Face à la crise financière qui secoue le Sénégal, le gouvernement a décidé d’engager une série de réformes visant à mobiliser des ressources financières locales pour soutenir le développement national. Parmi ces mesures, figure une taxe de 20% sur les gains des parieurs sportifs. Depuis le 1er novembre 2025, date d’entrée en vigueur de la décision, à Dakar et sa banlieue, les acteurs du milieu font grincer des dents. Pendant que certains ont revu à la baisse le volume de leurs paris, d’autres prévoient de contourner le système pour des plateformes non légales, là où des gérants des boutiques voient une menace pour leur industrie.
Une taxe qui passe mal chez les parieurs
À Yeumbeul, dans la banlieue dakaroise, Ousmane Senghor, étudiant en philosophie à l’Université Cheikh Anta Diop, exprime sa colère. « Cette décision est une folie de gouvernance. Personnellement, je ne joue pas forcément à ce jeu pour gagner. Ça me permet juste de m’accrocher à un idéal : l’espoir. Même quand je perds aujourd’hui, je me dis que demain, ça peut aller. Si le gouvernement doit nous prélever 20%, c’est qu’il est plus inutile que je ne le croyais », confie-t-il.
Arrêté devant une boutique de la Loterie nationale du Sénégal (Lonase), une cigarette en main, le visage défraichi par l’âge, K.Y., qui a décidé de garder l’anonymat « pour préserver sa famille », s’indigne aussi de la situation. « La taxe est énorme. Les parieurs sont découragés. C’est notre perte. La seule chose qui nous maintien encore dans ce jeu, c’est la passion. Sinon, actuellement, il n’y a aucun profit », se plaint l’octogénaire, avant de jeter le mégot de sa cigarette sur le trottoir.
Au rond-point "Jet d’eau", à Dakar, c’est presque le même sentiment de colère qui anime les acteurs des paris sportifs. « La taxe est trop élevée, ce n’est pas normal. Qu’il élimine cette taxe ou qu’il revoit le pourcentage parce que ces jeux nous aident. Je travaille, mais n’empêche que je joue souvent à ces jeux. Je tente ma chance et parfois, j’arrive à gagner jusqu’à 50.000 Fcfa et pourtant, je ne mise que 1000 FCFA ou 2000 FCFA, maximum. Mais depuis cette taxe, je joue moins qu’avant parce que c’est trop élevé et c’est décourageant. Je me dis que si je gagne un petit 50.000 FCFA, je ne vais percevoir que 35 000 Fcfa », déplore Keba Seydi, le visage suintant de sueur.
De son côté, Amadou Sall, gérant d’un point de jeu, se dit « malheureux » et « stupéfait » de la situation. « J’ai fait plus de 6 voir 7 ans à la Lonase en tant que revendeur. Ma boutique ne désemplissait pas de monde, les parieurs venaient à tout moment miser, mais avec cette taxe, mon business souffre, je vois rarement les parieurs, parce qu’il faut le dire : 20% de taxe, c’est trop élevé ! Je ne suis pas contre le fait de fixer des taxes, mais la façon dont ils s’y sont pris est très brutale", peste-t-il, le visage rivé sur son téléphone qu’il manipule, en l’absence de sa clientèle.
Jouer moins ou contourner le système
Les parieurs de Dakar disent être confrontés à un choix cornélien : réduire leur mise, arrêter de jouer ou contourner le système pour des plateformes non légales, où la taxe des 20% n’est pas appliquée. C’est le cas, par exemple, de K.Y. « La taxe a eu un effet sur mon comportement de jeu. Je mise moins par rapport à la situation avant l’entrée en vigueur des taxes. Et puis, beaucoup de parieurs se sont absentés. On va jouer sur d’autres plateformes où il n’y a pas de taxes. On va parier sur les courses qui se passent en Europe et abandonner le pari sportif du Sénégal. C’est possible », prévient-il.
Habitué des jeux de courses de chevaux, M. Diouf n’entrevoit pas d’abandonner. « Depuis que la taxe est entrée en vigueur, j’ai diminué les jeux. Ce n’est pas encouragent le fait qu’on te prélève 20 % de la somme que tu as gagnée. C’est déplorable. Je n’ai pas arrêté, mais je ne joue plus comme avant », dit-il, avant de prévenir qu’il n’exclut pas de « contourner » le système.
Risque d’extinction des boutiques de paris sportifs
Assise dans sa petite boutique de deux mètres carrés, M. Diock est scotché sur le réseau social Tiktok, avec son téléphone. Il est 11 heures 52 minutes, son dernier client est passé à 9 heures. Depuis lors, le coin qui ne désemplissait pas est particulièrement vide. « Les ventes ont baissé. De nombreux parieurs ont arrêté de jouer, de même que les vendeurs. J’en ai vu 10 à 15. Avant, de 08h à 12h, je pouvais vendre entre 100.000 et 200.000 Fcfa. Mais avec la taxe de 20%, je ne peux qu’avoir 5.000 ou 10.000 Fcfa. Les grands parieurs ont dit niet, ils ont arrêté. Le pourcentage est beaucoup, mais on n’y peut rien. C’est dur pour nous, alors qu’on n'a que ça », se lamente-t-elle.
Une contestation déjà visible
À Kolda, le président des parieurs, Sékou Diallo, tire la sonnette d’alarme. « La taxe est excessive, très dure. Les parieurs sont pour la plupart des retraités ou des chômeurs. Le pourcentage a un impact. Beaucoup de point de vente ont abandonné ou fermé. Certains propriétaires de coins ne peuvent même pas avoir 5.000 F ou 10.000. Pourtant, il n’y a pas de salaires, c’est juste des commissions. Je vouais beaucoup. Mais maintenant, j’ai arrêté. Les parieurs vont se tourner vers d’autres plateformes qui sont plus avantageuses, o il n’y a aucune taxe. C’est une obligation. Personne ne veut perdre. Les chiffres d’affaires nationaux sont carrément à la baisse », analyse-t-il.
Déjà, le 03 novembre 2025, des associations de parieurs avaient décrété un arrêt collectif des mises dans plusieurs villes du Sénégal, notamment à Dakar, Thiès et Ziguinchor. Leur mouvement visait à dénoncer la taxe de 20 % désormais appliquée sur les gains issus des paris sportifs et des loteries.
Une taxe qui passe mal chez les parieurs
À Yeumbeul, dans la banlieue dakaroise, Ousmane Senghor, étudiant en philosophie à l’Université Cheikh Anta Diop, exprime sa colère. « Cette décision est une folie de gouvernance. Personnellement, je ne joue pas forcément à ce jeu pour gagner. Ça me permet juste de m’accrocher à un idéal : l’espoir. Même quand je perds aujourd’hui, je me dis que demain, ça peut aller. Si le gouvernement doit nous prélever 20%, c’est qu’il est plus inutile que je ne le croyais », confie-t-il.
Arrêté devant une boutique de la Loterie nationale du Sénégal (Lonase), une cigarette en main, le visage défraichi par l’âge, K.Y., qui a décidé de garder l’anonymat « pour préserver sa famille », s’indigne aussi de la situation. « La taxe est énorme. Les parieurs sont découragés. C’est notre perte. La seule chose qui nous maintien encore dans ce jeu, c’est la passion. Sinon, actuellement, il n’y a aucun profit », se plaint l’octogénaire, avant de jeter le mégot de sa cigarette sur le trottoir.
« Je vois rarement les parieurs »
Au rond-point "Jet d’eau", à Dakar, c’est presque le même sentiment de colère qui anime les acteurs des paris sportifs. « La taxe est trop élevée, ce n’est pas normal. Qu’il élimine cette taxe ou qu’il revoit le pourcentage parce que ces jeux nous aident. Je travaille, mais n’empêche que je joue souvent à ces jeux. Je tente ma chance et parfois, j’arrive à gagner jusqu’à 50.000 Fcfa et pourtant, je ne mise que 1000 FCFA ou 2000 FCFA, maximum. Mais depuis cette taxe, je joue moins qu’avant parce que c’est trop élevé et c’est décourageant. Je me dis que si je gagne un petit 50.000 FCFA, je ne vais percevoir que 35 000 Fcfa », déplore Keba Seydi, le visage suintant de sueur.
De son côté, Amadou Sall, gérant d’un point de jeu, se dit « malheureux » et « stupéfait » de la situation. « J’ai fait plus de 6 voir 7 ans à la Lonase en tant que revendeur. Ma boutique ne désemplissait pas de monde, les parieurs venaient à tout moment miser, mais avec cette taxe, mon business souffre, je vois rarement les parieurs, parce qu’il faut le dire : 20% de taxe, c’est trop élevé ! Je ne suis pas contre le fait de fixer des taxes, mais la façon dont ils s’y sont pris est très brutale", peste-t-il, le visage rivé sur son téléphone qu’il manipule, en l’absence de sa clientèle.
Jouer moins ou contourner le système
Les parieurs de Dakar disent être confrontés à un choix cornélien : réduire leur mise, arrêter de jouer ou contourner le système pour des plateformes non légales, où la taxe des 20% n’est pas appliquée. C’est le cas, par exemple, de K.Y. « La taxe a eu un effet sur mon comportement de jeu. Je mise moins par rapport à la situation avant l’entrée en vigueur des taxes. Et puis, beaucoup de parieurs se sont absentés. On va jouer sur d’autres plateformes où il n’y a pas de taxes. On va parier sur les courses qui se passent en Europe et abandonner le pari sportif du Sénégal. C’est possible », prévient-il.
Habitué des jeux de courses de chevaux, M. Diouf n’entrevoit pas d’abandonner. « Depuis que la taxe est entrée en vigueur, j’ai diminué les jeux. Ce n’est pas encouragent le fait qu’on te prélève 20 % de la somme que tu as gagnée. C’est déplorable. Je n’ai pas arrêté, mais je ne joue plus comme avant », dit-il, avant de prévenir qu’il n’exclut pas de « contourner » le système.
Risque d’extinction des boutiques de paris sportifs
Assise dans sa petite boutique de deux mètres carrés, M. Diock est scotché sur le réseau social Tiktok, avec son téléphone. Il est 11 heures 52 minutes, son dernier client est passé à 9 heures. Depuis lors, le coin qui ne désemplissait pas est particulièrement vide. « Les ventes ont baissé. De nombreux parieurs ont arrêté de jouer, de même que les vendeurs. J’en ai vu 10 à 15. Avant, de 08h à 12h, je pouvais vendre entre 100.000 et 200.000 Fcfa. Mais avec la taxe de 20%, je ne peux qu’avoir 5.000 ou 10.000 Fcfa. Les grands parieurs ont dit niet, ils ont arrêté. Le pourcentage est beaucoup, mais on n’y peut rien. C’est dur pour nous, alors qu’on n'a que ça », se lamente-t-elle.
Une contestation déjà visible
À Kolda, le président des parieurs, Sékou Diallo, tire la sonnette d’alarme. « La taxe est excessive, très dure. Les parieurs sont pour la plupart des retraités ou des chômeurs. Le pourcentage a un impact. Beaucoup de point de vente ont abandonné ou fermé. Certains propriétaires de coins ne peuvent même pas avoir 5.000 F ou 10.000. Pourtant, il n’y a pas de salaires, c’est juste des commissions. Je vouais beaucoup. Mais maintenant, j’ai arrêté. Les parieurs vont se tourner vers d’autres plateformes qui sont plus avantageuses, o il n’y a aucune taxe. C’est une obligation. Personne ne veut perdre. Les chiffres d’affaires nationaux sont carrément à la baisse », analyse-t-il.
Déjà, le 03 novembre 2025, des associations de parieurs avaient décrété un arrêt collectif des mises dans plusieurs villes du Sénégal, notamment à Dakar, Thiès et Ziguinchor. Leur mouvement visait à dénoncer la taxe de 20 % désormais appliquée sur les gains issus des paris sportifs et des loteries.
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