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Retrouvailles de familles séparées en Corée du Nord : un aparté très réglementé

89 Sud-Coréens ont passé ce lundi la frontière lourdement militarisée avec la Corée du Nord pour rencontrer des membres de leur famille qu’ils n’ont plus vus depuis la Guerre (1950-1953).



Sur les 60 000 personnes sur liste d’attente en Corée du Sud, seules 89 ont été sélectionnées pour franchir lundi matin, la frontière les séparant de leur famille depuis 65 ans.

Ce grand rendez-vous, le premier depuis 2015, a lieu de lundi à mercredi, dans la station de montagne nord-coréenne du Mont Kumgang. L’instant de quelques heures, onze réparties sur trois jours, les participants reverront les membres de leur famille restés au Nord.

Des retrouvailles sous le patronage des Croix-Rouge locales

En juin, les Croix-Rouge des deux Corées s’étaient retrouvées dans la station de montagne du Mont Kumgang, pour discuter de la reprise des réunions des familles séparées par la guerre. Signe de détente dans la péninsule, les délégations s’étaient mises d’accord pour organiser à partir du 20 août des retrouvailles in situ.

Le choix d’organiser celles-ci au sein des installations touristiques du mont Kumgang ne doit rien au hasard. Érigées par les Sud-Coréens durant la « politique du rayon de soleil » (du nom de la tentative de rapprochement des deux nations entre 1998 et 2003), ces infrastructures se veulent l’emblème d’une coopération possible entre les deux pays.

Dans cette région marquée par une forte instabilité, la Croix-Rouge joue un rôle important dans les échanges avec l’international. Reconnue en 1956 par la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, la branche coréenne de l’Institution suisse, du fait de sa neutralité politique, est jugée la plus à même pour conduire ces rencontres.

Des entrevues millimétrées et surveillées

Les deux délégations, 89 Coréens du Sud et 88 Coréens du Nord, se voient imposer un emploi du temps compassé et chronométré, parfois à la minute près. La quasi-totalité des échanges sont collectifs, filmés et surveillés par les autorités des deux Etats.

Le format de ces rencontres laisse peu de place à l’intimité. Une seule réunion de deux heures est totalement privée, le reste se déroulant sous surveillance.
Délicat, lorsqu’il s’agit en trois jours d’apprendre à connaître un parent ou de rattraper des décennies de séparation.

La fugacité de la rencontre ajoute ici à la portée symbolique de l’événement. Passé cet aparté, les participants ne pourront, officiellement, plus jamais communiquer. Près de 70 ans après la guerre, les communications transfrontalières entre civils demeurent interdites. Une enquête d’Amnesty International publié en 2016, avait d’ailleurs démontré que la surveillance des communications s’était renforcée depuis l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-Un en 2011, et que des moyens de plus en plus sophistiqués étaient déployés par le régime pour intercepter les appels internationaux.

Des rencontres au gré du climat politique régional

Aucun accord de paix n’ayant été signé entre les deux nations depuis la fin de la guerre en 1953, le conflit demeure théoriquement ininterrompu. En pratique toutefois, car les relations entre les deux Corée évoluent en dent de scie, tantôt exécrables, tantôt amènes.

Ces rencontres organisées varient donc au gré de la conjoncture politique dans la péninsule. Cette nouvelle session, la première depuis trois ans, se veut une illustration supplémentaire du rapprochement entre les deux pays après plusieurs années de tension, dû aux velléités nucléaires et balistiques de Pyongyang.
 
Si ces rencontres marquent un réchauffement temporaire des relations, elles n’entérinent ni ne présagent pas une ère de relations bilatérales pérennes entre les deux Corées. Elles semblent plutôt s’inscrire dans la continuité des JO d’hiver de Pyeongchang, ponctués notamment par la présence d’une délégation nord-coréenne.

Le Parisien

Lundi 20 Août 2018 - 21:48


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