'embûches. Par le passé, l'opposition interne à l’ancien président Nino Vieira, au sein du PAIGC, n'avait pas hésité à manoeuvrer contre lui, en s'alliant, en sous main, avec les partis d'opposition.

Carlos Gomes Júnior va donc devoir tenir à distance l'aile du PAIGC qui ne lui est pas acquise. En outre, il devra également rassurer une partie de l'armée qui redoute cette hégémonie politique de l’actuel Premier ministre. L'opposition de l’ethnie Balante ne cesse en effet d'agiter la menace d'une perte d'influence irrémédiable de cette ethnie, très puissante au sein de l'armée.

Jusqu'à présent, Carlos Gomes Júnior bénéficiait de conditions favorables avec un président Sanhá qui exerçait une sorte de médiation entre les différents secteurs de la vie publique. Avec sa disparition, le risque de radicalisation politique et la tentation de l'aventurisme augmentent considérablement.

Une relative stabilité

Le succès de la résistance des autorités bissau-guinéennes à une tentative de coup d’Etat, le 26 décembre 2011, est encourageante, estime le dernier rapport d’International Crisis Group (ICG) consacré à la Guinée-Bissau et daté du 23 janvier 2012. Dans ce rapport intitulé Au-delà des compromis : les perspectives de réforme en Guinée-Bissau, ICG y voit une illustration de la stabilité que le pays connaît depuis les turbulences politiques et militaires du 1er avril 2010. L’ONG note cependant qu’il s’agit d’une stabilité relative qui est le résultat de compromis fragiles, incertains et très ambigus. Des défis cruciaux politiques, militaires et judiciaires sont encore à venir, prévoit l’ONG.

La mort du président Malam Bacaï Sanhá, le 9 janvier 2012, a conduit le pays à devoir organiser une élection présidentielle anticipée prévue pour le 18 mars prochain. En attendant, les partis politiques auront à gérer une concurrence entre eux et à l’intérieur même des partis. L’hégémonie du PAIGC et du Premier ministre en sortira probablement consolidée mais l’avenir d’une opposition marginalisée suite à une éventuelle radicalisation et un recours à la force peut devenir un autre défi. Certains partis d’opposition n’hésiteront pas à utiliser non seulement les récentes tensions dans le pays mais aussi l’impuissance (ou le manque de volonté) de la justice à élucider les assassinats politiques de 2009.

La réforme du secteur de la sécurité (SSR), qui est en attente, représente un autre défi. International Crisis Group souligne également que l’appui soutenu de l’Angola au Premier ministre et au chef d’état-major, notamment lors de la tentative du coup d’Etat avorté du 26 décembre dernier, doit absolument marquer une rupture nette entre le trafic de drogue et l’impunité.
Source: RFI


Jeudi 26 Janvier 2012 - 09:46


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