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Le Burkina Faso déstabilisé par les violences jihadistes

Au Burkina Faso, depuis 2015, les attaques de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et à l'organisation État islamique ont fait plus de 2 000 morts, civils et militaires, et contraint 1,5 million de personnes à fuir leur foyer. Ces derniers mois, une partie de l’armée n'a cessé de contester la stratégie et les moyens mis en place par le gouvernement pour lutter contre le terrorisme islamiste. Chronologie d’une crise sécuritaire qui a embrasé le pays sahélien.



Après des mois de tensions, une partie de l’armée a choisi de défier le gouvernement burkinabè, à qui elle reproche une mauvaise gestion de la lutte anti-terroriste. Depuis plusieurs mois, elle est soutenue par des manifestations dans plusieurs villes, souvent interdites et dispersées par les policiers anti-émeutes.
 
À la suite de nouveaux rassemblements pour dénoncer "l'incapacité" du gouvernement à freiner les violences jihadistes, des mutineries ont éclaté dimanche 23 janvier dans plusieurs villes au Burkina Faso.
 
Les soldats mutinés réclament le départ des chefs de l'armée et des "moyens plus adaptés" à la lutte contre les jihadistes, alors que le siège du parti au pouvoir à Ouagadougou a été incendié par des manifestants.
 
Les autorités burkinabè incapables d’enrayer la violence jihadiste
Le gouvernement a décrété un couvre-feu dimanche et lundi le président Roch Kaboré était retenu par des soldats mutins dans un camp militaire. Au pouvoir depuis 2015, il a été réélu en 2020 sur la promesse de faire de la lutte anti-jihadiste sa priorité.
 
C’est principalement dans le nord et l’est du pays, dans la zone dite des trois frontières (Mali, Niger Burkina Faso) que le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), filiale d’Al-Qaïda, et l’organisation État islamique du grand Sahara (EIGS) font régner la terreur.
 
De 2016 à 2018, des attentats ont frappé la capitale Ouagadougou et les symboles du pouvoir. Depuis 2019, des attaques menées par des katibas très mobiles visent plutôt des zones rurales du nord et de l’est du pays, provoquant des déplacements de population inédits et des violences inter-communautaires. Au total, elles ont fait plus de 2 000 victimes parmi les civils, les forces armées mais aussi les "Volontaires pour la défense de la patrie" (VDP, supplétifs civils de l’armée burkinabè, créée en 2020).
 
Les grandes étapes de la violence jihadiste au Burkina Faso
• Le 15 janvier 2016, à Ouagadougou, un double attentat visant l’hôtel Splendid et le restaurant Cappuccino revendiqué par Aqmi fait 30 morts, principalement dans les rangs des expatriés occidentaux.
 
• Le 2 mars 2018, des attaques armées visant l’ambassade de France et l’état-major des forces armées du Burkina font huit morts parmi les forces de l’ordre.
 
• Le 1er janvier 2019, dans la province du Sanmatenga, des Peuls, accusés de complicité avec les jihadistes, sont la cible de villageois mossi. Selon le bilan officiel, les violences font au moins 72 morts et 6 000 déplacés.
 
• Le 19 août 2019, 24 soldats sont tués dans l’attaque d’une base de l’armée à Koutougou, dans le nord du pays. L’armée fait l’objet d’une nouvelle attaque en décembre lorsque la ville d’Arabinda, près de la frontière malienne, est prise d’assaut par des jihadistes lourdement armés.
 
• Le 25 janvier 2020, 39 civils sont massacrés de sang-froid par un groupe d’assaillants dans le marché du village de Silgadji, dans le nord du pays. Une quarantaine de civils avaient été abattus la semaine précédente dans les villages proches de Nagraogo et Alamou.
 
• De mars à juin 2021, une série de mutineries secoue l’armée burkinabè : 566 militaires sont radiés, un nouveau gouvernement et un nouvel état-major sont nommés par le président.
 
• Le 5 juin 2021, une nouvelle tuerie dans le village de Solhan fait au moins 160 morts, l’attaque la plus meurtrière que le Burkina Faso ait connue depuis le début des violences en 2015. Elle fait de nombreuses victimes parmi les VDP.
 
• Le 14 novembre 2021, l’attaque contre le poste de gendarmerie d’Inata fait 57 morts, dont 54 gendarmes dans la province du Soum frontalière avec le Mali. Deux semaines avant cette attaque, ils avaient alerté l'état-major sur leur situation précaire, disant manquer de nourriture.
 
• Le 10 décembre 2021, Lassina Zerbo est nommé Premier ministre après la démission de son prédécesseur, accusé d’être incapable d’enrayer les attaques terroristes.
 
• Le 11 janvier 2022, huit militaires accusés de planifier "un projet de déstabilisation des institutions de la République" sont arrêtés.
 
Après six ans d’insurrection, un gouvernement affaibli
Les militants islamistes contrôlent désormais des pans entiers du pays et ont forcé les habitants de certaines régions à se conformer à une version rigoriste de la loi islamique. La lutte de l'armée pour réprimer l'insurrection a elle entamé les maigres ressources du pays.
 
Roch Kaboré s'était engagé en novembre à mettre fin aux "dysfonctionnements" de l'armée après une série d'attaques contre les forces de sécurité et à instaurer des mesures de lutte contre la corruption.

RFI

Lundi 24 Janvier 2022 - 15:40


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