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Soudan du Sud: à peine signé, l'accord de paix déjà menacé

Au Soudan du Sud, Salva Kiir, qui a signé à contrecoeur l’accord de paix mercredi à Juba, a présenté ce jeudi à la médiation un document officiel listant ses « réserves ». Et ce, malgré un énième ultimatum de l’ONU, et les pressions des Etats-Unis. Le chef des rebelles, Riek Machar, avait lui signé l'accord de paix lundi dernier à Addis-Abeba. La polémique a donc repris, 24 heures à peine après la signature de l’accord, et alors que sur le terrain, les combats continuent.



Un combattant de la rébellion de Riek Machar, à Bentiu, dans l'Etat d'Unité (Soudan du Sud). REUTERS/Emre Rende
Un combattant de la rébellion de Riek Machar, à Bentiu, dans l'Etat d'Unité (Soudan du Sud). REUTERS/Emre Rende

Le document fait état de 16 réserves, présentées par le gouvernement de Juba qui remet en cause plusieurs des points principaux de l’accord. Salva Kiir refuse par exemple de partager le pouvoir de manière collégiale avec son futur vice-président, Riek Machar.

Il rejette aussi les modalités d'administration des Etats d’Unité et du Haut-Nil. Deux Etats dont les gouverneurs devront être choisis parmi les rebelles. Pour le gouvernement, ce n’est ni plus ni moins qu’une « prime à la rébellion » : il réclame 70 % des postes de l'exécutif local dans ces états-clefs. Riek Machar a immédiatement réagi depuis Addis-Abeba : il a dénoncé des propos décourageants qui jettent le doute sur la sincérité de Salva Kiir et sur son engagement à respecter l'accord de paix.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les principales pierres d’achoppement de l’accord portent sur ces deux Etats, qui concentrent l’essentiel des ressources en pétrole du pays, mais aussi les pires violences. Unité et Haut-Nil, « ce sont tout d’abord des Etats pétrolifères, très fortement militarisés, et où les différentes parties du conflit ont une présence, explique Tsedeye Guirma, chargée du programme urgence à l'Unicef. C’est toujours assez difficile à déterminer, dans la mesure où c’est une armée protéiforme. »

Les combats continuent sur le terrain

Les deux parties devraient selon l’accord déposer les armes ce vendredi dans la journée, 72 heures après la signature, alors que des combats continuent sur le terrain. « Pour le moment, il y a toujours des rapports d’affrontements ça et là, notamment dans l’Etat d’Unité, confirme Tsedeye Guirma. Les mouvements sont très fluides. Les changements de comtés évoluent de façon très rapide, mais c’est vrai qu’au niveau des populations civiles, au niveau des personnes qui sont dans le camp de Bentiu  […] il y a une réelle inquiétude et une vraie demande de paix. Il y a une certaine joie. On espère tous que cela va apporter un calme durable, et non une continuation des hostilités. » Dans ce camp, situé au nord de l’Etat, des déplacements de masse de quelque 8 000 personnes depuis le début du mois d’août ont de nouveau augmenté la population, qui atteint désormais les 120 000 réfugiés.

Après sept cessez-le-feu, jamais respectés depuis 2013, le défi va être l'application de la paix sur le terrain. L'ONU a de son côté donné jusqu'à mardi à Salva Kiir pour retirer ses réserves, tandis que les Etats-Unis et l'IGAD, l'organe de médiation régionale, ont rappelé que l'accord devait être appliqué dans son entier.


Rfi

Vendredi 28 Août 2015 - 10:18


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