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Les sanctions de l’UA pour célébrer l’anniversaire au pouvoir d’Andry Rajoelina

Andry Rajoelina, le président malgache fête de manière bien particulière l’anniversaire de son accession au pouvoir. La date butoir pour la mise en place des Accords de Maputo et d’Addis-Abeba en faveur d’un retour progressif à une situation consensuelle et de partage du pouvoir sur la grande île était fixée au 16 mars 2010. Selon les services de l’UA chargés de la Paix et de la Sécurité, l’ultimatum n’ayant pas été respecté, les sanctions contre le pouvoir malgache seront effectives à compter du 17 mars 2010.



Andry Rajoelina, le président de la Haute autorité de transition malgache. Reuters/Siphiwe Sibeko
Andry Rajoelina, le président de la Haute autorité de transition malgache. Reuters/Siphiwe Sibeko
Pour son premier anniversaire à la tête du pays, ce 17 mars, Andry Rajoelina ne va pas recevoir de cadeau de la part de l’Union africaine : au lendemain de l’ultimatum qu’elle avait fixé pour l’application des Accords de Maputo, l’UA devrait finalement sanctionner personnellement les autorités de transition. Interdictions de voyages, gels d’avoirs financiers et l'isolement diplomatique des autorités de fait ont été évoqués pour toucher au cœur le régime, alors que la majorité des bailleurs de fonds ont déjà suspendu leur aide au pays, l’un des plus pauvres du monde.

Il y a un an, après plusieurs semaines de contestation dans la rue et un une forte pression de l’armée, Marc Ravalomanana avait remis ses pouvoirs à un directoire militaire, qui les avait immédiatement transmis à Andry Rajoelina. Coup d’Etat ? Le terme fait encore débat, mais deux choses sont acquises : la situation devenait intenable pour le président réélu en 2006, puisque, la veille, des blindés avaient investi l’un de ses palais ; et le 17 mars, le pays est entré dans « l’extraconstitutionnalité » puisque le pouvoir aurait dû être remis au président du Sénat.

On cherche une sortie de crise

La Communauté internationale s’est imposée pour jouer les médiateurs, mais son action, marquée par des choix discutables, n’a pas abouti. Plusieurs fois on a cru qu’une solution allait être trouvée : en août, les Accords de Maputo définissent le cadre d’une transition « consensuelle, neutre et inclusive ». Rajoelina est confirmé comme « Président de la transition », mais le pouvoir est partagé entre quatre mouvances – les anciens présidents Zafy et Ratsiraka, évincés en leur temp, ayant été remis en jeu. Cette première mouture est amendée par l’Acte additionnel d’Addis-Abeba, signé en novembre.

A ce moment, deux « co-présidents du Conseil présidentiel » et un Premier ministre de consensus ont été désignés, la transition est en route pour mener le pays vers la 4ème République. Preuve que les institutions sont reconnues : l’ambassadeur de France, arrivé au lendemain du renversement de Marc Ravalomanana, peut enfin présenter ses lettres de créances à Andry Rajoelina, unanimement considéré comme chef de l’Etat.

Mais cet équilibre instable, « monstre à quatre têtes » selon les termes d’un des médiateurs, ne va pas tenir longtemps. Les mouvances se révèlent incapables de s’entendre sur la répartition des postes au sein du gouvernement – ultime négociation pour laquelle la communauté internationale laisse les Malgaches se débrouiller seuls – et les coups bas pleuvent.

L’entêtement de Rajoelina

Une nouvelle réunion est donc organisée à Maputo début décembre, mais Rajoelina refuse de s’y rendre. Il bloquera ensuite plusieurs jours les délégations adverses en Afrique, prétextant que leur sécurité n’est plus assurée à Madagascar. La population leur en voudrait d’avoir « trahi la souveraineté nationale » en allant composer un gouvernement à l’extérieur. Les membres des trois mouvances rentrent finalement au pays le 18 décembre – sans heurts -, mais ce même jour, Rajoelina rompt officiellement le processus consensuel, en désignant un nouveau Premier ministre et en abrogeant l’ordonnance d’application des Accords de Maputo et de leur prolongement d’Addis-Abeba.

Depuis, le schéma est assez simple. D’un côté, Rajoelina veut organiser des élections législatives au plus vite, afin de mettre en place une assemblée constituante. Un « atelier de consensus élargi » boycotté par l’opposition a validé cette option, mais la date du scrutin potentiel n’est pas encore connue. A l’autre bout de l’échiquier, les trois mouvances adverses (étonnamment solidaires alors que leurs chefs de file se détestent depuis des années) dénoncent cet « unilatéralisme », et réclament l’application des Accords.

La communauté internationale soutient ardemment cette position puisque l’UA, comme les Nations unies, la SADC et l’OIF, étaient cosignataires à Maputo et Addis-Abeba. Mais malgré la division de son camp, Rajoelina a choisi de ne pas céder. L’annonce des sanctions va-t-elle permettre de faire évoluer la situation ? Un an après la chute de Ravalomanana, les lignes politiques ont bougé, mais l’horizon ne s’est toujours pas dégagé.

Rfi

Mercredi 17 Mars 2010 - 12:03


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