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Sénégal : Ndiaga Sylla juge "irréaliste" un dialogue sur le système politique bouclé en cinq jours

Ndiaga Sylla, expert électoral, a exprimé sa désolation face à l'absence de toute mention de la durée du dialogue national par les intervenants. Il estime qu’il est impératif de traiter rapidement des questions essentielles telles que la mise en place de la Cour constitutionnelle, l’instauration du bulletin unique, la déchéance électorale automatique et la simplification des procédures d’enregistrement des électeurs. Il met également en garde contre la confusion entre le dialogue sur la réforme ou la modernisation de la justice et celui consacré au système politique. Pour l'expert électoral, cinq jours ne suffisent pas pour faire un dialogue sur le système politique.

In extenso sa publication.



MA LECTURE DU DIALOGUE NATIONAL

À l'occasion de la cérémonie d'ouverture du dialogue national, j'ai retrouvé le Sénégal qui fait notre fierté : une prise de parole mesurée et une clairvoyance dans une tonalité ferme, mais courtoise. Cependant, des discours motivés par la méfiance, le repositionnement, l'ignorance ou l'hypocrisie ont également été prononcés.
 
Je suis désolé de constater que personne n'a évoqué la durée du dialogue pour que le "Prince" puisse disposer d'une marge. Or, à l'expérience, aucun dialogue sur la réforme du système électoral n'a duré moins de 45 jours. Le dernier, initié à la suite de la présidentielle de 2019, a battu tous les records en terme de durée (deux ans), en dehors de la séquence de suspension pour raison de la pandémie COVID-19.
 
Par ailleurs, le Chef de l'État a réitéré ses orientations sur trois axes majeurs notamment l'institution d'une Commission électorale nationale indépendante (CENI), l'inscription automatique à partir du fichier des cartes nationales d'identité (CNI).
 
Il est crucial de souligner que notre pays n'a pas la même trajectoire que les pays qui disposent déjà d'une CENI. La véritable problématique étant de dégager l'administration électorale, dont le professionnalisme dont l'expérience est attesté, de la tutelle de l'autorité politique afin de lui garantir plus d'indépendance. Telle est ma perception du souhait du Président de la République exprimé dès sa première adresse à la Nation.
 
Certes l'inscription automatique garantit plus d'inclusion, en particulier elle devrait permettre au Sénégal de combler les insuffisances liées à la sous représentation des primo votants dans le fichier électoral. Toutefois, l'inscription automatique pose l'équation de l'adressage électoral en même temps qu'elle impactera la carte électorale et le taux de participation.
 
Pour la rationalisation du système partisan, le principal défi consiste à résoudre la problématique déjà posée lors des Assises nationales en 2009, à savoir : comment réduire considérablement le nombre de partis politiques sans pour autant remettre en cause la liberté d'association garantie par la Constitution ?
Vouloir faire le dialogue sur le système politique en 5 jours – avec des points de discussion qui sont passés de 12 à 40 – me semble irréaliste. Le risque étant de multiplier les points de désaccord.
 
A mon humble avis, certaines questions méritent d'être réglées rapidement (Cour constitutionnelle, bulletin unique, déchéance électorale automatique, simplicité des procédures d'enregistrement des électeurs, etc.), tout comme d'autres, plus complexes, (changement de modèle de gestion électorale, rationalisation du calendrier électoral, chef de l'opposition, les conditions de nationalité du candidat, l'inscription automatique...) exigent une réflexion plus large.
 
Nous ne devrions confondre le dialogue relatif à la réforme/modernisation de la justice et le dialogue sur le système politique.
Ndiaga SYLLA, Expert électoral
 


Moussa Ndongo

Jeudi 29 Mai 2025 - 11:23


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