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(Video)-Ferdinand Coly : "Il y a une pression qui fait que les gens n’en peuvent plus"

Ferdinand Coly se prononce sur la situation sociale du Sénégal. «Les choses deviennent de plus en plus difficiles avec la crise qui explose. Il y a une pression qui fait que les gens n’en peuvent plus». L’international Sénégalais en partance pour Chievo Vérone dans ce mercato fustige les relations heurtées entre la fédération et le ministère des sports et s’insurge contre le fait qu’au Sénégal, l’équipe nationale ne profite pas des dates FIFA. Ferdinand Coly caresse le rêve de devenir un formateur et peut-être bien un entraineur lors de sa reconversion. L’ancien latéral droit et capitaine des Lions du Sénégal va retourner dans le club où il avait été victime d’actes racistes en Italie. Ce morceau est le dernier acte de l’interview exclusive que Ferdinand Coly a accordée à pressafrik.com.



Quelle est votre appréciation de la tension latente entre la fédération et le ministère de tutelle qui rejailli tout le temps sur la tanière, sur notre football ?

Depuis l’Italie, je voyais des articles par le Net, les tensions entre la fédération et le gouvernement. Ce n’est pas possible. On a raté combien de dates FIFA. On a tout cassé à cause de certaines décisions. En football, c’est le terrain d’abord. Les dates FIFA sont faites pour être respectées. Il faut jouer. Si ce n’est pas le cas, les autres s’entraînent et nous avons raté combien de dates FIFA, combien de matches amicaux n’ont pas été joués ? Pour un football comme celui du Sénégal qui a connu des moments de gloire, on est retombé bas. Le résultat est là devant nos yeux.


Quelles devraient être les relations entre la fédération et le ministère selon vous ?

Je ne sais pas du tout, je ne sais même pas comment ça fonctionne. Je sais que c’est le gouvernement qui finance tout, la fédération je ne sais pas quel est son rôle. Il y a quelque chose qui ne va pas, il faut trouver un équilibre où la fédération est autonome, ne dépend plus du gouvernement et gère son propre budget et là, elle sera responsable à 100%. Franchement il y a eu beaucoup de tensions entre la fédération et le ministère des sports et ceux qui ont payé les pots cassés, ce sont les joueurs. Il faut qu’ils comprennent aussi que ce sont des joueurs professionnels. Si ces problèmes-là ne s’arrêtent pas, s’ils font des démarches pour faire venir un joueur, cela va être difficile. Ils (les joueurs) vont se dire voilà encore ils sont en train de se quereller pour une histoire de prime et autre. Vu de l’extérieur, ce n’est pas sérieux par rapport aux clubs professionnels qui sont structurés. Quand on voit une organisation comme cela ça fait mal. Quand vous demandez à vos joueurs de partir dans ce genre de convocation, quand on vous remet la convocation, ils (les dirigeants de club) rigolent un peu et parlent de folklore de machin, ce n’est pas sérieux.
Je ne me suis pas intéressé à ce que fait le comité de normalisation mais à chaque fois, il faut changer quelque chose. Il faut du changement.


Vous avez assisté à la pose de la première pierre de l’Institut Diambars, alors pourquoi les internationaux sénégalais n’ont pas investi dans ce projet ?


C’est vrai que quand tu viens au Sénégal, c’est un peu difficile. Il y a leur famille et beaucoup d’autres choses. Vous comprendrez aussi le problème social. Ce n’est pas facile. Beaucoup de joueurs n’ont pas forcément ce temps là pour penser à ces choses-là. Mais des structures de ce genre au Sénégal, c’est un plus pour le pays, un plus pour la jeunesse. Je connais très bien Saër Seck, Jimmy Adjoviboco, ce qu’ils ont fait ici, c’est une chance pour le Sénégal. Ils sont en train de faire la même chose en Afrique du Sud. Je dois aussi passer là-bas (Mbour) pour leur remettre un maillot afin qu’ils affichent cela. Je pense que c’est une motivation pour les jeunes. Avant de partir, je vais prendre même si c’est cinq à 10mn pour passer là-bas et les voir.


Quelle sera la reconversion de Ferdinand Coly ?


Je vais faire ce qui me plaît. Ce qui me plaît c’est le métier de formateur, je ne pense pas que je serais sur le terrain. Mais, il ne faut jamais dire jamais. Dès fois, on découvre des aptitudes pour faire certaines choses alors qu’on ne pensait pas capable de faire certaines choses. Ça va aller très vite. Face à des difficultés et à la compétition, on découvre très vite des talents cachés. Pour l’instant, je vais me donner un peu de temps pour réfléchir et régler quelques affaires sur le tas. En fait, c’est le temps qui me manque.


Il y a quelques temps on a annoncé que vous seriez intéressé par le poste de sélectionneur de l’équipe nationale. Qu’avez-vous à dire par rapport à cela ?


Rires… j’ai essayé de ne pas trop y croire, mais je suis tombé dessus. On m’a apporté le journal, je ne pouvais même pas parler. Je n’ai jamais rien demandé. C’est marrant mais je pense qu’une équipe nationale ce n’est pas comme cela. Une équipe nationale comme le Sénégal, il faut des entraîneurs compétents qui ont un certain niveau et une certaine expérience. Si jamais, ils doivent m’investir, c’est dans un cadre bien défini et qu’autour d’une équipe, il y a un petit manager qui gère toutes ces relations, ces médiateurs entre les joueurs et le staff, entre le staff et la fédération, entre la fédération et le gouvernement. C’est un gars aussi qui va démarcher certains binationaux. Un gars qui va régler tout ce genre de problème. Ça peut être intéressant mais pour l’instant, j’ai beaucoup de choses à faire.


Vous avez été dans trois championnats différents en Europe. Alors comment avez-vous vécu le racisme en Europe ?


Ben oui ! Je l’ai vécu. C’était un match contre Vérone. J’étais à Pérouse. Cela avait fait beaucoup de bruits. Ils avaient suspendu pour la première fois Vérone et son stade aussi avec une amende. Justement ce jour-là j’avais en face Pape Waïgo et cela a coïncidé avec le centenaire de son club. Pape Waïgo jouait en face de moi et je l’ai chargé. Je pensais que c’était pour moi, mais ses propres supporters le sifflaient. Je pensais que c’était pour moi, mais ce n’était pas le cas, c’était ses propres supporters. Moi cela ne me dérangeais pas, plus ils me sifflaient, plus je jouais. Quand Pape est sorti, ils l’ont encore sifflé. C’était vraiment scandaleux. C’est la première fois que je voyais cela. C’est pour cela d’ailleurs que je porte ce bracelet "Stand up, Speak up" de Thierry Henri qui symbolise la campagne contre le racisme. Heureusement que les dirigeants avaient bien réagi parce qu’ils ont fait une interview sur la Pérouse, sur la Gazetta. Ils se sont vraiment bien réveillés. Ils avaient fait un grand poster de moi dans un journal du week-end qu’ils avaient affiché à l’aéroport de Milan.
Il faut parler du racisme pour le combattre. Je pense que ce sont des bêtises, c’est vraiment être ignorant. Quand tu es en groupe, tu te laisses aller dans certaines provocations.


On dit que vous avez une école de football à Ziguinchor ?


Non non ! Je n’ai pas d’école de football à Ziguinchor. Il y a des gens qui mettent votre nom comme ça, mais moi je n’ai pas d’école de football. Ce n’est pas forcément ce que j’ai envie de faire. Par contre, il y a un club auquel j’aimerai un peu plus m’intéresser. C’est celui de Bignona, mais pour l’instant, je ne sais pas qui fait quoi. En fait, celui qui le gère. Je ne suis pas tellement branché pour le moment dessus. C’est ma mère qui est à Bignona, malheureusement je n’ai pas pu y aller par manque de temps.


Votre commentaire sur la crise sociale au Sénégal.


Je ne vis pas toute l’année ici mais c’est vrai qu’avec la crise qui explose, les choses deviennent de plus en plus difficiles. Il y a une pression qui fait que les gens n’en peuvent plus, c’est difficile de boucler la fin du mois, c’est pour cela qu’il y a des appels au secours. Mais ce sont des périodes difficiles pour tous les sénégalais. Des solutions, il faut les trouver. Il faut essayer de soulager les gens parce que ce n’est pas facile.
Moi la politique n’est pas ma tasse de thé. Je suis apolitique. Si je fais des choses, je le fais moi-même. S’il y a des gens qui veulent se joindre à moi, ça sera avec plaisir mais moi je n’ai pas de tendance.
Je ne peux venir au Sénégal et être insensible par rapport à ce qui se passe. Je ne peux pas être insensible. Tous les jours, il faut aider quelqu’un. Il faut donner même si on ne peut pas tout donner non plus. On ne peut pas passer tout son temps à donner. Dès que vous mettez les pieds dehors, les gens te courent dessus. Ce n’est pas facile. Mais on vit avec dès fois, c’est fatigant. Je me fais toujours discret mais si on fait des actions, je le fais avec ma poche. Je suis en train de préparer quelque chose à Ziguinchor ou à Bignona. Je vais faire des dons à l’hôpital comme cela a été le cas à Albert Royer.


Vous ne nous avez pas encore parlé de vos contacts pour ce mercato ?


Pour le mercato, ils ont parlé d’un club de Vérone. L’histoire se répète là où il y avait les problèmes de racisme. Le Chievo Vérone, c’est le club de mon ancien entraîneur à Parme, ils sont en difficultés cette saison, j’ai eu quelques approches. Mais moi je ne parle pas trop du club parce que tant que tu n’as pas signé, il ne sert à rien. Maintenant quand que tu auras fini de signer ton contrat, tu peux parler.
On a parlé du PSG, en Angleterre, je n’ai pas de contacts, je n’ai pas eu d’approche, il y a plusieurs gens qui sont en train de parler. Tout dépend du challenge et de beaucoup de choses. Pourquoi pas un retour dans le club où j’ai vraiment explosé Châteauroux. Tant que je peux jouer je joue.

Suite et fin de l'interview



Dimanche 4 Janvier 2009 - 20:00


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