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Trafic de cocaïne en Afrique de l’Ouest : Plus de 642 milliards en poudre

L'Afrique de l'Ouest qui est passé, en l'espace de quelques années, de zone de transit à une zone de consommation et même de production de drogue est devenue un terreau fertile pour les trafiquants de drogue dure. Selon l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), le trafic de cocaïne génère environ 900 millions de dollars, soit plus de 642 milliards F Cfa par an. Suffisant pour que des experts de la CEDEAO en conclave à Dakar, du 19 au 21 novembre, réfléchissent à mettre en place un Mécanisme régional de poursuite judiciaire et à jeter les bases d'un réseau de procureurs et autorités centrales en matière d'entraide judiciaire.



Trafic de cocaïne en Afrique de l’Ouest :  Plus de 642 milliards en poudre
Le trafic de cocaïne en Afrique de l’Ouest génère environ 900 millions de dollars de bénéfice par an. Soit plus de 642 milliards de francs Cfa. Pis, environ 400 millions de dollars récoltés de ce trafic sont blanchis régionalement. C’est Pierre Lapaque, le représentant régional du Bureau de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre qui tire ainsi la sonnette d’alarme sur les menaces dans la sous région.

Pierre Lapaque s’exprimait hier, lundi 19 novembre, à l’ouverture d’une réunion des experts d’Afrique de l’Ouest portant sur la mise en place d’un «Mécanisme régional de poursuites judiciaires en matière de criminalité transnationale organisée» et qui se tient à Dakar, du 19 au 21 novembre 2012. A l’en croire, selon les estimations de l’ONDUC, cela représente «près de 1,3 milliard de pertes pour les économies des pays de la région dans les secteurs de la santé, du travail et autres». Car, de zone de transit, l’Afrique de l’ouest est devenue au cours des dernières années une zone de consommation et même de production de drogue, au vu des dernières découvertes faites dans la région, en particulier au Nigéria et en Guinée en ce qui concerne  les drogues de synthèse.

Dans un autre domaine, « environ 10% des médicaments qui circulent dans la région  sont contrefaits et, comble d’ironie, nuisibles à la santé, avec dans certains pays des pics à plus de 30%!». Et comme si cela ne suffisait pas, le représentant résident de l’ONUDC a révélé que ce sont 10 à 20.000 armes à feu qui ont été introduites dans la sous région à la suite du conflit libyen. A cela s’ajoute plus d’une cinquantaine d’actes de piraterie commis en une seule année! Autant de chiffres qui «donnent une vision sans équivoque de l’impact subi par la région», a-t-il noté.
 
2,4 millions de personnes victimes de traite des êtres humains
 Quid de la traite des personnes ? L’ONUDC estime que la traite des êtres humains fait à elle seule 2,4 millions de victimes à tout moment dans le monde. En atteste, a-t-il souligné, l’actualité rapportant chaque jour le drame de ces migrants qui décèdent en mer, illustrant par là-même de façon cynique cette douloureuse réalité qui endeuille de nombreuses familles. Et que dire des statistiques macabres des victimes collatérales des effets de la contrefaçon des médicaments et surtout de la corruption sur les services sociaux tels que la santé, l’eau potable, les routes et ponts, etc. ? Il s’agit «d’une gangrène qui touche les forces vives de vos pays que, tous ensemble, nous nous devons de combattre avec la plus grande détermination».

Bref, de par l’énorme profit qu’elle génère, relève Pierre Lapaque, «la criminalité transnationale organisée constitue la plus grande menace à la paix, à la sécurité humaine et au développement économique et social». Et d’ajouter que chaque année, le trafic de drogue, la contrefaçon, la traite des personnes, le trafic des migrants, la corruption ainsi que d’autres infractions graves génèrent des profits pharaoniques équivalant à plus de six fois le montant de l'aide officielle au développement, «soit 1,5 % du PIB (ndlr-Produit intérieur brut) mondial ou encore 7 % des exportations mondiales de marchandises».
 
DROGUE ET CONTREFAçON: 1.5% du PIB et 7% des expoRtations dans le monde
 Pierre Lapaque, qui a tout de même salué les efforts faits par certains pays dans la lutte contre la criminalité, a déploré le trop peu de cas de condamnation de groupes criminels démantelés dans le cadre d’une enquête impliquant au moins deux pays. «(…), Toutes ces pratiques criminelles, qui empêchent le développement économique fragilisent le tissu social, hypothèquent la paix et la sécurité et favorisent l’instabilité politique, peuvent et doivent être freinées par l’action de la justice… Je parle de groupes criminels démantelés dans le cadre d’une enquête impliquant au moins 2 pays. Nous savons tous que nous parlons ici de très peu de condamnations et je dirai même trop peu!».

D’où la nécessité d’une «coopération judiciaire plus intense» entre les États, à l’image de la Plateforme de coopération judiciaire pénale des pays du Sahel mise en place à Bamako en 2010 par le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie et le Niger, avec le soutien de l’ONUDC, en vue de lutter plus efficacement contre la criminalité transnationale organisée. «Nous savons tous que la justice est la clé de voûte des institutions nationales. Sans une justice sereine et efficace, dans laquelle les justiciables ont foi, il n’y a pas de structuration sociale solide au plan national et l’État lui-même n’est plus crédible au plan interne et international, vis-à-vis de ses pairs», a-t-indiqué.

Abondant dans le même sens, le ministre de la Justice, Aminata Touré, a invité à une synergie des moyens des pays de la sous région.  «Nous devons alors tous nous mobiliser, mettre davantage en commun nos ressources et nos moyens, pour mener à bien une lutte acharnée et sans répit contre la criminalité organisée».  Car, a signalé le ministre de la justice, «les criminels ont besoin, pour leurs activités criminels, d’espaces pour agir, de frontières pour se protéger, de procédures judiciaires interétatiques lentes et complexes pour s’assurer une totale impunité».
 
Un réseau des procureurs de l’Afrique de l’Ouest en gestation
 Aminata Touré, a averti que, «fonctionnant par relais transfrontaliers, les grands criminels essaient de créer leur propre zone d’action en utilisant la corruption comme arme de persuasion, la menace comme arme de dissuasion». C’est pourquoi, non seulement aucun pays ne peut seul s’attaquer efficacement à ce phénomène et le vaincre définitivement, mais aussi la dispersion des preuves et des prévenus à travers plusieurs Etats et l’existence de dossiers de procédure fractionnée ne contribuent guère à l’efficacité des poursuites, a expliqué le ministre de la Justice.

Awa Nana Daboya, la présidente de la Cour de justice de la CEDEAO à Abuja au Nigéria a annoncé la mise en place d’un réseau des procureurs et autorités centrales en matière d’entraide judiciaire dont le futur mécanisme régional de poursuite judiciaire en discussions actuellement doit jeter les bases. Ce réseau sera l’interface des Etats en matière de justice entre les différents Etats et la Cour de justice de la CEDEAO.

Mieux, a-t-elle martelé, en plus des violations des droits de l’homme dans les Etats membres, ce dernier instrument juridique sous régional sollicite l’extension de ses compétences depuis 2005 sur la criminalité transnationale organisée. Donc la Cour qui a rendu une soixantaine de décisions depuis sa création  veut se doter de compétences en matière pénale.

La rencontre de Dakar qui s’inscrit en droite ligne de la Conférence de Bamako, du 2 au 4 décembre 2011, sur «l’Impunité, la Justice et les Droits de l'Homme en Afrique de l’Ouest», concrétise une des recommandations formulées par ses participants et soutenue par l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), concernant la lutte contre la criminalité transnationale organisée. L’atelier de trois jours réuni des experts venant de 16 pays de l’Afrique de l’Ouest.
 
 
Source : Sudonline


Mercredi 21 Novembre 2012 - 09:48


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