Chronique hebdomadaire – Regards croisés d’une Franco-Sénégalaise
Marie Barboza MENDY
Pris en otage par le regard des autres
Quand l’image devient une prison
Nous vivons dans un monde où « exister » semble désormais rimer avec « s’afficher ». La valeur d’une personne se mesure au nombre de likes, à la vitesse d’un partage, à la surface d’un sourire filtré. L’image n’est plus seulement un reflet, elle est devenue une prison.
Les réseaux sociaux nous promettaient la liberté d’expression. Ironie du sort : ils enferment trop souvent dans la tyrannie du regard des autres. On ne vit plus pour soi, on vit pour plaire. On ne partage plus un moment vrai, mais une version polie, retouchée, calibrée. Le naturel disparaît, remplacé par une mise en scène permanente.
Une quête de reconnaissance sans fin
Le problème n’est pas la visibilité en soi, mais l’addiction qu’elle engendre. On guette l’approbation comme on guette une bouffée d’oxygène. Chaque notification devient une dose d’estime, chaque silence un doute, chaque critique une blessure. Et peu à peu, l’image projetée prend le dessus sur l’être réel.
C’est un phénomène qui traverse toutes les générations : des adolescents aux professionnels aguerris, chacun se sent contraint d’entretenir une vitrine numérique impeccable. Pourtant, derrière cette façade, combien se sentent fragiles, incompris, fatigués ?
Briser le miroir pour retrouver le vrai
Il est temps de reprendre souffle. De se souvenir qu’une vie ne se résume pas à une story éphémère. Que l’essentiel n’a pas besoin d’être posté pour exister. Que la valeur d’un être humain ne se mesure ni en vues ni en abonnés.
Briser la dictature de l’image, ce n’est pas refuser le numérique. C’est choisir de l’utiliser autrement. C’est décider que nos visages, nos traditions, nos cultures n’ont pas besoin d’être retouchés pour être beaux. C’est oser la vérité, même si elle dérange.
La vraie reconnaissance
La seule reconnaissance qui compte vraiment ne se trouve pas dans un fil d’actualité, mais dans les regards réels, les gestes d’amour, la fidélité aux valeurs qui nous fondent. Être reconnu, ce n’est pas être applaudi : c’est être soi, pleinement, sans masque, sans artifice.
Alors, peut-être qu’aujourd’hui, la plus grande révolution est là :
oser apparaître tel que l’on est, et non tel que l’on attend de nous.
Marie Barboza MENDY
Chronique hebdomadaire – Regards croisés d’une Franco-Sénégalaise
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