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Ngor: les stigmates des affrontements toujours visibles, l'arbitrage de Macky soumis à l'appréciation des habitants (Reportage)



Mortiers, grosses pierres, pneus brûlés, débris lacrymogènes. Le village de Ngor porte toujours les stigmates des affrontements mardi soir, entre forces de l’ordre et populations. Même si un calme précaire est noté ce mercredi, après la réunion nocturne au Palais, pour trouver une solution à ce problème foncier, source de la tension.

De visu, le climat reste palpable malgré l’arbitrage du président Macky. Sous ce soleil piquant, les gendarmes restent aux aguets. Plus d’une vingtaine de voitures des hommes en bleu sont stationnées sur toutes les voies qui mènent vers le terrain: objet du litige, situé au rond-point Ngor.

Sur la route qui mène vers le district sanitaire de la localité, des tas de pierres y sont posés. Obligeant certains automobilistes au ralenti. D’autres préfèrent bonnement rebrousser chemin.

Juste à quelques mètres de cette structure sanitaire, un groupe d’individus est assis au tour d’une table de gargote. Ces riverains ruminent sur leurs moments de douleurs vécus dans la journée d’hier. Dans leur discussion, ils préviennent qu’il est hors de question de cohabiter avec la gendarmerie. Ils exigent toujours leur le départ des lieux.

 

Malgré l'arbitrage de Macky, la population refuse de cohabiter avec la gendarmerie 

A la fin de l'audience nocturne, d'importantes décisions ont été annoncées. Le président Macky Sall a décidé que le terrain objet du litige sera partagé à part égale: les 3000 m2 vont être affectés à la gendarmerie, l'autre partie aux populations de Ngor. Il a été décidé également que le titre foncier du stade de Ngor sera affecté à la mairie. 

Baaye Issa, riverain, ne l'entend pas de la même oreille. Il avertit les autorités en ces termes:  « nous ne voulons pas cohabiter avec la gendarmerie dans ce site. Qu’ils aillent au virage, il y a un site là-bas ». 

Témoin de l’ « abattement » de la fille de 15 ans, notre interlocuteur dément avec hargne les propos du ministre de l’Intérieur qui prétend que la seule mort enregistrée lors des échauffourées aurait été causée par « l’hélice d’une pirogue ».

A en croire Baaye Issa, le drame s’est déroulé sous ces yeux au niveau de la plage. Alors, il assure au micro de PressAfrik qu’elle (la fille) a été touchée par une "balle réelle" avant d’être trainée lâchement par les forces de l’ordre dans un sac. »
 
Il apprend que la famille de la défunte s’est rendue à l’hôpital et elle leur a été refusée de prendre le corps. Il réclame une « autopsie » pour un éclatement de la vérité.

« Contrairement à ce qui a été dit dans les médias par le ministre de l’Intérieur, l’hélice de la pirogue n’a pas tuée la fille. Antoine Félix Diome n’était pas sur le terrain donc il ne peut se prononcer sur des choses qu’il ne maitrise pas. Et je vous signale que d’autres ont reçu de balles réelles, sur la jambe, mains, et même au bas ventre », ajoute-t-il avec voracité.

Très remonté contre les autorités étatiques Baaye Issa, estime qu’il est temps que la vérité surgisse. « Ce que Sonko a dit hier c’est vrai. Dans ces genres de situation l’autorité étatique devrait communiquer quand sa population est en détresse. Dire que ce qui se passe n’est pas normal. Ces forces de l’ordre n’ont pas le droit de tirer sur des civils, leur rôle c’est de nous protéger », se désole-t-il.

La dame Adjia Sokhna Dieng d'une âge avancée, a été obligée de passer la nuit à Yoff pour sa sécurité. « Ce qui s’est passé hier était inadmissible et regrettable. Moi qui vous parle,  j’ai déserté ma maison pour aller se réfugier à Yoff. Le climat était invivable. J’ai laissé mes frères et sœurs dans le désarroi, des potaches ont été empêchés d’aller à l’école pendant deux jours. »

« Personne ne peut combattre avec le pouvoir. Alors j’implore le président de laisser notre terroir en paix », demande t-elle au bout des larmes. 
 
« On a pas besoin de cette brigade de gendarme, on est fatigué », lance une autre dans la foulée, avant d’être coupé par un passant qui lui dit de cesser la communication avec les médias.
 
Nos blessés ont été laissés à eux même, seule la Croix rouge était sur place 
 
Djip Faye, agent de la mairie de Ngor regrette qu’au moment des affrontements, les sapeurs-pompiers n'étaient pas sur les lieux pour secourir les blessés. Selon lui « il y avait que la Croix-rouge sur place. D’ailleurs c’est eux qui ont évacué les blessés à la clinique  Suma et à l’île de Ngor. Parce que l’accès au district sanitaire était carrément interdit. »
 
 
 

La population de Ngor en concertation pour la conduite à tenir prochainement 

Face à la presse ce mercredi, Mamadou Ndiaye, président du mouvement « Ngor Debout » a exposé le bilan des affrontements. Il fait savoir « à ce moment précis on a dénombré un mort et des blessés dont on ne peut pas avancer sur le nombre exact. Parce qu’ils avaient peur de se rendre à l’hôpital Ngor et des représailles de la gendarmerie. »

Pour ce qui de l’identité de la fille décédée, elle s’appelle Adjia, une résidente de Ngor, âgée de 15 ans.

M. Ndiaye de son côté a émis des doutes sur les informations avancées par le ministre Antoine Félix Diome. Il demande une autopsie. « On a vu le communiqué de ministre de l’Intérieur mais je signale que la population de Ngor n’a pas dit ça. Ce qui veut dire est que l’autopsie s’impose. »

Interrogé sur les conclusions de l’audience entre Macky et les notables du village, le président du mouvement « Ngor Debout » informe qu’ils prennent acte. Ce qu’il déplore par contre, c'est qu’il a fallu attendre une mort d’hommes pour s’assoir sur une table de négociation. »

Pour une réponse à apporter à la décision annoncée du Président Macky Sall, « rien n’a été décidé. L’information a été remontée à la population. Et nous sommes en concertation », déclare-t-il. 
 
 


Fana CiSSE

Mercredi 10 Mai 2023 - 15:25


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