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LA CHRONIQUE DE MLD : Amadou Ba ou le nécessaire parricide... Par Mamadou Lamine DIATTA



 « En politique, il n’y a pas de traîtres, il n’y a que des perdants »
André Thérive
 
 L'élection présidentielle est la rencontre d'un homme politique et d'un peuple dit-on trivialement. Si Sonko le Leader emblématique et populaire de l’opposition perd définitivement le combat relatif à son éligibilité, il faudrait se rendre à l’évidence pour évaluer sérieusement les chances d’Amadou Ba, le candidat du pouvoir.
 
Mais pour l’actuel Premier ministre, la Realpolitik définit des prérequis comme ce meurtre symbolique permanent dans une arène qui prend souvent les atours d’une vaste corrida. C’est le romancier, journaliste et critique littéraire français André Thérive qui a le plus chanté l’exaltation du parricide en politique avec sa célèbre et cinglante répartie : « En politique, il n’y a pas de traîtres, il y a juste des perdants ». Une réflexion vile et cruelle au premier degré mais qui garde tout son sens et toute sa pertinence à la lumière des expériences déjà vécues. De son mentor François Mitterrand, Laurent
Fabius disait : « Lui c’est lui, moi c’est moi » ; cela a dû froisser l’orgueil du maître ! Sans oublier le parricide d’Emmanuel Macron qui s’était émancipé de François Hollande.

Plus près de nous, lors de son discours d’investiture, Thabo Mbéki avait « oublié » de mentionner le nom de Mandela. Sacrilège ! Et puis au Sénégal, Abdou Diouf avait complètement desenghorisé l’Etat. Idem pour l’actuel Chef de l’Etat Macky Sall, obligé de déwadiser pour se réinventer et suivre son chemin à lui au gré des vicissitudes de la vie.
 
Amadou Ba semble avoir compris cette sorte de réalisme qui sous-tend l’action politique. Après une véritable léthargie notée au début de la pré-campagne électorale, il affiche depuis quelques sorties le visage d'une bête politique blessée et donc redoutable. Sans doute secoué entre autres par les salves d’un Souleymane Jules Diop qui, tel un diable sorti de sa boîte, l’avait carrément égratigné.
De même, plusieurs critiques de la presse et de l'opinion l’avaient dépeint en candidat fade, incolore, inodore et sans saveur. Justement comme cette eau qui a d'autres vertus. Et puis méfiez-vous de l'eau qui dort dit l’adage !

Revigoré le week-end dernier par les investitures du PS, de l'AFP et le Congrès à l’américaine tenu au King Fahd Palace par l’icône du secteur privé Racine Sy auteur d’une mobilisation impressionnante, le cavalier de BBY a repris du poil de la bête.

Autrement dit, Ba doit savoir se réinventer pour écrire sa propre histoire et se départir de l'image par trop envahissante de son mentor...Car en politique le parricide est quelque part admis et le Sherpa des Parcelles assainies a l’obligation de tracer sa voie pour se révéler en homme neuf aux yeux d’une opinion assez exigeante.

Dans un passé récent, l’homme a eu l'intelligence de ne pas trop attaquer Sonko, son ancien « partenaire » à la Direction générale des impôts et domaines (DGID).

De ce point de vue, il doit saisir l’occasion pour réchauffer cet axe stratégique et ratisser large, disons au-delà du landerneau de la majorité afin d’engranger des gains importants d’autant qu’en politique, il ne faut jamais dire jamais.
 
Ba est un homme politique policé et raffiné qui tient à gagner les galons d’un homme d’Etat. Vaste programme ! Il faut dire qu’il n’a quand même rien à voir avec les personnages hauts en couleur qui peuplent l’espace politique en quête quotidienne de buzz. On le dit poli et d’une exquise courtoisie surtout qu’il sait garder des rapports cordiaux même avec des contempteurs identifiés ici et là. Un atout non négligeable dans le contexte socio-politique actuel marqué par une absence de lisibilité.

Amadou Ba s’est aussi autoproclamé unique candidat de ce qui reste du Parti Socialiste. Une manière subtile de couper l’herbe sous les pieds d’un Khalifa Sall qui est en train de sillonner le Sénégal des profondeurs histoire de se mettre sur les pas d’un certain Macky Sall à qui la stratégie maoïste de l’encerclement des villes par les campagnes avait bien réussi en 2012, toutes proportions gardées.

Détail important, le candidat de Benno Bokk Yaakar doit remiser son orgueil au placard pour se rapprocher davantage des caciques et historiques de l’APR comme Abdoulaye Daouda Diallo redoutable patron du Conseil économique et social et Sheriff du Toro en particulier, du Fouta en général. Au nom d’une vieille logique politique qui fait que cette activité est consubstantielle à l’addition des forces d’où qu’elles proviennent, le Premier ministre n’a aucun intérêt à snober ces acteurs de premier plan. Au contraire !

Moussa Ndongo

Vendredi 22 Décembre 2023 - 11:17


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