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Piques et répliques d’une déclaration de politique : « Abdou Lô » et le « plagiat » polluent les débats

Contrairement à ce qui était connu sous le régime de libérale, la journée d’hier a été moins animée aux alentours de l’Assemblée nationale et dans les tribunes de l’hémicycle. Ce lundi, hormis quelques jeunes du mouvement « Y en a marre » venus se faire entendre pour la prise en charge de leurs préoccupations mais vite dispersés, l’ambiance était plutôt calme.



Piques et répliques d’une déclaration de politique : « Abdou Lô » et le « plagiat » polluent les débats
A l’intérieur également, il n’y avait pas autant de folklore que lors des précédents exercices de déclaration de politique générale. Des militants installés au balcon de l’hémicycle ont été maitrisés par les services de l’ordre qui ont souvent rappelé à l’ordre quelques téméraires qui se risquaient à des écarts.
Le centre d’intérêt était cependant aux débats entre les députés de la nouvelle opposition et le bouclier de députés  de Benno Bok Yaakar,  devant le premier ministre Abdoul Mbaye qui, n’a pas boudé son plaisir d’envoyer des banderilles « aux honorables députés ».

Après un discours de deux heures et quinze minutes, le président  de l’assemblée nationale a rappelé les règles du jeu, le président de l’Assemblée Nationale passe à la distribution des temps de paroles 150 minutes en tout. 100 pour les députés de la majorité, 25 minutes pour le groupe libéral et les vingt cinq autres pour les non inscrits.
Dès lors, les débats pouvaient démarrer, timidement  d’abord avec les premières interventions de Moustapha Cissé Lô qui s’est fait l’avocat des sénégalais de la diaspora.

Mais c’est l’ancien Premier ministre et nouvel opposant qui va ouvrir les hostilités. Souleymane Ndéné Ndiaye commence d’abord par apporter de l’eau au moulin de L’UMS, en évoquant le débat sur la suppression du fonds commun des magistrats : « il faut  maintenir les acquis des travailleurs de la justice ». Tout de suite après, le prédécesseur de Abdoul Mbaye embraye sur la question des audits pour s’insurger contre « une justice qui bavarde beaucoup, les convocations intempestives d’anciens dignitaires du régime libéral avec les humiliations et les vexations » et dénoncer la connivence avec une presse qui annonce les auditions et étale souvent les contenus des minutes de ces auditions, sans que l’Etat ne bronche. » Selon le dernier premier ministre de Wade, « L’Etat doit se soumettre au droit, appliquer le droit et faire garantir les droits des citoyens, c’est là que commence un Etat de droit.»

A sa suite, la députée Khady Diedhiou de Bok Guis Guis  cogne dans les flancs du Pm à travers un « procès d’intentions » mais aussi en réclamant des « excuses du Pm pour violation de la constitution avec le retard dans la déclaration de politique générale. »

La députée Sokhna  Dieng Mbacké, elle, enfourchera le même cheval pour tirer sur le discours du PM pour dire qu’il n’y a «Rien de nouveau sous le soleil. »

Comme galvanisé par l’intervention de son ancien chef de gouvernement, la députée maire Aïda Mbodj embouche la même trompette pour dénoncer « la critique facile et la violation du calendrier républicain et l’article  55 de la constitution ». Très taquine, la maire de Bambey  dit « comprendre le retard lié aux divergences de vues entre le Pm et son Chef, mais aussi à la nécessité de faire la synthèse entre les programmes Yonu Yokkuté, ceux des alliés du Président et les conclusions des assises nationales. » Pour finir, Aïda Mbodj accuse le PM de « plagiat » arguant que « l’essentiel du discours est dans le dernier document de politique  économique et sociale élaboré sous le magistère de votre prédécesseur. »

A Oumar Sarr alors d’enfoncer le clou, lui qui déclare tout simplement : « Tout ça pour ça ! » en référence à un film de Claude Lellouche. Et d’ajouter « Vous avez déroulé le programme 2011- 2015, rien de nouveau. Si le 25 mars il y a eu tant de bruits, tant de morts pour aboutir à la  réalisation ou à la tentative de réalisation du programme du PDS, c’est triste ! Je suis déçu comme beaucoup de sénégalais », dit-il.

Auparavant, Abdoulaye Makhtar Diop avait lancé la « bombe » de l’article 16 de la constitution au sujet de la nationalité d’un membre du gouvernement ayant acquis une nationalité étrangère et qui, « de facto perd la nationalité sénégalaise et ne doit pas occuper des fonctions ministérielles. »

Moustapha Diakhaté dans son armure de chevalier

Mais c’était sans compter avec un Moustapha  Diakhaté dans son grand boubou de président du groupe parlementaire de Benno Bok Yaakar. « M. le premier ministre a hérité d’un pays appauvri par douze années de gabegie, de détournements et de pillages des deniers publics. Il faut engager la traque des ressources pillées et poursuivre les audits.»

Poursuivant sa diatribe à l’endroit de la nouvelle opposition, Diakhaté  leur dira « une défaite n’efface pas un bilan», avant d’inviter le PM à s’inscrire « dans une gouvernance vertueuse et fermer la porte aux détournements et aux vols de deniers publics. »

Le premier ministre, lui, avec un brin d’humour, a tenté de retourner la critique sur le plagiat en avantage en déclarant « Puisque l’opposition le revendique, c’est que c’est bon » et de renvoyer les députés qui réclament les détails sur les moyens et le chronogramme à d’autres occasions. « Les étapes, les détails, les chiffres viendront et sont soumis au contrôle  des députés ».

Avec le deuxième tour de temps de parole les débats gagnent en intensité, «les députés s’envoient dans les cordes comme sur un ring de boxe.  Les attaques frontales se multiplient.
Le député de la jeunesse apériste reprend la parole pour attaquer Modou Diagne Fada qui parlait de « népotisme »  dans les nominations  à différents niveaux de responsabilité par le Président Macky Sall. Oumar Sarr en prend pour son grade avec le plan Jaxaay, objet de toutes les supputations.

Moustapha Cissé en profite pour envoyer une « brique » à Modou Diagne Fada, en évoquant « les 500 millions de l’appareil coronarien de la faculté de médecine ou les 400 millions du centre d’enfouissement. »

Aïda Mbodj revient et charge Macky Sall, comptable selon elle « au même titre que les autres, de la gestion du régime sortant. » Sa camarade Fatou Thiam du PDS refuse les audits « à géométrie variable » et estime que « si on cherche à punir ceux qui ont pillé les deniers publics, le Sénégal n’aura plus de Président et le Rewmi n’aura plus de responsable » !
Abdoulaye Makhtar pour sa part, refuse de lâcher l’article 16 et se dit prêt à saisir même le procureur sur le sujet ou proposer la mise en place d’une commission d’enquête et à défaut, soumettre une question orale.

De quoi pousser Aïssata Tall Sall à mettre la robe d’avocat pour défendre Abou Lô : « l’article 16 s’adresse à ceux qui ont acquis la nationalité sénégalaise, vous êtes un sénégalais bon teint ».

Abdoul Mbaye bénéficiera également de sa plaidoirie : « la DPG ne pouvait être faite le 13 juillet devant une assemblée qui n’avait pas sa légitimité, c’est un cas de vacuité de nos textes. Vous de l’opposition, faites preuve de patience, après le verdict du peuple, c’est votre seul recours possible. »

De l’autre côté, la députée Woré Sarr se charge d’apporter la réplique à la maire de Podor : «  nous sommes patients, malgré 27 ans d’opposition et pour autant nous n’avons pas cherché à faire partir secrétaire général, ce n’est pas votre cas à vous ! »

Maitre El hadj Diouf apporte alors de l’eau au moulin de Abdoulaye  Makhtar Diop, en prenant le contre-pied d’Aîssata Tall Sall, en déclarant qu’« en vérité, l’article 16 exclut tout sénégalais majeur qui acquiert une autre nationalité. »  Avec l’humour qu’on lui connait, EL hadji Diouf invite ses collègues députés de la majorité à être « véridique » et à « rester humbles comme Youssou Ndour l’a chanté « jaay dollé bakhoul » (il est vain de jouer au fort et de vouloir écraser les faibles). »

Prenant la parole à nouveau, le premier ministre revient sur Oumar Sarr à qui il fait savoir que « l’audit du plan jaxaay sera réalisé. Entre 2007 et 2011, 72 milliards de CFA ont été injectés dans la lutte contre les inondations. »
Puis le premier ministre relève les « incongruités » dans les milliards engloutis dans les inondations : « 25 milliards en 2011, année moins pluvieuse contre 13 milliards en 2010 où les pluies étaient plus abondantes, 4 milliards en produits phytosanitaires à Jaxaay. Les inondations et les rubriques de dépenses sont tellement faramineuses et incroyables qu’il faut auditer ! », martèle Abdoul Mbaye.

Comme pour atténuer la « volée », Abdoul Mbaye ajoute cependant qu’« On audite pas une personne, mais un programme, un projet une société, une gestion. »
 
 
Source : Sudonline


Mardi 11 Septembre 2012 - 10:56


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